mercredi 26 février 2020

Au désert !


Mercredi des Cendres

En ce mercredi des Cendres, nous sommes comme "poussés" au désert
- Comme les Hébreux pour parvenir en "Terre promise",
- Comme le Christ lui-même avant sa vie apostolique venu nous conduire vers la vie divine…

Selon les textes bibliques, ce n’est pas nous qui allons au désert, mais c’est Dieu qui nous y conduit ; comme Jésus y fut conduit, fut poussé au désert par l’Esprit pour la retraite de 40 jours qu’il fit après son baptême dans le Jourdain.

Nous sommes conduits et poussés au désert pour nous retrouver sous le regard de Dieu, mieux qu’au milieu des distractions (les "divertissements", disait Pascal) du monde en lequel nous sommes plongés.
Il est bon de nous retrouver nous-mêmes en toute loyauté. Dieu ne nous  pousse pas au désert en violant en nous une liberté qu’il a lui-même créée et dont il est plus jaloux que nous. Il nous invite au désert
- pour retrouver au contraire une liberté bien souvent entravée par nos convoitises, nos "accaparements" si divers,
- pour retrouver cette limpidité du regard qui vient de la pureté du cœur qui n’est plus "éclaté" dans la diversité, mais unifié dans le principal.

Principalement chez le prophète Osée, Dieu se présente comme un époux jaloux, éperdument amoureux ; et qui ne se résigne pas à ce que nous perdions le bonheur que Lui seul peut nous donner. "C'est pourquoi, dit Dieu je vais la séduire (cette épouse qu'est le peuple Israël), je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur". (Os 2.1)
Il y a un jeu de mots intraduisibles : "midbar" – "dibarti" !  "midbar", au désert, "dibarti", je parlerai
Ce jeu de mots souligne que c’est dans le désert qu’on est le mieux pour écouter la voix de Dieu qui veut parler cœur à cœur à chacun d'entre nous - riche ou pauvre , clerc ou simple fidèle -. La parole divine ne résonne pas toujours dans les éclairs et le tonnerre comme au temps de Moïse, sur le mont Sinaï. Mais plus souvent, comme au temps d’Elie, dans un souffle doux et léger,  dans - faudrait-il traduire - " dans l'éclatement d'un silence, dans une poussière de silence".

On peut se souvenir encore d'un texte de Jérémie (20.7-9) :  "Tu m'as séduit, Seigneur Dieu, et je me suis laissé séduire; tu m'as maîtrisé, tu as été le plus fort. …
Je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom; mais c'était en mon cœur comme un feu dévorant, enfermé dans mes os. Je m'épuisais à le contenir, mais je n'ai pas pu". 

L’amour que Dieu a pour nous sait parfois employer la manière forte. Ce verbe "séduire" est employé aussi quand Dieu s’en prend à un prophète qui renâcle devant la mission dont il a été chargé.

Aujourd’hui laissons-nous conduire au désert. Qu’elle que soit la méthode employée par Dieu, c’est celle qui nous convient le mieux, car c’est lui qui nous connaît et nous aime le plus. Il sait comment s’y prendre envers chacun sans nous tenter au-dessus de nos forces.

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