mardi 3 mai 2016

Voir et faire voir !

Sts Philippe et Jacques - 3 Mai  2016

Pendant des siècles, Sts Philippe et Jacques ont été fêtés au 1er mai, jour où leurs reliques furent transférées dans la basilique romaine des Douze apôtres. C'est en 1955 que, Pie XII ayant instauré la solennité de St Joseph travailleur au Ier Mai, leur fête fut transféré au 3 Mai.

Philippe était de Bethsaïde, comme André et son frère Pierre. Avec André, il fut l'un des premiers à qui Jésus demande : "Suis-moi !". Il le suivit ; et vite, il évangélise Nathanaël : "Nous avons trouvé le Messie... viens et vois !" (Jn 1. 45-46). Peu avant la Passion, des Grecs qui veulent voir Jésus, s'adressent à lui : "Nous voulons voir Jésus." (Jn 12. 20). Et au soir de la dernière Cène, c'est Philippe lui-même qui veut voir Dieu : "Montre-nous le Père et cela nous suffit. - Philippe qui me voit, voit le Père", lui répond Jésus. (Jn 14.8). Philippe est bien le disciple qui veut voir et fait voir... !  Puissions-nous lui ressembler !

Jacques est moins connu. Les exégètes distinguent plusieurs Jacques autour du Seigneur. Jacques le Majeur, fils de Zébédée et frère de Jean. Jacques fils d'Alphée dont on sait seulement qu'il fut apôtre, et celui-ci, Jacques, "frère" du Seigneur, c'est-à-dire de sa parenté et originaire de Nazareth. Il aurait dirigé l'Église de Jérusalem à la demande expresse de Jésus si l'on en croit St Jérôme et St Epiphane (?!).

Il fut favorisé d'une apparition spéciale du Sauveur ressuscité dont St Paul se fait l'écho, et dans laquelle, selon St Clément d'Alexandrie, lui fut communiqué de manière particulière le don de science.
En effet, évêque de Jérusalem, il jouit d'un prestige particulier et d'une autorité considérable :
- C'est à lui que St Pierre veut que l'on annonce d'abord sa délivrance après son emprisonnement.
- C'est lui qui contrôle la doctrine et la mission de Paul ;
- C'est lui qui, au concile de Jérusalem, résume le discours de Pierre et règle ce qui doit être observé lors de la conversion des païens ;
- C'est encore chez lui que Paul, lors de son dernier voyage à Jérusalem, rend compte de sa mission..
- Enfin, selon la tradition, il serait l'auteur de la "Lettre de St Jacques".

L'historien juif Flavius Josèphe et Eusèbe de Césarée mentionnent son martyre par lapidation, près du temple. On dit que le dernier coup porté contre lui le fut avec un foulon. Aussi est-il souvent représenté avec cet instrument de son supplice.

Si l’on ne sait pas grand chose du culte que l’on rendit primitivement à St Philippe, en revanche, on sait que l’on montrait à Jérusalem, au 4ème siècle, la chaire épiscopale de St Jacques. Et au 6ème siècle, une église de Jérusalem passait pour avoir été construite sur l’emplacement de sa maison.

Les traces du culte des Sts Philippe et Jacques semblent assez tardives en France... Pour la petite histoire, on sait qu'au 17ème siècle, près de Paris, dans le quartier misérable du Roule, une chapelle était consacrée à St Jacques. Erigé en faubourg en 1722, ce quartier du Roule qui était alors "de tous les faubourgs de Paris (…) le plus négligé et le plus malpropre" fut peu à peu nettoyé, puis transformé par la construction de beaux hôtels dont celui de la marquise de Pompadour qui, on le sait, deviendra le palais de l’Elysée ! Puisse le premier évêque de Jérusalem inspirer les habitants de cette illustre demeure !

Plus sérieusement, la fête de ces deux apôtres doit nous aider à prendre conscience des appels du Seigneur. Certes, nous ne pouvons nous comparer aux Douze apôtres, mais il n’en demeure pas moins que le Christ, par notre baptême, (consécration religieuse), a fait de nous des témoins de la Bonne Nouvelle du salut. Cette Bonne Nouvelle, cet Evangile, comme nous le rappelle St Paul (lecture), nous l’avons reçu tout comme les Corinthiens. Aussi, fêter. les Apôtres, c’est toujours revenir aux racines de notre foi pour être renouvelés dans notre appartenance au Christ et faire grandir l’authenticité de notre témoignage.

