5ème dimanche T.O. 20 A
St
Matthieu présente Jésus comme le nouveau Moïse :
- le
baptême reprenait le passage de la mer rouge ;
- le séjour
au désert, celui de l’exode ;
- le
discours sur la Montagne est la proclamation de la Nouvelle Loi donnée au
nouveau Peuple de Dieu, l’Eglise !
Et dans
cette nouvelle Loi, il nous est dit aujourd’hui : “Vous êtes la lumière du monde !”
St Jean,
lui, a une autre version : avec
insistance, il met dans la bouche de Jésus : “Je suis la lumière du monde”. Non
pas : “Vous êtes la
lumière”, mais : “Je suis...”.
Y
aurait-il contradiction, opposition ? Non pas ! Car il convient d’écouter la Parole de Dieu en polyphonie,
si je puis dire, prêtant l'oreille à l'harmonie des divers instruments que
peuvent être les évangélistes au service d'une même partition : l'annonce de
la Bonne Nouvelle.
Il est
vrai que St Jean aime situer Jésus,
Verbe de Dieu, comme la lumière qui luit dans les ténèbres et que les ténèbres
ne peuvent saisir. Et il invitera plusieurs fois ses auditeurs à contempler
Jésus comme “lumière”, mais lumière qui dévoile, qui révèle, un Autre : son
Père et notre Père. Jésus est lumière qui éclaire, lumière jaillissante
comme l'aurore (lsaïe 1.lec) qui
renvoie non à lui-même, mais à un Autre, son Père.
Et si St
Matthieu fait dire à Jésus non pas “Je
suis...”, mais “Vous êtes la lumière du monde”..., c’est pour souligner une même
mission : “Vous qui êtes mes disciples, je vous appelle à être à ma suite
lumière, une lumière qui ne renvoie pas à elle-même mais à un Autre, une
lumière qui renvoie à la source”.
Ainsi pour
les deux évangélistes, une lumière n'est pas destinée à s'éclairer elle-même
mais elle permet de désigner un au-delà d'elle-même. Une lumière qui se
donnerait à se voir elle-même aveuglerait. Une telle lumière est alors stérile,
un peu comme du sel qui perd de sa capacité de donner de la saveur à un plat, à
autre que lui.
Oui,
disciples du Christ, notre mission est semblable à la sienne : montrer
Dieu, Père ! “Montre-nous le
Père, disait Philippe à Jésus, et
cela suffit” ! Etre lumière du
monde, lumière qui montre Dieu et lumière pour les hommes.
Encore
faut-il être véritable lumière ! Il est des lumières qui aveuglent et
d'autres qui éclairent. Il est des images qui enferment et d'autres qui libèrent.
Il est des personnes, des communautés qui aveuglent et qui enferment et
d'autres qui éclairent et qui libèrent.
Ainsi,
l'Eglise dont nous faisons partie, n'est pas là pour elle-même - c’est important de dire cela -, mais pour éclairer simplement. Elle n'est pas là pour
conquérir, ni assimiler le monde à elle-même.
La lumière
ne transforme pas les meubles en lumière mais elle les fait apparaître pour ce
qu'ils sont avec leur forme et leur couleur.
Elle ne
leur donne ni forme, ni couleur, car elle n'a elle-même ni forme ni couleur.
Elle ne
fait que révéler aux objets leur forme et leur couleur, elle les fait
apparaître dans leur beauté propre.
Mieux, si
la lumière est seule, personne ne peut savoir qu'elle est là. Si elle n'éclaire
pas des molécules de matière ou des objets, la lumière du soleil est invisible
et n'empêche pas les ténèbres. !
Ainsi,
l’Eglise doit être toute relative à ce qui n'est pas elle, à ce qui ne sera
jamais elle, à ce qui s'oppose à elle.
L'Eglise
apporte le salut au monde en faisant apparaître, par sa lumière, la réalité
propre de chaque être : image de Dieu.
Elle n'est
pas le groupe privilégié des sauvés dans un monde damné. Elle n'est pas une
secte d'illuminés dans un monde de ténèbres.
Elle doit
être lumière pour tout homme qui vient en ce monde ! Ainsi, chaque chrétien doit se laisser
éclairer lui-même par la lumière qu'il porte et qui ne vient pas de lui pour
transmettre cette lumière afin que tout homme soit éclairé… le plus possible,
révélé à lui-même et devant Dieu et devant ses frères.
Oui, c’est
une belle image instructive, que celle
de la lumière, Lumière qui révèle le Père en révélant aux hommes qu’ils sont
véritablement aimés de Dieu.
Remarquons
encore que la lumière ne sélectionne pas parmi les couleurs ni parmi les formes
celles qu'elle révélera. “Votre Père fait
luire son soleil sur les bons et les méchants.”, disait Jésus.
Certes,
l’Eglise, les chrétiens portent en eux des valeurs, des richesses qu’ils ont découvertes
grâce à la lumière tout au long des siècles et qu’ils découvrent encore,
telles : le respect de toute vie, le respect de la liberté de conscience, etc.
Mais avant
de les enseigner, la qualité de leur lumière est celle d’une charité
universelle envers tout homme aimé de Dieu et animé de Dieu par
l'intérieur, aimé de Dieu jusqu'à la mort et la mort de la croix, comme le
rappelle St Paul dans la seconde lecture.
“Vous êtes la lumière du monde”… La lumière de l'Église et du chrétien consiste donc à
couronner chaque homme - et
ceux-là même que nul ne remarquerait - de cette
importance qui vient du regard de Dieu sur lui et de l'Esprit de Dieu en lui.
Cette lumière es destinée à enrichir d’une multitude de richesses, tel le rayon
de soleil à travers un prisme.
“Vous êtes lumière du monde… !” Une lumière qui vient
de Dieu et qui provoque à regarder vers Dieu.
Une
lumière qui n’est pas destinée à s’établir ici et maintenant, mais dans le cœur
d’un Dieu qui nous rassemble visiblement afin d’être lumière de
l’Invisible !
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