31
Mai - Visitation !
Dernièrement, le 26 Mai, le pape François a
rendu visite en une paroisse de la banlieue de Rome, la paroisse Ste
Elisabeth-Zacharie. C'était à l'occasion de la "Première Communion"
de quelques enfants ! - Aussi, s'est-il adressé à eux dans un style -
question-réponse - tout-à-fait catéchétique, prenant appui sur l'évangile qui est
celui de la fête d'aujourd'hui !
Il a d'abord évoqué une attitude de La
Vierge Marie souvent soulignée : à peine a-t-elle reçu la grande nouvelle
qu'elle serait la "Mère de Dieu", aussitôt, avec hâte, Marie se rend
chez sa cousine Elisabeth qui, elle aussi, attend un enfant. On dirait
qu'elle n'a qu'une préoccupation : porter aux autres le Fils de Dieu qu'elle
porte en elle. Loin de rester dans une adoration silencieuse et profonde comme
beaucoup de sculpteurs, de peintres l'ont représentée, elle va se mettre
"au service", comme son Fils le recommandera très souvent par la
suite en donnant lui-même l'exemple : "Je
ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir !" (Mth 20.28).
Elle ne se fait aucune considération
d'atermoiement, se disant par exemple qu'Elisabeth a certainement autour d'elle
des amies pour l'aider, que sa présence n'est quand même pas urgente... etc.
Non ! Elle part aussitôt et "en hâte".
C'est la conséquence logique de la condition chrétienne : dès qu'on reçoit
Dieu, qu'on le porte d'une manière ou d'une autre, on l'annonce, on le
"porte" aux autres, l'amour de Dieu et l'amour du frère se conjuguant
tellement ensemble, comme à l'envie !
Ainsi Marie accourt près de sa cousine.
C'est toujours l'attitude première de Marie, précisait le pape aux enfants.
Marie est notre Mère ; et elle vient toujours en hâte lorsque nous en avons
besoin. Et le pape de souhaiter que l'on ajoute dans les litanies de Notre-Dame
cette invocation : "Notre Dame qui
accourt, priez pour nous !". Oui, Marie accourt toujours ; elle
n'oublie pas ses enfants. Et lorsque ses enfants sont dans la difficulté, la
peine, le besoin et l'invoquent, elle accourt. Avoir notre "Mère"
toujours à proximité, à nos côtés doit nous rassurer : "Notre Dame qui accourt, priez pour nous !"
Et le pape d'ajouter très rapidement une
autre considération qui m'a un peu amusé parce que psychologiquement,
humainement tellement vraie :
Marie arrive chez Elisabeth ; elle ne se
met pas en avant, elle se vante pas ni en paroles ni en attitudes. Elle ne
dit pas à sa cousine : "Maintenant que je suis là, c'est moi qui prends
les affaires en main, qui commande parce que je suis quand même non seulement
ta cousine, mais la "Mère de Dieu !". - Elle ne fait pas comprendre
aux autres femmes venues aider Elisabeth que, depuis son arrivée, elles
deviennent désormais quasiment inutiles, tout en les remerciant vivement, bien
sûr ! Dom Delatte, dans son commentaire sur la règle, analysait l'attitude de
cet "ego haïssable", cet "ego" qui signifie : "Je m'aime beaucoup moi-même ; il n'y
a guère que moi pour moi ! Il y a chez moi une grande ardeur d'affirmation
personnelle ; j'appartiens à corps perdu à mon système, c'est-à-dire à mes
illusions. Et comme je ne suis pas seul au monde et qu'il y a autour de "moi"
une multitude d'autres "moi" qui me limitent et prétendent me
réduire, mon zèle devient facilement une ardeur d'impatience, de colère, de
contestation, de révolte : 'zelus amaritudinis malus' !" ("un mauvais et amère zèle"), dit la règle de St Benoît
(ch.
72).
Marie est tout le contraire de cette
attitude
: parce qu'elle porte le Fils de Dieu en elle, elle se soucie - par pure
disponibilité à la grâce de Dieu-Père - de transmettre l'Esprit du Fils de
Dieu devenu son Fils !
Et comme au sein de la Trinité,
l'Esprit-Saint est le lien indissoluble, le nœud vivant et le baiser éternel du
Père et du Fils, c'est Lui encore qui nous attache au Fils de Dieu, et, par
Lui, au Père !
C'est lui qui établit entre nous des unions
surnaturelles. Esprit de communion - cette "communion
dans l'Esprit" disait St Paul (Ph. 21) qu'il nous faut "conserver" (Eph. 4.3) -, il ne cesse de répandre le don
suprême de la charité dans les cœurs - "L'amour de Dieu, dit encore St Paul (Rm 5.5), a été répandu dans nos cœurs par le Saint
Esprit" -. Il nous rassemble tous en son unité - "Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit", dit encore
l'apôtre -.
Aussi, présentant le Fils de Dieu qu'elle va
engendrer, Marie devient, de ce fait, un "agent de circulation" de
son Esprit qui est déjà et sera comme l'âme de l'Eglise (Concile Vatican
II - Ad gentes n° 4 - "De Ecclesia n° 8). Comme elle n'aura de cesse de présenter son
Fils, Marie n'aura de cesse de communiquer cet Esprit qui anime l'Eglise. En ce
sens déjà, elle est Mère de l'Eglise !
Et c'est en regardant Marie que l'on peut
comprendre que toute autorité véritablement chrétienne, ecclésiale - dont la
source est le Christ lui-même, dit St Benoît -, ne peut être que
spirituellement maternelle à l'exemple de Marie. Avoir autorité, même très
minime -, c'est avoir finalement la charge de "communiquer" l'Esprit
Saint, de sorte que tout responsable, quel qu'il soit, puisse dire non pas : "moi, j'ai décidé...", mais
puisse affirmer en toute vérité comme les apôtres : "Nous et l'Esprit, avons décidé..." (Act. 15.28).
C'est bien en cette circonstance qu'il faut
prier, et prier Marie comme le pape François nous y invite : "Notre Dame qui accourt, priez pour nous !"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire