Saint Martin - 11 Novembre
La fête de la St
Martin était, en France, très populaire jusqu'à la Révolution, et aussi dans le
reste de la chrétienté occidentale.
Une pieuse
légende raconte que, lorsqu'on
transféra la dépouille du Saint de Candes à Tours, les buissons se mirent à
refleurir à son passage le long de la Loire ! Ce miracle serait à l'origine de
ce que l'on appelle "l'été de la Saint-Martin", un
redoux dont nous bénéficions particulièrement cette année mais qui est, en fait,
occasionné par des vents du sud-ouest qui touchent souvent la France autour du
11 novembre.
Plus historiquement, notons :
c'est en référence à St Martin qu'en 1918, à l'instigation surtout du général
Foch - un chrétien
qui récitait tous les jours son chapelet - que les négociateurs français auraient fixé au 11 novembre la date de
l'armistice. On a du mal à penser que Georges Clemenceau réputé comme
libre penseur notoire au bord de l'athéisme, ait voulu faire cet honneur au
Saint, de même en ce qui concerne ses collaborateurs gouvernementaux. Quoi
qu'il en soit, c'est pour nous une occasion de prier pour tous ceux qui ont
donné leur vie pour notre pays... !
Prions
aussi pour ceux qui risquent parfois leur vie pour maintenir paix et ordre en
tous lieux de France, puisque St Martin a été choisi comme Saint Patron par la
Communauté chrétienne des policiers de France, le 19 Janvier 1993, et reconnu
et accepté comme tel par la Conférence des évêques le 22 mars de la même année.
Et - chose plus curieuse - St Martin a été noté et enregistré comme "Patron
de tous les policiers de France", le mois suivant, par Charles Pasqua,
ministre de l'Intérieur !
St Martin, nommé encore "Martin le Miséricordieux", est né dans l'Empire Romain, à Savaria (l’actuelle Hongrie), en 316 ou 317.
Son
père était tribun
militaire, officier supérieur chargé de l’administration de l’armée.
Aussi, n'est-il pas étonnant qu'il attribuât à son fils le prénom de
"Martin", mot qui signifie "voué à Mars", dieu de la guerre
!
Ayant
été muté à Pavie, Martin le suivit. Et c'est en cette ville qu'il entra en
contact avec des chrétiens. Il n'avait que dix ans environ et voulait déjà se
convertir au christianisme, se sentant attiré par le service du Christ.
Cependant
son père, irrité de voir son fils se tourner vers une religion nouvelle, le
force, dès ses 15 ans, à entrer dans l’armée. En tant que fils de vétéran, il a
le immédiatement le grade de "circitor"
: le "circitor" est chargé de mener les rondes de nuit et
d’inspecter les postes de garde.
Affecté
à Amiens en Gaule,
un soir de l’hiver 338,
il rencontre un pauvre, transi de froid. Sans argent, ayant déjà
généreusement distribué sa solde, il tranche son manteau ou du moins la
doublure de sa pelisse pour le couvrir. Il a alors 18 ans ! La nuit suivante le
Christ
lui apparaît en songe vêtu de cette étoffe. Le reste de son manteau, appelé
"cape" sera placé plus tard, à la vénération des fidèles, dans une
pièce dont le nom est à l'origine du mot "chapelle".
Selon
Sulpice Sévère - un de ses biographes -, Martin sert encore deux années dans
l'armée ; puis, toujours en garnison à Amiens, il se fait
baptiser à Pâques 336. Notons que cette époque -
appelée improprement "époque de l'invasion des Barbares" - est un
temps de grande transition, la fin d’un règne et le début d’un autre règne où
tous, même les soldats, sont pénétrés par les idées nouvelles. Ne vivons-nous
pas, nous-mêmes, une époque analogue ? Aussi, prions St Martin avec optimisme.
Ayant
pu quitter l’armée, Martin se rend à Poitiers pour rejoindre le
renommé évêque Hilaire
qui a le même âge que lui et appartient comme lui à l’aristocratie. Cependant
l'évêque est moins tourné vers la mortification et plus intellectuel ; cependant
il accueille Martin avec joie.
La
Chrétienté est alors déchirée - déjà ! - par divers courants de pensée. Les
chrétiens se combattent violemment et même physiquement. Il y a surtout les "ariens"
qui nient que le Christ soit "Dieu
fils de Dieu ", au contraire des "trinitaires"
de l’Église
romaine. Mais les premiers sont très influents auprès du pouvoir
politique. Alors que Hilaire, un "trinitaire", tombe en disgrâce et
est exilé, Martin est averti "en songe" qu’il doit rejoindre
ses parents en Illyrie
afin de les convertir. Il réussit à convertir sa mère mais son père,
apparemment, reste étranger à sa foi.
Mais,
en Illyrie, c’est la foi arienne qui domine. Et Martin, fervent représentant
de la foi trinitaire, est publiquement fouetté puis expulsé. Il se
réfugie à Milan ; mais là
encore, les ariens dominent et Martin est à nouveau chassé. Il se retire alors avec
un prêtre dans une île déserte, se consacrant au Christ, par la prière et la
pénitence !
En 360, après le concile de
Nicée (325), les "trinitaires"
regagnent leur influence politique et Hilaire retrouve son évêché. Martin en
est informé et revient lui-même à Poitiers. Agé de 44 ans, il s’installe en un
domaine gallo-romain
qu'Hilaire lui indique près de Poitiers. C'est en ce lieu - appelé Ligugé - que
Martin crée la première communauté de moines
en Gaule.
Mais ce premier monastère
sera aussi le lieu de l’activité d’évangélisation que St Martin va mener activement
pendant dix ans.
En 371, à Tours, l’évêque Lidoire
vient de mourir ; les habitants veulent choisir Martin qui n’aspire nullement,
lui, à l'épiscopat. Les habitants l’enlèvent - mœurs du temps ! - et le
proclament évêque le 4 juillet
371 sans son
consentement ; Martin se soumet en pensant qu’il s’agit là sans aucun
doute de la volonté divine. "Vox populi, Vox Dei !".
Désormais,
même s’il est évêque,
Martin ne modifie en rien son train de vie. Il poursuit ses mortifications et
continue à porter des vêtements rustiques et rugueux. Il crée un nouvel
ermitage à 3 km au nord-est des murs de la ville : c’est l’origine de
Marmoutier, avec pour règle la
pauvreté, la mortification et la prière.
C’est une vie faite d’un courage viril et militaire que Martin impose à sa
communauté.
Mais Marmoutier
va devenir un centre de formation pour l’évangélisation. Martin et ses
disciples vont sillonner les campagnes qui, à cette époque, sont païennes. Il prêche avec
efficacité les paysans, forçant le respect par l’exemple et le refus de la
violence. Il sait parler au peuple des campagnes alors que la foi chrétienne
est encore essentiellement urbaine.
Au
soir de sa vie, sa présence est requise pour réconcilier des clercs à Candes, à
l'ouest de Tours. Malgré fatigue et vieillesse, il s'y rend. Son intervention
est couronnée de succès ; mais le lendemain, épuisé par cette vie de soldat
du Christ, Martin meurt le 8 novembre 397. Disputé entre Poitevins
et Tourangeaux, son corps, subtilisé par ces derniers, est rapidement reconduit
par le fleuve à Tours
et enterré le 11 novembre.
St Martin fut toute sa vie un soldat !
Il avait certainement médité ce mot de St Paul adressé à son disciple Timothée
: "Prends ta part
de souffrances, en bon soldat du Christ Jésus. Dans le métier des armes,
personne ne s'encombre des affaires de la vie civile, s'il veut donner
satisfaction à qui l'a engagé" (2 Tim 2.3-5)..
St Benoît, avec toute la tradition
monastique (St
Bernard, en particulier) soulignera
fortement qu'en entrant au monastère, on entre en une milice, celle du Christ.
Comme l'avait souligné St Paul lui-même : "Rendez-vous puissants dans le Seigneur et dans la vigueur de
sa force. Revêtez l'armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manœuvres
du diable. Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous
avons à lutter, mais contre... les esprits du mal...
C'est pour cela qu'il vous faut endosser l'armure de Dieu,
afin qu'au jour mauvais vous puissiez résister et... rester fermes.Tenez-vous
donc debout, avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse,
et pour chaussures le Zèle à propager l'Evangile de la paix ; ayez
toujours en main le bouclier de la Foi, grâce auquel vous pourrez
éteindre tous les traits enflammés du Mauvais ; enfin recevez le casque du
Salut et le glaive de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu. Vivez
dans la prière et les supplications ; priez en tout temps, dans l'Esprit ;
apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints". (Ephes.
6.10-20).
Prions ! Pour être tous, d'une
manière ou d'une autre, de bons soldats du Christ !"Tout chrétien, dira le pape Léon XIII, doit être un vaillant soldat du Christ !" (encyclique Sapientiae christianae,
1890).
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