dimanche 25 novembre 2018

Roi de Vérité !


 Christ-Roi 2018/B

Si nous pouvions, ne serait-ce qu'un instant, à la manière des saints, vraiment ressentir la scène que l'évangile d'aujourd'hui nous rapporte, nous ne saurions plus que penser tant elle est émouvante, déconcertante.
           
Jésus, le seul vraiment saint, juste, innocent, qui n'a dit que la vérité, qui n'a fait que le bien, le voilà tra­duit devant le gouverneur romain comme un coupable mépri­sable. Bientôt, il sera condamné au supplice de la flagellation, avant d'être conduit à la crucifixion. Et c'est à ce moment-là que Jésus, avec une force souveraine, affirme qu'il est roi !
De même, c'est devant la cour haineuse du Grand-Prêtre, au moment où tout va basculer pour le perdre, qu'il ose s'attribuer la fameuse prophétie de Daniel qui fait de lui le Messie attendu, dont la place est à la droite du Tout-Puissant.
           
C'est au moment où tout semble perdu, où il est comme écrasé, que le Christ affirme ce qu'il n'avait jamais encore dit clairement : il est le Messie, il est vrai­ment le Roi de justice et de paix, dont David et Salomon étaient les ancêtres et qui doit, enfin, faire régner éter­nellement la vérité sur la terre.
L'énormité de la prétention, à laquelle personne ne comprend rien, est en­core soulignée par les circonstances accablantes que traverse Jésus.
           
Jean médite et il se souviendra aussi de l'épisode du couronnement d'épines où les soldats se livrent à une odieuse parodie en s'inclinant devant celui qu'ils appellent le "Roi des Juifs", alors qu'il est complètement écrasé par la souf­france et l'humiliation. Voilà notre Roi ! Voilà la logique terrible du péché et la réponse indicible de l'amour : "Je suis né et venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix".

Jésus proclame la vérité et nous voyons à quel point la vérité est exigeante : c'est précisément parce qu'il dit la vérité qu'il va mourir, car, bien souvent, les hommes ne la supportent pas.
Proclamer la vérité ! On peut penser à tous ces martyrs de tous les temps ; On peut penser à toutes ces missions impossibles comme celle de la petite voyante de Lourdes en face de tous ses contradicteurs, ou celle de Jeanne d'Arc en face de ses juges ;
On peut penser à ces prisonniers politiques modernes, à tous ceux qui luttent avec désintéressement pour arracher leurs frères à l'esclavage, à l'ignorance, à la misère. Tôt ou tard, ils seront avertis, menacés, inquiétés.
La vérité est une force vivante qui dérange toujours, c'est le don de l'Esprit-Saint lui-même : ."Toute vérité, écrivait St Ambroise, quelle que soit la bouche qui la prononce, vient de l'Esprit-Saint !"
           
Toute vérité vient de l'Esprit-Saint, donc de Dieu; tout mensonge conscient doit être rattaché à celui que Jésus appelle "le père du mensonge".  La vérité nous in­troduit dans le monde de la réalité divine qui est éternelle ; le mensonge, dans le monde de l'illusion, de la fo­lie et de la mort.
           
Il n'y a que la vérité qui intéresse Dieu. Il ne connaît, contrairement aux hommes, aucune étiquette, aucune classification toute faite. Et Jésus propose la vérité à tous, riches et pauvres, Juifs ou païens, percep­teurs corrompus ou pécheurs de tous acabits… Pour lui, seul compte le cœur qui s'ouvre à la vérité. "Celui qui appartient à la vérité écoute ma voix !". Admirable parole qui va se vérifier de manière étonnante à travers Za­chée, Marie-Madeleine, le bon larron ! etc...
           
Il faut qu'elle se vérifie en chacun de nous!
           
Oui, il nous faut marcher dans la Vérité, "marcher dabs la lumière", comme dit encore St Jean dans sa première lettre si admirable : "Marchons dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière" (I Jn 1.7). Dieu est Vérité, Dieu est Lumière. Et nous marchons dans la Vé­rité, dans la Lumière quand nous posons des actes qui sont conformes à Dieu qui est Vérité, Lumière. Alors, nous imitons Dieu. Et, en marchant dans la Lumière, dans la Vérité, nous tendons à l'unité de notre vie, nous sommes en train de nous faire à l'image de Dieu, en imitant Dieu qui est UN.

Et cette conduite, cette marche dans la Vérité a des conséquences visibles, insoupçonnées. Remarquez ce que St Jean écrit. Il ne dit pas : Si nous marchons dans la Lumière comme Dieu lui-même est dans la Lumière, nous sommes en communion avec Lui". Il n'écrit pas cela. Mais il dit : "Si nous marchons dans la Lumière comme Lui-même est dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres".

Ce qui fait l'unité d'une Communauté chrétienne, paroissiale, ce qui fait l'unité de l'Eglise, ce n'est pas un je ne sais quel élan fraternel plus ou moins authentique, exprimé de façon plus ou moins sentimentale ; c'est cet effort de tous pour faire la Vérité en accomplissant la volonté de Dieu-Vérité. Ce qui fait notre fraternité, c'est cette obéissance prompte qui nous modèle à Dieu, Lumière, Vérité. Voilà la véritable Communion entre chrétiens (la "Communion des Saints"). Et c'est en cela que les Communautés chrétiennes ont quelque chose d'original. En étant conformes à la grâce reçue au baptême, nous rejoignons les autres qui en font autant.

Nos Communautés chrétiennes ne sont pas des sociétés juridiques pus ou moins bien organisées et unies par je ne sais quelle sensibilité ; elles sont une polarisation des cœurs, une conni­vence des volontés, une convergence progressive des manières de juger et d'apprécier. Et à la source de cette communion fraternelle, il y a "le sang de Jésus qui nous purifie de tout péché" :"Nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus nous purifie de tout péché" , ajoute l'Apôtre. Voilà bien pourquoi la Ré­demption du Christ est l'acte fondateur de sa Royauté.
           
Ainsi, suivre Jésus, aimer le Christ, ce n'est pas autre chose que de chercher la Vérité en toute chose. C'est simple, mais également très difficile. C'est très simple parce que la vérité est très simple, et c'est difficile parce que nous ne sommes pas simples. Il faut, pour cela, devenir comme des enfants, c'est à dire rece­voir ce que nous ne trouverons pas par nous-mêmes. Seuls ceux qui se laissent enseigner par l'Esprit du Christ peuvent manier le "glaive de la vérité" avec douceur et humilité.
           
Une des plus belles paroles de la littérature spirituelle est ce mot de Thérèse de l'Enfant-Jésus, le jour même de sa mort : "J'ai cherché la vérité ; et je crois savoir ce que c'est que l'humilité !". Elle ne dit pas qu'elle a cherché la gloire de Dieu, la sainteté, le salut des âmes ou autre chose. Elle dit qu'elle a cherché la vérité, parce que la vérité contient tout.
           
Et comme Thérèse d'Avila, elle voit clairement que la vérité va avec l'humilité et que rien n'est plus contraire à la vérité que la plus petite trace d'orgueil. L'orgueil va de pair avec le mensonge, avec le monde de l'Ennemi, le monde de la destruction et du néant.

Soyons sûrs que Dieu fait tout concourir, comme dit St Paul, au bien de ceux qu'il aime. Toutes les paroles bibliques, tous les événements de notre vie, tout spécialement les épreuves, que tout permette au Sang du Christ de nous faire découvrir et aimer la vérité de plus en plus. Notre vie et celle du monde en dépendent.      

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