Fête du Sacré-Cœur de Jésus ! 27 Juin 14
Fête du Cœur
de Jésus ! - Fête
du Cœur de Dieu !
C'est
d'abord le prophète Osée qui donne à Dieu des sentiments d'un cœur humain, d'un
cœur qui se fait proche de celui d'un homme !
"Quand Israël était jeune, je l'ai aimé...!" -
"C'est d'Egypte que j'ai appelé (sauvé) mon fils", mon peuple ! "C'est
moi qui lui ai appris à marcher..., le prenant par les bras" ! - "Je
l'ai mené avec des liens d'amour. J'étais pour lui comme celui qui soulève un
nourrisson tout contre sa joue ; et je lui tendais de quoi se nourrir...! Mais
"mon peuple !" - "Il s'accroche à ses apostasies !"
"Mon cœur en moi s'est retourné !", comme la terre elle-même s'est
retournée "face aux effets de ma
colère" quand j'ai puni les péchés de Sodome et de Gomorrhe. "Mais je ne donnerai plus cours à
l'ardeur de ma colère, je ne reviendrai pas détruire Ephraïm. Car je suis Dieu
et non pas homme. Au milieu de toi, je suis Saint. Je ne reviendrai pas avec
rage !" (Cf. Osée
11).
Voilà le
cœur de notre Dieu !
Et Jérémie de
développer ces sentiments du cœur de Dieu :
"Mon affliction est grande. Tout mon être est défaillant !...
Pourquoi m'offensent-ils avec leurs idoles, avec ces absurdités qui viennent
d'ailleurs ?
A cause du désastre de mon peuple, je suis brisé. Je suis
dans le noir ; la désolation me saisit ! ... Qui changera mes yeux en source de
larmes pour pleurer jour et nuit les victimes de mon peuple ?" (Cf. Jér. 8).
Oui, le cœur
de Dieu est fortement attristé à cause du péché de son peuple.
Et Dieu est
toujours attristé quand nous péchons, quand nous nous éloignons de lui !
C'est pourquoi St Paul nous enjoint fortement "de ne pas attrister le Saint Esprit dont Dieu vous a marqués,
dit-il, comme d'un sceau pour le jour de
la délivrance" (Eph. 4.30). Dieu est grandement triste
lorsque nous lui disons non pas : "Que
ta volonté soit faite !", mais : "Que
ma volonté soit faite !". C'est la faute par excellence : se prendre
pour Dieu lui-même. L'inversion sacrilège qui est la racine de toute faute !
Et Jésus
n'est venu sur terre que pour nous manifester cette tendresse, cet amour divin
à notre égard : "Qui me voit, voit
le Père !" (Jn 14.9), disait-il. "Et je dis ce que le Père m'a enseigné !" (Jn 8.28).
Et lorsque
nous fêtons le Christ en les diverses circonstances liturgiques, lorsque nous
célébrons l'Eucharistie, c'est toujours le "Cœur de Dieu" que nous
célébrons, ce "Cœur" manifesté en le "Cœur" humain de son
Fils, Jésus Christ !
Aussi, en
contemplant ce Jésus, Fils de Dieu, ce n'est ni sa sagesse que nous célébrons
bien qu'il soit le plus sage des hommes, ni son courage bien qu'il soit le plus
courageux, ni sa paix bien qu'il soit le plus pacifiant. C'est son
"Cœur" que nous célébrons et qui nous émeut si fortement ! Parce
que c'est le "Cœur" même de Dieu !
La réalité
du "Cœur sacré de Jésus", du "Cœur de Dieu", c'est la
réalité des réalités ! Le "Cœur de Dieu" est le cœur du monde : "Au commencement était le
Verbe. Et le Verbe était Dieu... Tout fut par lui !", dit St
Jean.
"Qui donc est Dieu ?", demande-t-on. L'un y voit le sommet de la
puissance, l'autre la source de l'Etre, un troisième la Lumière ! Rien de tout
cela n'est faux ! Mais la réalité est infiniment plus grande : "Dieu est Amour !", ne cessait
de dire St Jean à la fin de sa vie. Donc le tissu du réel, c'est l'Amour. Rien
ne vaut que par l'Amour. En Dieu, être et aimer sont un seul et même verbe.
Cette réalité inouïe, souveraine, fulgurante peut nous plonger dans une joie
sans fin. Elle est la "Bonne Nouvelle" qu'il nous faut sans cesse
annoncer, proclamer.
