samedi 10 novembre 2018

Armistice - Paix !


11 Novembre 2018  

- Prière pénitentielle
En ce jour d'anniversaire  d'une Armistice, il y a un siècle,
je vous invite à prier pour la paix
la paix dans le monde, la paix en notre pays
la paix en nos communes, la paix en nos familles,
la paix en nous-mêmes, en chacun de nous.

Qu'il est difficile de gagner la paix ! Plus difficile peut-être, que de gagner une guerre !

Qu'il est difficile d'être prophète de la paix !
Si je lève le doigt vers un avenir gonflé d'espoirs, certains vont me traiter d'idéaliste ;
et si je baisse mon regard sur le présent écrasé d'échecs, d'autres me taxeront de défaitiste.
- Seigneur, donne-moi le courage d’être, là où je vis, prophète de la paix au risque d’être parfois incompris !

Qu'il est difficile de croire que la paix est entre mes mains ! Et pas seulement entre les mains des stratèges et des super-grands.
Car, chaque jour, par ma façon de me comporter avec les autres, plus que par un défilé ou un manifeste, je prends parti pour ou contre la paix.
- Seigneur, donne-moi la lumière pour découvrir les vraies racines de la paix, celle que toi seul peut donner.

Qu'il est donc difficile d'accueillir l'Évangile de la Paix !
A l'Ouest comme à l'Est, dans une jungle de fauves aux dents de fusées et de bombes, comment faire comprendre que perdre son âme est encore plus dangereux que de laisser toutes les richesses du monde ?
- Seigneur, donne-moi la force d’être de ceux qui puisent la sève des Béatitudes de l’Evangile pour mieux briser la spirale infernale de la violence qui tente de tout accaparer! 

Toucher à la paix, en n'importe circonstance de notre vie, c'est plus que toucher à un problème, c'est même plus que toucher à l'homme, c'est toucher à Dieu, à Celui que St Paul nous présente, le Christ : “C’est lui, dit-il, qui est notre paix : de ce qui était divisé, il a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation : la haine”  (Eph 2, 14)
- Seigneur, apprends-moi à gagner là Paix



- Homélie 
Nous sommes réunis dans un devoir de reconnaissance pour tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour nous, en des moments difficiles de notre histoire, il y a un peu plus d'un siècle. C’est un devoir à la fois humain et spirituel.
Nous venons de célébrer la fête de tous les Saints. Or, nous espérons bien que tous ceux qui ont donné leur vie - "Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie…", disait Jésus (Jn 15.13) - sont avec Dieu. S’ils sont avec Dieu, ils sont en “communion” avec nous !

Aussi, en grande union avec eux, nous devons également prolonger le don qu’ils ont accompli en donnant leur vie…

Pour cela, il nous faut prier et agir. Agir et prier tout à la fois, en même temps ! Car la (notre) patrie n’est pas une abstraction, mais une réalité bien charnelle. C’est elle qui permet à chacun d’assurer les nécessaires relais entre les divers groupes d’une même Communauté humaine, dans l’espace plus ou moins défini d’un peuple, d’une nation. 

La fidélité à l’appartenance nationale est importante. - Elle semble être défiée (dit-on) par les légitimes appels aux solidarités de plus en plus pressantes au niveau soit européen, soit mondial. Mais St Jean écrivait : “Celui qui prétend aimer Dieu qu’il ne voit pas et n’aime point son frère qu'il voit se trompe” (I Jn 4/20). On peut également dire qu’il trompe et se trompe celui qui prétend aimer les peuples lointains avec lesquels il ne vit pas et qui n'aime pas ses compatriotes si divers soient-ils et auxquels il  se frotte chaque jour. On ne peut servir son pays par saccades, aux grandes occasions de son histoire ; il faut aimer dans le creux de la grisaille de la vie quotidienne. C’est de notre responsabilité ! A la suite de ceux qui ont donné leur vie pour nous !
             
Naguère, au sortir de la dernière guerre, un européen des premières heures (Stanislas Fumet) écrivait : Sachons d’abord regarder notre pays. “La personne France, c’est quelqu’un de bien vivant qui bâtit Chartres et dessine Versailles, qui parle de soi comme Pascal et qui prie comme Bossuet, qui rit comme Molière et ricane comme Voltaire. Cette terre est paysanne, bourgeoise, artisane, cuisinière, laïque et ecclésiastique…
Vous direz qu’elle est compliquée. Non, elle est complète. C’est une personne qui a eu le temps d’accumuler beaucoup de choses ; elle a eu des siècles pour les trier, pour classer les récoltes de sa culture, en faire des plats nombreux et distincts”.
Oui il nous faut agir avec un regard respectueux des diverses richesses de notre pays.
             
Agir et prier  pour la France, c’est voir tout cela d’en haut, avec le regard de Dieu qui brasse, embrasse tout d’un seul geste d’amour miséricordieux. Prier pour la France, c’est nous demander où nous en sommes de la tendresse "familiale" que doivent exprimer les Français entre eux pour ne point se jeter à la figure quelques mottes de soupçon ou d’intolérance.
             
Peut-être que l’unité d’une nation se révèlent plus facilement à ceux qui lèvent les yeux vers Dieu, Père de tous les hommes sans distinction. C’est ainsi que, naguère, le pape Jean-Paul II soulignait que la foi elle-même peut être une force pour nourrir et fortifier le tissu toujours fragile d’une nation. Et cela est d’autant plus nécessaire que tout semble exprimer, aujourd’hui, la précarité, l’incertitude, voire l’angoisse d’hommes et de femmes, de jeunes, qui se replient dans l’éphémère et manquent d’appétit pour le futur, de goût pour la vie.
                 
Sur la pente souvent savonnée par la peur, l’essoufflement des hommes et des idées peut faire craindre les pires abandons.

Que cette messe nous rappelle que tout au long de son histoire et souvent sous le souffle de l’Esprit Saint, notre pays a suscité des hommes qui poussent à sortir d’une logique paresseuse ou fatale, a suscité des prophètes d’espérance, des résistants aux forces de mort qui ne cessent de gronder.
Et où, mieux qu’au cœur d’une Eucharistie, le chrétien peut-il rencontrer le vainqueur de la mort, de toute mort, celui qui, pour toujours, a mis l’histoire sous le signe absolu de la Résurrection ?

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