Saint Joseph - 1er
Mai
Pris par plusieurs occupations, je n'ai pas eu le
temps de préparer une homélie à proprement parler !
Pourtant, il nous faut bien échanger un mot
d'admiration et de joie en cette grande fête de St Joseph, lui qui, par son
silence, est le grand modèle du contemplatif, du priant... ! Le
silence de Joseph !
Remarquons que Marie, elle aussi, est une âme de
silence, parce que "adorante" devant le Fils de Dieu devenu, par
elle, fils d'homme ! A part son "Magnificat", les évangiles ne nous
transmettent d'elle que quelques paroles. Et il est bon de souligner en ce
temps pascal qu'au moment de la résurrection de Jésus - événement pourtant si
extraordinaire et capital -, l’évangile ne dit rien de la Vierge Marie !
Elle est en silence ! Non pas, certes, étrangère à ce mystère, mais en
silence ! Silence de communion, d'adoration.
C’est que Dieu enseigne souvent par des paroles,
mais aussi par des silences.
C’est à l’intelligence que la parole
s’adresse ;
c’est à l’âme que Dieu veut communiquer son Amour.
Et l'amour, lui, peut se nourrir de silences qui
parfois disent beaucoup plus que la parole. Oui, l’amour réclame souvent le
silence.
Le silence de Marie est un silence d’amour !
Le silence de Joseph est un silence d'amour !
Le silence de Marie et de Joseph les unit fortement
devant le mystère d'un Dieu qui naît à Noël dans un silence d'amour pour tous
les hommes !
C'est dans le silence que l'on peut
véritablement écouter et donc accueillir !
L’homme de notre temps est constamment assailli par
d’innombrables impressions optiques et acoustiques extrêmement excitantes, et
cela à un degré tel qu’il n’est plus capable de voir juste ni de bien entendre.
Tellement habitué au bruit, il le recherche lui-même par divers moyens et
instruments sonores : paroles, musiques… le sollicitent sans arrêt ;
il ne sait plus ou tendre l’oreille.
A l’homme ainsi débordé s’applique fort bien la
parole d’Isaïe : “Tu as vu beaucoup
de choses, sans y faire attention ; ayant les oreilles ouvertes, tu n’as
rien entendu“ (Is.42.20).
Le prologue de la règle de St Benoît, avec grande
sagesse, commence par cette monition : “Osculta,
o fili… Ecoute, ô mon fils, les préceptes de ton Maitre et tends l’oreille
de ton cœur“.
Toute faute commence par un manque d’écoute.
Ce fut le premier péché : “Le
Seigneur appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? ». Il
répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin… et je me suis
caché… »“. (Gen 2.9). Et, dans la
Bible, le contraire de “prêter l’oreille“,
c’est d’“avoir la nuque raide“. On se
raidit pour ne pas entendre ! C'est
bien connu !
A la base de toute relation avec Dieu, il y a la
volonté de l'écouter, d'écouter sa Parole, d’aller chez Lui “en
audience“ !
- Pour le peuple de l’Ancienne Alliance (et pour nous aussi), la toute première des
exigences divines, celle qui contient toutes les autres, est énoncée par le
célèbre “Shema“, “Ecoute“, qui est en
même temps la confession de foi et la prière préférée du Judaïsme : “Ecoute Israël ! Le Seigneur, notre
Dieu, est le seul Seigneur !“ (Dt 6.4).
- Pour les chrétiens, c’est le jour de la
Transfiguration que le Père, de façon solennelle, leur a intimé leur devoir
essentiel à l’égard de son Fils incarné : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis ma complaisance ;
écoutez-le !". (Mth 17.5 ; Mc
9.7 ; Lc 9.35 ; cf. Dt 18.15)
- De même, il est bien significatif que le
Christ, notre unique Maître (Mth 23.8),
ait inauguré son ministère public par la parabole du semeur, introduite,
d’après St Marc, par cet appel préalable : “Ecoutez !“ (Mc 4.3) et
conclue, chez les trois Synoptiques, par ces mots : “Entende, qui a des oreilles pour entendre !“. Aussi, nous dit
St Luc : “Faites donc attention à la
manière dont vous entendez !“ (Lc 8.18).
Le salut s’obtient donc par la foi ! Et la foi
ne naît ni de la réflexion, ni de la discussion, encore moins de la
contestation ; elle “vient de la Parole entendue“ : “La foi naît de la prédication et la prédication se fait par la parole
du Christ“ (Rom. 10.17).
Souvent, on a du mal à faire silence. St Dominique
souhaitait que l'on observe le silence en amoureux de la beauté spirituelle, et
non comme des esclaves sous la Loi.
Il faut faire l'expérience du silence. Faire
l'expérience que Dieu peut se révéler dans un léger souffle comme pour Elie : "dans l'éclatement d'un silence".
Cette expérience du silence peut être plus efficace que tous les rappels à
l'ordre. Il faut avoir le goût du silence sans lequel il n'y a pas de
méditation de la Parole de Dieu. On se tient en silence et alors, on entend : "Que fais-tu ici ?" comme il fut
dit au prophète : "Que fais-tu ici,
Elie ?" (I Rois 19.9). Chacun est
ainsi interpellé par son nom et on reste en silence devant cette interpellation.
Chacun retrouvant son rapport vertical avec Dieu, les relations au plan
horizontal, les "partages" ne peuvent que s'améliorer.
"Les âmes de
prière, disait Mère Térésa, sont des
âmes de profond silence… Il faut nous habituer au silence de l'esprit, des
yeux et de la langue. Impossible de trouver Dieu dans le bruit et l'agitation.
Regardez les arbres, les fleurs, l'herbe, toute la nature, ils ne croissent que
dans un profond silence… Toutes nos paroles deviennent inutiles si elles ne
viennent pas du fond du cœur. Les paroles qui ne donnent pas la lumière du
Christ augmentent l'obscurité".
Aussi, en ce jour, on peut formuler à St Joseph
cette belle prière que Marthe Robin adressait à Notre Dame :
O Saint Joseph,
"donne-moi,
donne à tous de comprendre la grande valeur du silence dans lequel on entend
Dieu.
Apprends-moi
à me taire pour écouter la Sagesse éternelle.
Apprends-moi
à tirer du silence tout ce qu'il renferme de grand, de surnaturel, de divin.
Aide-moi à en
faire une prière parfaite, une prière toute de foi, de confiance et d'amour, une
prière vibrante, agissante, féconde, capable de glorifier Dieu et de sauver des
âmes !"
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