Et tout apôtre, quel qu'il soit - simple baptisé - doit entrer dans une démarche de foi. Car seule la foi nous permet de reconnaître en Jésus "le chemin, la vérité, la vie" (Cf. Evangile) qui finalement résume bien la Bonne Nouvelle du Salut que l’apôtre est chargé d’annoncer.
- Annoncer que Jésus est bien le "chemin", seul capable de nous mettre en relation avec le Père :
- Annoncer que Jésus est "vérité", cette vérité qui manifeste en plénitude l’amour du Père pour tout homme ;
- Annoncer que Jésus est "vie" parce que seul capable de nous transmettre la Vie même de Dieu !

On comprend alors cette parole de Jésus adressée à Philippe : "Qui me voit, voit le Père". Jésus renvoie au Père, Jésus conduit au Père car il ne fait qu’un avec le Père comme le Père ne fait qu’un avec lui. Cette mutuelle immanence du Père dans le Fils et du Fils dans le Père ne peut être reçue que dans la foi. Voilà pourquoi Jésus exhorte Philippe à croire : "Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi" -  "Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi". Ce qui revient à croire en la divinité de Jésus, Fils du Père.

Et Jésus de préciser l'efficacité de cette foi : "Amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père !".

Que veut dire Jésus par cette affirmation : accomplir de plus grandes œuvres que lui ?
Certes, dans le livre des Actes des apôtres, nous voyons que "beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient par les mains des Apôtres". (Ac 2,43) : guérisons multiples et même résurrections...
Certes, au cours des siècles, beaucoup d'hommes et de femmes, ayant cru en Jésus, ont accompli de grandes œuvres... Combien de Saints on fait des merveilles. Pensons tout simplement à St Siméon Berneux que nous avons fêté récemment en notre diocèse, en notre région !

Mais il ne s'agit pas ici d’opérer des miracles encore plus prodigieux que ceux de Jésus. Non, Jésus veut dire qu’une fois ressuscité et exalté à la droite du Père, celui qui mettra sa foi en lui pourra mener à leur accomplissement les signes qu’il a annoncés dans l’évangile : "donner la vie aux croyants" (Jn 17,2),
- Etre avec Jésus "chemin" qui conduit au Père :
- Etre avec Jésus "révélateur" de l’amour du Père pour tout homme ;
- Etre avec Jésus médiateur de la Vie même de Dieu !
St-Augustin avait raison d'affirmer en commentant la phrase de Notre Seigneur : "C’est une œuvre plus grande de faire d’un pécheur un juste, que de créer le ciel et la terre ; le ciel et la terre passeront, mais le salut et la justification des hommes demeureront à jamais !".

La condition pour accomplir l'œuvre de Dieu, c'est donc la foi. Et la foi, c'est "être en Jésus", si je puis dire, comme Jésus "est dans le Père" !
Aussi, pour terminer, je vous transmets le grand désir de Mère Térésa au soir de sa vie - un texte que j'ai reçu dernièrement avec gratitude - :
"Je veux vous dire combien Jésus a d'amour pour chacun d'entre vous, au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Je m'inquiète de ce que certains d'entre vous n'aient pas encore vraiment rencontré Jésus seul à seul : vous et Jésus seulement. Nous pouvons certes passer du temps à la chapelle ; mais avez-vous perçu - avec les yeux de l'âme - avec quel amour il vous regarde ? Avez-vous fait vraiment connaissance avec Jésus vivant, non pas à partir de livres - ce qui est souvent occasion d'un orgueil vraiment mal placé -, ...avez-vous fait vraiment connaissance avec Jésus vivant pour l'avoir hébergé dans votre cœur ? Avez-vous entendu ses mots d'amour ? Demandez sa grâce : il a l'ardent désir de vous la donner. Tant que vous n'écouterez pas Jésus dans le silence de votre cœur, vous ne pourrez pas l'entendre dire "J'ai soif" dans le cœur des pauvres...".

Entendre ce cri d'amour de Jésus pour soi-même et pour tout homme : "J'ai soif !". Entendre ce cri et y répondre !  Voir l'amour de Dieu, voir et le faire voir, comme Philippe !

Seigneur, daigne nous accorder, à l’exemple de tes Sts apôtres Philippe et Jacques, de garder nos cœurs sans cesse tournés vers toi pour t’offrir ceux vers qui tu nous envoies afin que notre témoignage auprès d’eux puisse porter un fruit de salut pour la vie éternelle. Fortifie notre foi pour que déjà toute notre existence annonce que toi seul est "chemin, vérité et vie". C’est ce que nous avons reçu de toi et qu’à notre tour nous voulons transmettre au monde comme parole d’espérance qui porte en elle le salut.

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