Oui, de
toute éternité, Dieu a un "Cœur" qui bat. L'amour du Père pour son
Fils éternel est une réalité qui ressemble à ce que peuvent éprouver les
parents les plus affectueux : "C'est
lorsque je suis devenu père que j'ai compris qui était Dieu", fait
dire Balzac au Père Goriot !
Et l'on
comprend : Si le Christ a tant insisté sur l'urgence de l'amour, c'est parce
que, sans amour, nous n'avons aucune chance de survie ; c'est pour nous
transmettre l'Amour de Dieu-Père : "Comme
le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés !" (Jn 15.9). C'est pour que nous puissions
dire, à notre tour, à quiconque, comme Dieu le dit à chacun de nous : "Tu
vivras ! Je t'aime dans ta différence. J'ai de l'estime pour toi ! Tu seras
pour moi l'objet d'une éternelle joie. Ta peine est ma douleur ; ton bonheur
est mon bonheur !".
Et bien
davantage : Si le Christ a tant insisté sur l'urgence d'aimer, il y a un motif
plus profond : "Comme le Père m'a
aimé, moi aussi, je vous ai aimés... Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns
les autres...". Il s'agit de planter sur la terre ingrate des hommes
la fleur divine de l'Amour. L'amour entre les hommes n'est pas une question de
morale civique ou sociale ; ni une question de bonheur familial, communautaire.
C'est une question de vie ou de mort : "Nous
savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos
frères !" (I Jn 3.14).
Ainsi donc,
le recours au "Cœur du Christ" n'est certes pas - loin de là - un
ressenti sentimental ou douceâtre comme certaines expressions ou attitudes
fraternelles pourraient le suggérer - ce qui n'est finalement qu'un amour
propre renversé -..., ce n'est pas cet amour doucereux qu'affiche parfois une imagerie
de guimauve et de mauvais goût. Rien de moins mièvre que l'amour du Christ
envers tous les mal aimés de son époque. Rien de moins doucereux que ce cri : "Celui parmi vous qui n'aura jamais
péché pourra lui jeter la première pierre !" (Jn 8.7). Rien de plus courageux que les
reproches adressés à Simon, le pharisien, pour réhabiliter une femme "peu
intéressante" ! Un amour qui prend de tels risques est toujours une
cible. Et le Christ mourra pour interrompre, pensaient les éternels
bien-pensants, ce genre de scandale qui sera pourtant repris par les saints, en
tous temps et lieux, au risque également de leur vie !
C'est ainsi
que les parias et les gueux peuvent reprendre espoir. Car il est heureusement
proclamé aujourd'hui que le "Cœur de Dieu" continue de battre dans le
cœur de tout homme !
C'est vrai
pour aujourd'hui comme c'était vrai pour hier et avant-hier. Et pour cet
"avant-hier", j'aime à citer David qui fut un "homme selon le cœur de Dieu" (Cf Ac. 13.22). Pourtant, cet homme -là - et c'est
notre consolation - avait moult carences et manques, des défaillances, des
fautes, des désespoirs. Mais, cependant, il était tout "transparent"
devant Dieu, manifestant loyalement ses repentirs. Il se savait pardonné et
vivait de multiples restaurations de l'âme, suivies de réadmissions au service
de Dieu. Il exprimait souvent sa joie dans les psaumes, joie d'avoir retrouvé
la relation avec son Dieu.
David était
un homme qui nous ressemble tellement. Il nous donne envie de vivre de telles
expériences avec Dieu, avec Dieu qui est Amour !
Il reste
vrai que parler d'amour - fut-ce celui de Dieu - est souvent ambigu, équivoque.
Il est évident que parler de Dieu aujourd'hui dans le langage des premiers
siècles chrétiens, ou en parler aux hommes d'aujourd'hui dans le langage d'il y
a seulement quelques décennies, c'est se condamner immédiatement à n'être pas
compris, et c'est faire courir à Dieu le péril d'apparaître comme un mythe à
reléguer au musé des antiquités.
Autrement
dit, dès qu'on parle de l'amour de Dieu sans le vivre, on Le trahit, on
en fait une idole, un mythe absurde, on en fait une limite et une menace ; et
on devient athée ! Car le pire des athéismes, c'est justement de parler de Dieu
sans vivre de Dieu. Comme si nous pouvions parler d'amour sans aimer ! Que mettrez-vous
dans l'amour si vous en parlez sans aimer ? Et pas seulement à la manière du
monde, sentimentalement, mais un amour qui risque sa vie à l'exemple du Christ
!
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