7e
Dimanche 20/A
"Soyez saints, car moi, le Seigneur, je suis
saint", dit Dieu dans la première lecture.
"Le temple de Dieu est saint, et ce temple,
c'est vous", nous dit Paul dans la deuxième lecture.
"Soyez parfaits
comme votre Père céleste est parfait", nous dit Jésus dans l'évangile.
C'est
donc un triple appel à la sainteté que le Seigneur nous adresse.
Instinctivement,
nous sommes portés à penser que la sainteté est réservée à des gens que Dieu
met à part, à des gens qui sortent de l'ordinaire et qui ne vivent pas
comme tout le monde. Certes, il y a en effet des gens que Dieu met à part :
religieux, religieuses. Il y a aussi des gens qui ont beaucoup d'occupations
spécifiquement religieuses : prêtres, missionnaires, laïcs en mission… et bien
d'autres…
Mais
il y a aussi tous les gens qui ont une vie ordinaire, un travail ordinaire
; des gens qui ont une famille ordinaire, des maladies et des joies ordinaires,
des soucis et des préoccupations ordinaires. Bref, il y a des gens ordinaires,
comme vous tous.
Et
bien, cet appel à devenir des saints que Dieu nous adresse aujourd'hui
ne s'adresse pas simplement aux gens à part ; il s'adresse à nous tous dans
notre vie ordinaire de chaque jour.
Même
à nous, les prêtres, qui avons beaucoup d'occupations spécifiquement
religieuses, il nous arrive souvent de nous trouver plongés dans la vie
ordinaire de tout le monde. Quand nous tombons malades et que nous sommes
hospitalisés, nous sommes des malades ordinaires avec d'autres malades
ordinaires, soignés par des médecins, des infirmiers ou des soignantes
ordinaires, (même si leur dévouement est très souvent extraordinaire). Et nous
les prêtres, nous avons bien d'autres occupations qui ne sont pas
spécifiquement religieuses. Car il y a aussi des prêtres ou des religieux qui
sont engagés dans des travaux professionnels ordinaires : dans les éditions,
dans les médias, dans l'enseignement… et en bien d'autres lieux…
Alors,
comme vous, comme tous, nous nous
demandons souvent, nous prêtres, religieux…, comment devenir des saints, dans
cette vie et dans ces tâches ordinaires de tout le monde, dans ce monde
qui semble n'avoir aucune préoccupation religieuse !
Il
y a d'abord la PRIERE !
La
prière des gens ordinaires, c'est d'abord d'être bien convaincus que
Dieu n'est pas simplement présent dans nos églises ou dans nos monastères, mais
qu'il s'intéresse à toutes les occupations les plus simples et les plus
ordinaires de ses enfants.
Il
est là, avec nous, dans le dévouement de cette infirmière ou dans la vie de cet
homme (peut-être incroyant) qui me parle de son travail et de ses
responsabilités, dans le cœur de cette assistante sociale qui fait tout ce
qu'elle peut pour telle ou telle famille en difficulté.
Oui,
dans ce monde ordinaire où Dieu semble n'avoir aucune place, nous
croyons qu'il est présent dans les efforts de dévouement, de solidarité, de
conscience professionnelle et d'amitié.
Alors,
quand on commence à y croire, notre prière s'élargit à tous ceux que nous
côtoyons chaque jour. La prière des gens ordinaires, c'est celle qui
prend en charge tous ceux qui sont comme nous, c'est la prière qui s'enracine dans
la vie ordinaire qu'on mène tous les jours, c'est la prière des simples
gens de l'Eglise visible qui présente à
Dieu la vie des gens de l'Eglise invisible, celle des gens qui n'ont pas encore
pris conscience de leur vocation à entrer dans l'Eglise visible et dont leur
vie, pourtant, s'inspire de l'Evangile.
Et
puis, bien sûr, comme Jésus nous le dit aujourd'hui, vivre en chrétiens dans
la vie ordinaire de tout le monde, c'est vivre dans l'AMOUR DES AUTRES.
Aimer
les autres, c'est les prendre tels qu'ils sont et là où ils en sont, à
l'exemple de Jésus qui nous prend tels que nous sommes et là où nous en sommes ;
c'est les respecter dans leurs convictions profondes, alors même que nous
pouvons nous opposer légitimement à eux dans les idées, les opinions ; c'est
renoncer à la vengeance, leur pardonner, les aimer "quand même", à
l'exemple de Jésus qui ne cesse de nous offrir son pardon.
Progresser
dans cet amour semblable à celui de Jésus pour tous les hommes, c'est
progresser dans la sainteté, c'est devenir de mieux en mieux de vrais fils
de notre Père qui est dans les cieux.
Dans
la sainteté ordinaire, il y a aussi souvent l'EXPERIENCE DE LA SOUFFRANCE, physique ou morale, comme Jésus l'a
faite : la souffrance qu'on ne peut plus supporter, qui vous prend tout entier,
qui vous rend incapable de penser à quoi que ce soit d'autre. On comprend
alors à quel point on n'est qu'un pauvre homme ordinaire, pas plus courageux
que les autres.
Etre
chrétien, être saint, ce n'est pas forcément être plus fort, plus héroïque que
les autres. La sainteté ordinaire, ce n'est pas affaire d'héroïsme,
c'est affaire de persévérance, c'est affaire de confiance en Dieu quoi qu'il
arrive
"Soyez parfaits, comme votre Père céleste est
parfait". Oui, la sainteté n'est pas réservée à une élite. La
sainteté, c'est une voie ouverte à tous. C'est laisser entrer en nous Jésus et
son évangile ; c'est nous laisser évangéliser, transformer par l'Esprit de
Jésus. Tous les événements, petits ou grands, de notre vie familiale ou
professionnelle, voyons-y des appels de Dieu à mieux aimer, à être plus
attentifs aux autres, à être plus fidèles dans toutes nos tâches ordinaires,
et avec le sourire si possible.
Soyons
saints, non pas des héros, non pas des saints extraordinaires, mais des saints ordinaires,
dans la vie ordinaire de chaque jour. Tel est le vrai chemin de la paix
et de la joie. C'est pour cela que Dieu nous y appelle.
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