7e
Dimanche de Pâques 16/C
“Avant
de passer de ce monde à son Père, Jésus pria ainsi : « Que tous soient un
comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ... Je leur ai fait connaître ton nom : pour
qu'ils aient en eux l'amour dont tu m'as aimé, et que moi aussi, je sois en
eux »".
"Avant
de passer…". Si nous
parcourons l'ensemble des Evangiles, nous nous apercevons que bien des
événements de la vie de Jésus se sont réalisés au moment où il était en route,
où il faisait route, où il passait.
St Luc a rapporté avec justesse : "il est passé partout, en
faisant le bien" (Ac.
10.38).
- Et le passage de Jésus ne pouvait laisser indifférent.
- C'est l'histoire de Zachée. "Comme Jésus passait par Jéricho",
il lui dit : "Zachée, il me faut
aujourd'hui demeurer dans ta maison" (Lc 19.5). Et Zachée
accueillit Jésus. Ce fut son bonheur pour toute sa vie.
- C'est l'histoire du Jeune homme riche. "Comme Jésus se mettait en
route" (Mc
10.17),
il s'adressa à lui. "Jésus le
regarda et l'aima" (Id 21) - Mais lui - à cause de ses richesses ou simplement de
son égoïsme - ne se mit pas à la suite de Jésus qui ne faisait que passer. Et
il ne sera plus question de lui dans l'Evangile.
Oui, Jésus ne fait que passer. Sa mort et sa
résurrection sont d'ailleurs appelés "passage" : Pâques.
Et c'est ce grand passage de Jésus qui nous a fait naître à la vie même
de Dieu, naître en l'amour que Dieu manifeste à son Fils et en celui que
son Fils lui manifeste.
Oui, Jésus ne fait que passer pour
nous prendre avec lui et nous faire passer à la vie-même de Dieu. Telle
fut sa mission.
Et Jésus passe toujours, aujourd'hui, dans
nos vies. A nous d'y être attentifs et d'avoir le courage de l'accueillir et de
le suivre.
Oui, c'est certain, Jésus passe toujours,
en nos vies.
- Ce peut-être une réflexion, une
inclination à chercher le sens de la vie : c'est Jésus qui passe
- Ce peut-être un événement brutal - heureux
ou malheureux- qui nous interroge : c'est toujours Jésus qui passe.
- Ce peut-être la rencontre fortuite d'un
homme, d'une femme en qui Jésus se manifeste par sa bonté, sa
compréhension : c'est Jésus qui passe.
Oui, Jésus ne cesse "de passer en faisant le bien" !
Jésus passe toujours en nos vies afin de
nous inviter à la Pâques éternelle, à ce grand passage en la Vie même de Dieu,
en cette Vie divine que Jésus veut nous faire connaître : "Je leur ai fait connaître ton nom, dit-il, et je le leur ferai connaître encore".
"Connaître Dieu !"
Dans toute vraie rencontre, d'ailleurs, il y a toujours un enrichissement
mutuel, une union de ceux qui se rencontrent. Aussi Jésus parle de connaissance
: "Je leur ferai connaître ton
nom". Une connaissance, c'est une "naissance avec" (cum gnoscw) !
"Je
leur ferai connaître ton nom" :
- soit que cette connaissance ne puisse
avoir lieu - hélas ! - parce que la rencontre n'a pas vraiment eu
lieu ; et c'est le cas du "monde" qui n'a pas connu Jésus.
- soit que cette connaissance ait lieu ;
c'est le cas des Apôtres et de tous ceux qui entendront la parole des Apôtres
et qui se mettent à la suite de Jésus.
Et, dans le langage biblique, "connaître le nom" de
quelqu'un, c'est beaucoup plus que de pouvoir l'appeler, c'est déjà participer
à sa vie, à son intimité, naître à sa vie.
Aussi tous ceux qui font véritablement la rencontre
de Jésus Christ et ainsi font la connaissance du Nom du Père, bénéficient alors
de sa vie intime, c'est-à-dire de l'amour dont Dieu le Père aime son Fils et de
l'amour dont le Fils aime le Père : "Je
leur ai fait connaître ton nom pour qu'ils aient en eux l'amour
dont tu m'as aimé, et que moi aussi, je sois en eux".
Ainsi Jésus priait-il : "Que tous soient un comme toi,
Père, tu es en moi, et moi en toi". - Etre "baignés", si je
puis dire, dans la vie même de Dieu, dans l'amour même de Dieu, être
"enserrés" par les liens d'amour qui unissent les trois Personnes de
la Sainte Trinité, voilà quel peut être le fruit de la rencontre avec Jésus qui
ne cesse de passer en nos vies, qui ne cesse de passer de ce monde à son
Père, nous entraînant dans son sillage.
Mais évidemment, un amour qui ne produit
rien, qui n'engendre rien, qui ne donne naissance à rien, conduit
inexorablement à la mort : la chaîne de la vie se trouvera rompue à plus ou
moins long terme. C'est une constatation que nous pouvons faire - hélas !
- au niveau simplement humain.
Et c'est ce qui se passe lorsque, ayant
répondu aux avances de l'amour de Dieu, nous ne produisons aucun fruit, nous
n'engendrons aucune vie. "Quiconque
a mis la main à la charrue et regarde en arrière est impropre au Royaume de
Dieu", dit Jésus en un autre passage de l'Evangile (Lc 9.62).
Aussi, la prière de Jésus, ici, est
justement faite pour demander à son Père que nous soyons maintenus dans l'amour
de Dieu, et que nous soyons également porteur d'amour, de "l’amour dont tu m'as aimé",
dit Jésus.
On reconnaît celui qui aime par sa bonté,
sa générosité, par le don de lui-même. L'égoïste se cramponne à ses seules
satisfactions et plaisirs, sans réelle générosité : il est replié sur lui-même,
égoïstement, orgueilleusement. Si nous avons en nous l'amour dont le Père aime
le Fils et dont le Fils aime le Père, nous devons être capables de manifester
autour de nous cet amour qui a poussé le Fils de Dieu à mourir pour nous
sur la croix pour nous faire passer de ce monde - souvent égoïste - à son Père.
Quelle belle prière que celle de Notre
Seigneur, prière qui nous interroge :
- Jésus ne cesse de passer en notre vie !
En avons-nous conscience ?
- Il veut nous faire connaître le Nom du
Père, nous introduire en sa Vie, en nous entraînant en sa Pâques !
- Et le signe de sa Pâques, de son passage
est d’accueillir, déjà, son amour pour le répandre autour de nous, de sorte que
nous soyons prêts pour la Pâques éternelle !
Telle fut la prière de Jésus.
Telle doit être notre prière.
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