vendredi 28 février 2020

Pas de formalisme !


Vendredi après Cendres

Dans le bref Evangile d'aujourd'hui, Jésus remet en place ceux qui se scandalisent de voir que certains  ne pratiquent pas les observances que l’on faisait de son temps. Il semble que Jésus leur reproche finalement de se mêler de ce qui ne les regarde pas ;  et il fait observer -comme le disait si bien Qohélet (ou l'Ecclésiaste), qu’il y a un temps pour tout. (cf. Qo 3)
                                                                                                                                                                                                               
Pour éclairer notre évangile, on peut reprendre  une application de Jésus lui-même, que rapporte St Luc  : "Deux hommes montèrent au Temple pour prier ; l'un était Pharisien et l'autre publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : "Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain ; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j'acquiers".
Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant : "Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! "
Je vous le dis : ce dernier descendit chez lui justifié, l'autre non.  Car tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé."  (Lc 18, 10 -14)

Avec une lucidité qu'auraient pu envier Karl Marx et certains moralistes modernes, Jésus montre que, de fait, la pratique religieuse peut devenir "l'opium du peuple" (pur formalisme) ou un moyen de rassurer la conscience en évitant de la promener sur des fautes beaucoup plus graves qu’on commet envers Dieu et dans nos relations avec les autres.

Jésus ne disait-il pas encore : " Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la  miséricorde et la bonne foi  ; c'est ceci qu'il fallait pratiquer, sans négliger cela".  (Mt 23.23)

Ce n’est pas un hasard que l’Evangile d’aujourd’hui ait été choisi en ce début de Carême pour nous mettre en garde contre le formalisme que peut recéler l’observance religieuse.

      Quelques siècles avant Jésus, le prophète Isaïe avait réagi contre ce formalisme religieux  d’une manière qui pourrait actualiser les dénonciations de ce formalisme en le concrétisant r d'une manière encore plus percutante.

Il est certes bon de jeûner, d’en faire une pratique collective ;  mais que cette pratique ne serve pas de paravent derrière lequel on continue à pratiquer l’injustice et la violence.
Quel est le jeûne qui plaît à Dieu ? Certainement pas celui qui nous éviterait de faire les vraies réformes, celles qui rétablissent l’harmonie et la paix. "Heureux les artisans de paix, ils seront appelés Fils de Dieu".

La mondialisation dont on parle beaucoup actuellement - "l'esprit universel" - entraîne souvent de terribles injustices. On ferme des usines pour de simples motifs d’intérêts économiques ; et les délocalisations permettent de trouver de la main d’œuvre moins chère en des pays où on accélère la production en surmenant des travailleurs réduits en esclavage.
Tout cela, on ne veut pas trop y penser. Tout est subordonné aux intérêts égoïstes.

Quel est donc le jeûne qui plaît à Dieu ?
"N'est-ce pas plutôt ceci, le jeûne que je préfère : défaire les chaînes injustes ; délier les liens du joug ; renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs ? 
N'est-ce pas partager ton pain avec l'affamé, héberger chez toi les pauvres sans abri ; si  tu vois un homme nu, le vêtir, ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair ?"? ( Is 58.6-7) 


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