vendredi 20 juin 2014

Vers l'Alliance éternelle !

T.O. 11 Vendredi -          (II Rois 11.1sv ; Mth 6.19sv)

Depuis quelques jours, la liturgie nous fait lire parfois des récits assez épouvantables, tel celui d'aujourd'hui ! Ce ne sont certes pas des contes à la manière de Mme de Ségur !

Le contexte historique comporte de multiples scandales politiques assortis de meurtres : tandis que le Royaume du Sud, autour de Jérusalem, est assez stable, on assiste dans le Royaume du Nord à une succession d'usurpateurs. Et c'est très "sauvage" !

Alors une question vient à l'esprit : pourquoi ces récits "sauvages" font-ils partie de la Bible, de la "Parole de Dieu" ? Pourquoi ? C'est qu'ils veulent souligner, me semble-t-il, une grande leçon que l'on retrouve tout au long de notre propre existence :
Si le peuple de Dieu garde l’identité qu’il a trouvée dans le désert, s’il conserve l’Alliance avec Dieu, il n’a aucune raison de craindre. La fidélité au Dieu de l’Alliance est le secret de sa réussite !  S’il est infidèle, la terre elle-même, cette terre promise et donnée par Dieu, devient une terre qui “vomit“ ses habitants ! C’est le chaos ! Car Dieu, par respect pour la liberté qu'il a donné aux hommes, permet alors les conséquences de leurs infidélités. Et ce sera, par exemple, un peu plus tard, l’invasion des rois Assyriens, la déportation à Babylone !

En ce sens, on peut faire une réflexion importante pour nous-mêmes : certes, Dieu est miséricordieux ! Il pardonne toujours. Il pardonne nos fautes. Mais il ne peut pas supprimer - sauf miracle ! - les conséquences de nos actes mauvais.
Si un enfant, par désobéissance, utilise un couteau dont l’usage lui est interdit et se blesse, sa mère peut pardonner sa désobéissance ; mais elle ne peut ôter la conséquence de sa désobéissance : la blessure ! Elle ne peut s’employer qu’à la soigner…, ce qui peut prendre du temps !
Pour nous, quand la blessure est plus spirituelle, elle peut être soignée par un accroissement de charité, de repentir… etc. (C’est le sens des indulgences, pas toujours comprises !). Et si cette blessure comporte un aspect visible (un vol, par exemple), il faut s’employer à la guérir par une “réparation“ adéquate (rendre l’objet volé…, compenser), ce qui, là encore, peut prendre du temps… 

Soyons attentifs à cette évidence : nos actes (même pardonnés et par Dieu - c’est évident - et parfois par les hommes) nous “suivent“ toujours…, et parfois très lourdement. C’est logique.

Cependant, la logique divine est encore celle-ci démontrée en Jésus Christ : du mal (conséquence de nos fautes), Dieu peut en faire du bien ! Et même un bien suprême !
Certes, le peuple de Dieu, le peuple de l’Alliance, sera déporté, en Assyrie, à Babylone…, conséquence de ses infidélités diverses. Alors il “crie“ vers Dieu. Et Dieu non seulement promet une délivrance, mais lui annonce surtout une “Nouvelle Alliance“, une alliance “perpétuelle“ (proclamée par les prophètes, tels Isaïe, Jérémie, Ezéchiel)

Car Dieu, lui, malgré notre déchéance, reste fidèle ! “Si nous sommes infidèles, lui, dit St Paul, demeure fidèle !“ (2 Tim 2.13). Une fidélité divine déjà expérimentée, justement, tout au long de l’histoire biblique.
Nous pouvons être sûrs de la fidélité de Dieu ! Pourquoi ? “Parce qu’il ne peut se renier lui-même“, dira St Paul ! Parce que Dieu est Amour ! Il reste fidèle par un amour purement gratuit, un amour qu’il veut renouveler, de telle sorte qu’après les infidélités et les repentirs, dira le prophète Osée, il y ait des "épousailles" encore plus belles que les "fiançailles" originelles, un amour qui va présider à une “Nouvelle Alliance“ qui ne sera rien moins qu’une nouvelle création.

Nous le savons : cette “Nouvelle Alliance“ sera établie par le Christ qui, lors de son baptême, descend dans le Jourdain (Yarden = descendre), dans ce fleuve qui descend jusqu’à la mer morte, symbole du péché du monde.
En y “descendant“, il prend sur lui toutes nos infidélités et remonte vers le temple qu’il restaure en son propre Corps ressuscité et glorifié. “Lui, de condition divine, s’est dépouillé, devenant semblable aux hommes… C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout Nom“ (Cf. Phil. 2.6 sv).

En lui, nous sommes déjà “re-créés“. Il est le Grand Prêtre (“Pontifex“, celui qui fait le “pont“ entre Dieu et les hommes) ; il est désormais le garant d’une nouvelle Alliance, dira la lettre aux Hébreux (Cf. Heb. 7.22 ; 8.7sv), scellée par son sang (Heb. 8.15 sv), instaurée par pur Amour divin, précisera St Jean (Cf. I Jean).

Cette “Nouvelle Alliance“ réalisée une fois pour toutes (Cf. Heb 9.25) est ré-actualisée par chaque Eucharistie. Ayons foi en ce mystère d’Amour - “Il est grand le mystère de la foi ! -“. Malgré nos infidélités, Jésus nous redit : “Celui qui croit en moi, même s’il meurt (par son péché), vivra !“ (Jn 11.25).

Et voilà pourquoi, ces récits sauvages que l'on trouve dans la Bible me semblent très instructifs. Ils montrent l’attitude de Dieu, du Dieu Unique, du Dieu vivant aux prises avec les hommes faits de chair et de sang (et nous le sommes encore !). A mon avis, ces récits valent tous les manuels de morale ! Voir de telles situations… et se rendre compte de leurs dénouements…, à court terme humain et à long terme divin c’est, me semble-t-il, plus précieux que tous les traités abstraits de morale qui donnent des principes précieux, certes, mais que peu de personnes ne lisent (sauf les professeurs !).

Il faut savoir regarder en face tous ces actes iniques que commettent les hommes (aujourd’hui encore) et les conséquences qu’ils entraînent. Et alors on enrichit notre mémoire de tous ces récits épouvantables pour éduquer ce que l’on appelle - dans la morale de la Somme théologique de St Thomas d’Aquin - la vertu de prudence qui est à la charnière des vertus intellectuelles et des vertus morales : La véritable prudence est une lumière qui nous est donnée pour que notre liberté s’exerce avec pleine lucidité ! "Si ton œil est limpide, tout ton corps sera dans la lumière", nous dit Notre Seigneur aujourd'hui !

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