lundi 24 février 2020

Sainteté


7e Dimanche 20/A
           
"Soyez saints, car moi, le Seigneur, je suis saint", dit Dieu dans la première lecture.
"Le temple de Dieu est saint, et ce temple, c'est vous", nous dit Paul dans la deuxième lecture.
"Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait", nous dit Jésus dans l'évangile.

C'est donc un triple appel à la sainteté que le Sei­gneur nous adresse.

Instinctivement, nous sommes portés à penser que la sainteté est réservée à des gens que Dieu met à part, à des gens qui sortent de l'ordinaire et qui ne vivent pas comme tout le monde. Certes, il y a en effet des gens que Dieu met à part : religieux, religieuses. Il y a aussi des gens qui ont beaucoup d'occupations spécifi­quement religieuses : prêtres, missionnaires, laïcs en mission… et bien d'autres…

Mais il y a aussi tous les gens qui ont une vie ordi­naire, un travail ordinaire ; des gens qui ont une famille ordinaire, des maladies et des joies ordinaires, des sou­cis et des préoccupations ordinaires. Bref, il y a des gens ordinaires, comme vous tous.

Et bien, cet appel à devenir des saints que Dieu nous adresse aujourd'hui ne s'adresse pas simplement aux gens à part ; il s'adresse à nous tous dans notre vie ordinaire de chaque jour.

Même à nous, les prêtres, qui avons beaucoup d'occupations spécifiquement religieuses, il nous arrive souvent de nous trouver plongés dans la vie ordinaire de tout le monde. Quand nous tombons malades et que nous sommes hospitalisés, nous sommes des malades ordi­naires avec d'autres malades ordinaires, soignés par des médecins, des infirmiers ou des soignantes ordinaires, (même si leur dévouement est très souvent extraordi­naire). Et nous les prêtres, nous avons bien d'autres oc­cupations qui ne sont pas spécifiquement religieuses. Car il y a aussi des prêtres ou des religieux qui sont en­gagés dans des travaux professionnels ordinaires : dans les éditions, dans les médias, dans l'enseignement… et en bien d'autres lieux…

Alors, comme vous, comme tous, nous  nous demandons souvent, nous prêtres, religieux…, comment devenir des saints, dans cette vie et dans ces tâches ordinaires de tout le monde, dans ce monde qui semble n'avoir aucune préoc­cupation religieuse !

Il y a d'abord la PRIERE !
La prière des gens ordinaires, c'est d'abord d'être bien convaincus que Dieu n'est pas simplement présent dans nos églises ou dans nos monastères, mais qu'il s'intéresse à toutes les occupations les plus simples et les plus ordinaires de ses enfants.
Il est là, avec nous, dans le dévouement de cette infirmière ou dans la vie de cet homme (peut-être incroyant) qui me parle de son travail et de ses responsabilités, dans le cœur de cette assistante sociale qui fait tout ce qu'elle peut pour telle ou telle famille en difficulté.

Oui, dans ce monde ordinaire où Dieu semble n'avoir aucune place, nous croyons qu'il est présent dans les efforts de dévouement, de solidarité, de conscience professionnelle et d'amitié.

Alors, quand on commence à y croire, notre prière s'élargit à tous ceux que nous côtoyons chaque jour. La prière des gens ordinaires, c'est celle qui prend en charge tous ceux qui sont comme nous, c'est la prière qui s'enracine dans la vie ordinaire qu'on mène tous les jours, c'est la prière des simples gens de l'Eglise visible  qui présente à Dieu la vie des gens de l'Eglise invisible, celle des gens qui n'ont pas encore pris conscience de leur vocation à entrer dans l'Eglise visible et dont leur vie, pourtant, s'inspire de l'Evangile.
Et puis, bien sûr, comme Jésus nous le dit au­jourd'hui, vivre en chrétiens dans la vie ordinaire de tout le monde, c'est vivre dans l'AMOUR DES AUTRES.

Aimer les autres, c'est les prendre tels qu'ils sont et là où ils en sont, à l'exemple de Jésus qui nous prend tels que nous sommes et là où nous en sommes ; c'est les respecter dans leurs convictions profondes, alors même que nous pouvons nous opposer légitimement à eux dans les idées, les opinions ; c'est renoncer à la vengeance, leur pardonner, les aimer "quand même", à l'exemple de Jésus qui ne cesse de nous offrir son pardon.

Progresser dans cet amour semblable à celui de Jésus pour tous les hommes, c'est progresser dans la sainteté, c'est devenir de mieux en mieux de vrais fils de notre Père qui est dans les cieux.

Dans la sainteté ordinaire, il y a aussi souvent l'EXPERIENCE DE LA SOUFFRANCE, physique ou morale, comme Jésus l'a faite : la souffrance qu'on ne peut plus supporter, qui vous prend tout entier, qui vous rend in­capable de penser à quoi que ce soit d'autre. On comprend alors à quel point on n'est qu'un pauvre homme ordinaire, pas plus courageux que les autres.

Etre chrétien, être saint, ce n'est pas forcément être plus fort, plus héroïque que les autres. La sainteté ordinaire, ce n'est pas affaire d'héroïsme, c'est affaire de persévérance, c'est affaire de confiance en Dieu quoi qu'il arrive

"Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait". Oui, la sainteté n'est pas réservée à une élite. La sainteté, c'est une voie ouverte à tous. C'est laisser entrer en nous Jésus et son évangile ; c'est nous laisser évangéliser, transformer par l'Esprit de Jésus. Tous les événements, petits ou grands, de notre vie familiale ou professionnelle, voyons-y des appels de Dieu à mieux aimer, à être plus attentifs aux autres, à être plus fi­dèles dans toutes nos tâches ordinaires, et avec le sou­rire si possible.

Soyons saints, non pas des héros, non pas des saints extraordinaires, mais des saints ordinaires, dans la vie ordinaire de chaque jour. Tel est le vrai chemin de la paix et de la joie. C'est pour cela que Dieu nous y ap­pelle.

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