T.O. 11
Lundi (I Rois 21.1sv ; Mth 5.38-42)
La liturgie nous fait lire aujourd’hui et demain un récit assez épouvantable… ! Ce n’est certes
pas un conte à la manière de Mme de Ségur.
Le contexte historique lui-même contient
de multiples scandales politiques assortis de meurtres : tandis que le Royaume
de Juda, au sud, est assez stable, on assiste, au Royaume du Nord, à une
succession d’usurpateurs ; c’est très sauvage ! Et le point culminant
de ces horribles méfaits arrive avec la dynastie d’Omri et d’Achab.
Vous avez entendu le récit : Achab
est jaloux, envieux du champ de Naboth ! On l'a dit : "Il n'y a aucun vice qui nuit tant à la
félicité des hommes que celui de l'envie" (Descartes). "C'est, dit un proverbe chinois, comme un grain de sable dans l'œil"
qui trouble tellement le discernement de l'esprit que "les méchants envient et haïssent : c'est leur une manière
d'admirer !" (V.
Hugo).
Mais Naboth refuse de vendre son
champ ! Alors, "le roi, est-il
dit, se couche sur son lit, détourne son
visage et ne veut pas manger !“. C’est encore et toujours, plus ou
moins, le symptôme d’une mauvaise humeur non pas d'un homme déçu, mais
d'un grand adolescent trop gâté ! Avec l'envie on reste toujours un insatisfait
puéril !
C’est à ce moment qu’entre en scène la
reine Jézabel, son épouse ; elle était fille du roi de Tyr, une
phénicienne qui avait une hiérarchie de valeurs de vie bien différente que
celle enseignée par Dieu à son peuple ! De plus, elle avait introduit à la
cour le culte du dieu Baal !
“Tu
fais un joli roi !“ dit-elle à son mari, “Moi, je vais te donner la vigne de Naboth !“. Elle ne savait
sans doute pas ce que devait être un roi selon le cœur du Seigneur. Vous
pourrez, pour le savoir, vous reporter au chapitre 17ème du
Deutéronome. Voici quelques caractéristiques :
- Le roi ne pourra
être un étranger ! Cela se comprend. Mais dans le cas d’Achab, on peut se
demander si c’est lui qui gouvernait ou sa femme, une “maîtresse-femme“, n’en
doutons pas !
- Il ne devra pas
multiplier le nombre de ses femmes, ce qui pourrait égarer son cœur ! Je
ne fais aucun commentaire !
- Il n’accumulera
ni or ni argent. C'est pourtant si fréquent chez les "Grands" de ce
monde !
- Il lira la loi du
Seigneur qu’il aura lui-même copiée.
Au fond, le roi n’a
pour raison d’être que de faire régner la justice et la loi… Er s’il contredit
à la loi, surgit alors un prophète… comme Elie.
Oui, Achab n’est
pas un bon roi ! Il laisse faire sa femme, Jézabel, mettre à mort, par un
inique procès, Naboth.
(Cela
aussi arrive de nos jours !). Elle s’empare alors de son terrain pour le
remettre à Achab.
C’est alors qu’Elie
surgit et dit à Achab : “Tu as
assassiné ; et de plus, tu usurpes… Aussi, à l’endroit où les chiens ont
lapé le sang de Naboth, les chiens laperont ton sang à toi aussi !“.
Et il annonce un semblable châtiment à Jézabel. L’accomplissement de ces
prophéties, vous pourrez la lire au second livre des Rois (ch. 9). C’est un bain de
sang que vous n’approuverez certainement pas, bien sûr ! Et
pourtant !
Et pourtant, ces
récits me semblent très instructifs. Ils montrent l’attitude de Dieu, du
Dieu Unique, du Dieu vivant aux prises avec les hommes faits de chair et de
sang (et nous le sommes encore !). A mon avis, ces récits valent tous
les manuels de morale ! Voir de telles situations… et se rendre compte de
leurs dénouements…, c’est, me semble-t-il, plus précieux que tous les traités
abstraits de morale qui donnent des principes précieux, certes, mais que
personne ne lit (sauf les professeurs !).
Il faut savoir
regarder en face tous ces actes iniques que commettent les hommes (aujourd’hui
encore) et les conséquences qu’ils entraînent. Et alors on enrichit notre
mémoire de tous ces récits épouvantables pour éduquer ce que l’on appelle -
dans la morale de la Somme théologique de St Thomas d’Aquin - la vertu de
prudence qui est à la charnière des vertus intellectuelles et des vertus
morales : La véritable prudence est une lumière qui nous est donnée pour
que notre liberté s’exerce avec pleine lucidité !
Ces récits sauvages
sont donc destinés finalement à nous guérir par avance. Ce sont comme des
électrochocs qui obligent à entrer dans la pensée de Dieu… Ils nous amènent à
une morale compréhensible par tout un chacun.
C’est ainsi qu’il
ne faut pas avoir peur de certains récits sauvages que l’on trouve parfois dans
la Bible qui peuvent éclairer certains de nos comportements.
Ils nous font mieux
comprendre alors les recommandations que Notre Seigneur nous donne dans
l’évangile d’aujourd’hui : “Vous
avez appris qu’il a été dit : « œil pour œil »… Et bien moi, je
vous dis…“. Et Jésus nous a montré jusqu’où une vraie morale - une morale
d’amour - peut conduire : sur une croix qui devient glorieuse le jour
de Pâques.
Et j'ajouterai une
remarque : Il est vrai que dans certains psaumes (formules de prières de toute
l’Eglise !), on trouve des versets très durs, très vindicatifs. Certains
veulent les supprimer comme indignes d’être prononcés par la bouche d’un priant !
On les met parfois en italique comme une invitation à les omettre ! Mais alors ces
cris d’angoisse humaine et même de révolte, qui ne les reprendra pour les
retourner en expressions de cris de prière, de supplication vers celui qui
a dit : “Mon Dieu ! Mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ?“. Oui, qui les transformera en
supplications légitimes sinon le priant au nom de toute l’Eglise, au nom de
toute l’humanité ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire