jeudi 1 novembre 2018

TOUS les SAINTS

Toussaint 18

Dans une ancienne tradition biblique du livre de Tobit, le fils de ce grand croyant dit à Sara, sa fiancée : "Sara, lève-toi et prions Dieu avant de nous unir par le mariage", car dit-il "nous sommes les enfants des saints ; et nous ne pouvons pas nous unir comme on le fait dans les nations qui ne connaissent pas Dieu !". (Tob 8.4sv selon trad Crampion)

"Nous sommes les enfants des Saints" ! C'est un peu ce que l'Eglise nous dit aujourd'hui !
Elle nous invite à nous souvenir de "ceux qui nous ont précédés marqués du signe de la foi et qui dorment dans la paix" !
Elle nous invite à nous souvenir que c'est d'eux - parents, ancêtres - que nous avons reçu et la vie et aussi la foi.
Elle nous invite à reconnaître en eux des fragments de la sainteté que l'Esprit Saint suscite dans l'humanité tout au long des siècles.
Nous sommes invités à contempler la trame de sainteté divine  dans tout le tissu de notre humanité !

"Nous sommes les enfants des Saints" !
Car la sainteté que nous fêtons aujourd'hui n'est pas seulement cette sainteté si légitimement reconnue en ceux qui furent les grands serviteurs de l'Eglise, en ceux dont l'action et l'enseignement ont changé la face de l’Eglise et celle du monde lui-même.
Nous célébrons également la sainteté au quotidien, la sainteté tout ordinaire.

En célébrant cette fête de tous les saints, connus ou inconnus, l'Eglise nous invite à nous souvenir - si je puis dire - de la première "cérémonie de béatification" qui ait eu lieu : celle que Jésus lui-même célèbre dans ce sermon sur la montagne où il nous donne la liste des bienheureux :
"Bienheureux les pauvres,
Bienheureux les assoiffés de justice,
Bienheureux les artisans de paix,
Bienheureux ceux qui pardonnent... ".
Bienheureux, saints sont-ils, tous ceux-là !

Il est vrai que dans la pratique, les chrétiens ont eu du mal à entendre ce message de Jésus. Tout au long des siècles, ils ont eu tendance à ranger dans la catégorie des saints et des bienheureux
d'abord les seuls martyrs,
ensuite seulement les évêques et les moines, puis les religieuses.
Ce n'est que relativement tard que l'on s'est avisé que la sainteté fleurissait également dans la vie courante des gens ordinaires autant que dans les couvents et les cathédrales.

Certes, Jésus considère comme bienheureux
tous ceux qui furent des champions de la foi,
mais également ceux qui, dans leur vie tout ordinaire, ont répondu à l'appel de Dieu : "Soyez saints comme moi, le seigneur votre Dieu, je suis Saint !" (Lev 19.2),
ceux qui se sont battus pour la justice et ont eu à en souffrir,
ceux qui ont travaillé à réconcilier des ennemis,
ceux qui ont eu un cœur droit,
ceux qui ont su utiliser leur argent pour le bien commun sans avarice ni accaparement...
Voilà ceux que Jésus proclame bienheureux, saints !

Cette fête montre que les chrétiens n'ont rien de spécial à faire. Leur terrain d'action est le même que celui des autres hommes. C'est le "tous terrains"  de la vie quotidienne, le terrain de la vie familiale, du travail, des affaires, de l'engagement politique, social, associatif... etc...

Certes, Jésus nous enseigne, en insistant fortement, que la pratique de la prière, la méditation de la Parole de Dieu, de l'Evangile, la fréquentation des sacrements sont les moyens extraordinaires pour que nous parvenions à réaliser, dans la vie de tout le monde, la volonté de Dieu, notre Père, qui est notre sanctification et celle du monde.

Cependant - sachons-le - d'autres, qui ne sont pas nécessairement des “piliers de cathédrales”, parviennent à réaliser cette volonté du Père : Bienheureux les pauvres, les cœurs purs et droits, les pacifiques, les doux …  La puissance de la grâce de Dieu dépasse le cadre étroit de nos églises visibles ; elle est catholique, universelle.

Bien plus, nous croyons que l'Esprit Saint est assez puissant pour susciter la perfection même parmi ceux qui ne professent pas la foi chrétienne, n'ayant pas eu, comme nous, l'occasion ou plutôt la grrâce de connaître le Christ ! Ce fut la première expérience de l'apôtre Pierre lui-même appelé à se rendre chez le Centurion Corneille à Césarée, tout au début de la vie de l'Eglise !

Aussi, rendons grâce à Dieu pour la grâce particulière que nous avons eu de recevoir l'Evangile et de bénéficier de l'aide de nos frères, de nos ancêtres chrétiens pour avancer vers la réalisation de cette volonté du Père des cieux que Jésus nous révèle, notre sanctification : "Nous sommes les enfants des Saints" !, disait le jeune Tobie !

Ainsi donc, en ce jour de la fête de tous ces saints anonymes, venus de tous les horizons, qui nous ont tant aidés à connaître le Christ, célébrons avec grande foi l'Eucharistie en laquelle certains ont puisé les forces immenses dont ils avaient besoin pour vivre authentiquement leur vie chrétienne d'hommes et de femmes, de jeunes ou d'enfants. L’Eucharistie est une force de sainteté que trop souvent nous ignorons ou délaissons trop facilement.

En partageant le pain que Dieu nous donne, nous aurons la force de poursuivre notre route et d'aider nos frères, chrétiens ou non, à poursuivre la leur. Notre idéal est de transformer ce monde pour en faire le Royaume de Dieu, un Royaume de paix, de justice et d'amour, un Royaume en lequel circule déjà la vie divine, une vie de sainteté, celle de Dieu.. "Soyez saints comme moi, le seigneur votre Dieu, je suis Saint !" En écoutant la Parole de Dieu, nous trouverons une lumière supplémentaire pour vivre autrement ce que tout le monde vit tous les jours.

Oui, chaque fois que nous célébrons ce mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, pour que nous sachions accueillir la Vie de Dieu en notre existence, nous proclamons activement notre attente du jour où il viendra inaugurer son Royaume, c'est-à-dire éclairer pleinement notre existence de sa sainteté.
Puissions-nous, ce jour-là, y trouver notre place avec tous les Saints que nous fêtons aujourd'hui. 

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