25e
Dimanche du T.O. 18/B
Tandis que Jésus annonçait : "Le Fils de l'homme sera livré aux
mains des hommes", les disciples discutaient entre eux pour savoir qui
était le plus grand !
Contraste saisissant entre cette préoccupation sordide
des disciples et cette perspective de la croix pour Jésus. Tandis qu'ils se
demandent auquel d'entre eux est réservée la première place, le Christ
se prépare à prendre la toute dernière.
Alors Jésus fait venir au milieu
d'eux un enfant : "Celui qui
accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille".
St Matthieu est plus explicite : "Celui
qui se fait petit comme cet enfant, voilà le plus grand dans le Royaume des
cieux". (Mth
18.4).
On accepte facilement cette parole
de Notre Seigneur en notre temps qui accorde beaucoup d'importance à
l'enfant - importance que soulignait, par exemple, Victor Hugo : "Lorsque l'enfant paraît, le cercle de
famille applaudit à grands cris".
- L'enfance, c'est la nostalgie
d'une période sans soucis.
- L'enfance, c'est la gaieté, la
spontanéité, l'exubérance de vie. Et la souffrance d'un enfant - surtout si
elle est causée par l'homme - est un scandale.
- L'apparition de l'enfant
transforme l'amour d'un couple en faisant de deux époux un père et une
mère. Merveille ! Et cette apparition de
l'enfant nous apparente à Dieu-Créateur !
Mais les Anciens - et surtout dans la civilisation
juive - soulignaient
davantage les
défauts de
l'enfant : son
inconscience parfois cruelle, son inconstance, ses désirs capricieux, son
audace facilement téméraire, sa franchise proche de l'insolence, son
ignorance…, bref son immaturité.
Ni le Christ, ni le Nouveau
Testament dans son ensemble, n'ignorent cette ambiguïté de l'enfance.
Notre Seigneur voulant exprimer un
jugement sévère sur les gens de sa génération, dira : "A quoi ressemblent-ils ? Ils ressemblent à ces enfants assis sur
une place et qui s'interpellent les uns les autres…". (Lc 7.12).
Et St Paul situera nettement
l'enfance, en tant que telle, dans sa vérité d'imperfection :
"Lorsque j'étais
enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant.
Une fois devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était le propre de
l'enfant" (I
Co. 13.11).
Pour l'Apôtre, notre vie présente,
avec sa connaissance limitée, est comparable à un état d'enfance,
au regard de l'éternité
où, connaissant
alors comme nous sommes connus, nous serons pour ainsi dire dans l'état adulte…
Et le
livre
des Proverbes avait été encore plus net : "Quittez la sottise de l'enfance, et
vous vivrez !" (9.6).
Aussi vaut-il mieux chercher
l'explication de la parole de Notre Seigneur non d'après les qualités ou
défauts de l'enfant (sujet très discutable), mais plutôt d'après sa situation radicale et
inévitable d'un être justement imparfait, incomplet.
Alors, l'enfance apparaît
inévitablement comme un temps de dépendance, de croissance et de formation.
1.
Dépendance. -
L'enfant ne peut se suffire à lui-même; sa survie ne peut être assurée
que par d'autres. En cela, l'enfant est l'image vivante de la condition de
créature face au Créateur. Comme l'enfant reçoit l'être et la vie de ses
parents, ainsi la créature reçoit-elle de Dieu "la vie, le souffle et toute le reste" (Actes
17/25). -
N'est-ce pas la grande tentation de
l'homme que de refuser cette dépendance, de se croire autonome ? Et peut-être
aujourd'hui plus qu'hier, parce que les progrès de la science étourdissent
l'homme du 20e s., l'empêchant d'accepter cette attitude primordiale
de dépendance. Le refus de cette dépendance n'est-il pas la cause du premier
comme de tous les péchés.
Pourtant, le Christ, Dieu parmi les
hommes, est l'exemple vivant de cette dépendance filiale à l'égard de son Père
? Sans doute, en lui, nous faut-il "renaître d'en haut" (Cf. Jn 3.1-16) et accepter cette dépendance
d'"enfant de Dieu" pour participer véritablement à la propre
filiation du Christ et pouvoir dire comme lui : "Abba, Père". ?
2.
Croissance -
L'enfance est aussi croissance ; et cela irrésistiblement. Nos sciences
l'affirment : l'enfance, stade nécessaire, doit être aussi un stade dépassé
sans retour et sans regret, sinon l'adulte sera un éternel enfant. Mais qui dit
croissance dit exigence, effort, discipline, mutation.
Grandir, c'est, là encore, un aspect
essentiel de la vie chrétienne.
St Paul le dit en
toutes ses lettres ;
nous devons "grandir dans le
Christ" (Ephes 4/15), "grandir
dans la foi" (2 Thes 1/3), dans l'amour et la connaissance de
Dieu (Col 1/10),
et cela de plus en plus : "nous vous
engageons à faire des progrès de plus en plus" (1
Thes 4/10) jusqu'à ce
que nous parvenions tous ensemble… à l'état adulte, à la taille du Christ dans
sa plénitude.( Cf Eph 3/19-Col 2/9-10 etc). C'est pour cela que le Christ nous
a comme "plantés" telles des plantes nouvelles.
Portons-nous des fruits nouveaux
pour le Royaume de Dieu?
La vie chrétienne, comme la vie
naturelle, ne peut être qu'une exigence de croissance et de tension vers un
état spirituel adulte qui nous assimile au Christ !
3. Formation - L'enfant est essentiellement celui qui ne
sait pas, qui doit apprendre, être initié à la vie, à ses exigences, être formé
à la liberté et à la responsabilité ; il doit accepter d'avoir sa volonté
forgée, son jugement formé, sa conscience éclairée et son intelligence meublée.
En cela encore, il peut et doit être
l'image de notre vie dans le Christ et de notre relation à Dieu. Le croyant est
celui qui accepte d'être instruit par Dieu, donc de ne pas tout savoir, de ne
pas être capable de tout juger. Le croyant, c'est celui qui est capable de s'en
remettre à un plus grand que lui - le Christ -, à un plus sage que lui, à un
plus savant que lui. Sans doute est-ce cela "recevoir le Royaume comme un
enfant".
Dépendre,
grandir, apprendre. Trois aspects de nos vies chrétiennes que l'évocation
de l'enfant nous rappelle.
Puissions-nous
comme nous le demande le Christ, devenir vraiment des enfants sous ce triple
aspect. -
Prions :
Que Dieu nous donne une âme d'enfant qui nous fera accéder au Royaume du Père.
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