samedi 14 mars 2020

Un pardon de toujours à toujours !


2ème semaine de Carême – Samedi
 
Les textes que la liturgie offre à notre méditation aujourd’hui, sont les bienvenus. Ils raffermissent en nous la certitude en un Dieu bon qui manifeste sa bienveillance jusqu’au scandale. Et cela depuis toujours, ce que nous rappellent autant l'Ancien Testament que le Nouveau !
Michée :  "Quel est le dieu comme toi, qui enlève la faute, qui pardonne…, qui prend plaisir à faire grâce… Aie encore pitié de nous… Jette au fond de la mer tous nos péchés".
Et le père de l'enfant prodigue : "Il était encore loin quand son père le vit. Saisi de compassion, il accourut, se jeta à son cou et l'embrassa…"

Oui, Dieu manifeste toujours sa bienveillance jusqu’au scandale alors que le monde entier est traumatisé par l’horreur de ce que des hommes accomplissent : guerres atroces, massacres barbares organisés avec grande perfection technique, attentats, injustices qui font toujours succomber les plus pauvres  etc… Ce n'est pas ce qui entre en l'homme qui le souille, dira Jésus, c'est ce qui en sort : "pensées perverses, inconduites, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, envie, diffamation, orgueil et démesure".

Un Père dominicain de Jérusalem que j'ai connu aimait cette phrase de Michée :
"Dieu manifeste sa tendresse et triomphe de nos péchés, en jetant toutes nos fautes au fond de la mer !".  
Ce ne sont plus les chars du Pharaon et les poursuivants égyptiens qui sont engloutis par les flots de la Mer Rouge. On entrevoit dans Michée, un exode qui annonce déjà la Nouvelle Alliance où toute l’iniquité du monde sera submergée dans la tendresse de Dieu.

Avez-vous remarqué également que lorsque l’enfant prodigue, du fond de son exil, dit  :
"je vais retourner chez mon père, où j’aurai du pain en abondance, alors qu’ici je meurs de faim".
son langage fait penser à celui de l’épouse infidèle chez Osée.  Dieu continue à l’aimer ; et pour la faire revenir lui dit  :
Os 2,8-9 : "C'est pourquoi je vais obstruer son chemin avec des ronces, je l'entourerai d'une barrière pour qu'elle ne trouve plus ses sentiers ; elle poursuivra ses amants et ne les atteindra pas, elle les cherchera et ne les trouvera pas.  Alors elle dira : Je veux retourner vers mon premier mari, car j'étais plus heureuse alors que maintenant".  

Dieu ne cesse de manifester sa tendresse depuis les origines, depuis l'Ancien Testament jusqu'au Nouveau, jusqu'à maintenant encore. Une remarque en passant ; on  a souvent opposé l’Ancien et le Nouveau Testament, de manière caricaturale comme la lumière et les ténèbres…  Une des premières hérésies au 2ème siècle, inspirée par un certain Monsieur Marcion, pénétré de manichéisme, voulait bel et bien séparer les deux Testaments et même extirper du Nouveau tout ce qui rappelait l’Ancien. L’Eglise tout au long des siècles a lutté contre cette hérésie qui a encore quelques relents dans la mentalité chrétienne.

Aussi la liturgie quotidienne nous fait souvent lire indissociablement l’Ancien et le Nouveau Testament, et les psaumes occupent la plus grande place dans la prière.

Et constatons que la lecture du prophète Osée, par exemple,  peut nous aider à entrer dans les sentiments éprouvés par le fils prodigue au fond de son exil.  Et mieux comprendre l'amour de Dieu manifesté par le Christ !

On pourrait citer bien des textes qui nous aideraient pareillement à mieux comprendre la tendresse  divine,  l’amour que Dieu nous porte. Je pense à l’amour de David pour son fils Absalom qui l'a pourtant trahi..
2 S 19,25-26 :  Il faudrait relire le chapitre 19ème qui nous parle de la douleur de David quand il apprend la mort de son fils ingrat et rebelle. Le scandale que manifeste Joab devant cet amour  paternel à l'égard d'un fils ingrat nous aide à deviner ce qui habite le cœur de Dieu pour chacun de nous.  
"Alors le roi frémit. .. Il se mit à pleurer;  il disait en sanglotant  : " Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! Que ne suis-je mort à ta place ! Absalom mon fils ! mon fils ! "  On prévint Joab : "Voici que le roi pleure et se lamente sur Absalom".  La victoire, ce jour-là, se changea en deuil pour toute l'armée, car l'armée apprit ce jour-là que le roi était dans l'affliction à cause de son fils. Et ce jour-là, l'armée rentra furtivement dans la ville, comme se dérobe une armée qui s'est couverte de honte en fuyant durant la bataille. Le roi s'était voilé le visage et poussait de grands cris : " Mon fils Absalom! Absalom mon fils ! mon fils! " 
Joab se rendit auprès du roi et dit : " Tu couvres aujourd'hui de honte le visage de tous tes serviteurs qui ont sauvé aujourd'hui ta vie, celle de tes fils et de tes filles, parce que tu aimes ceux qui te haïssent et que tu hais ceux qui t'aiment.  En effet, tu as manifesté aujourd'hui que chefs et soldats n'étaient rien pour toi, car je sais maintenant que, si Absalom vivait et si nous étions tous morts aujourd'hui, tu trouverais cela très bien".  

Je crois que dans les catastrophes infernales qui déferlent sur le monde, il n’y a pas à chercher d’autre consolation que dans la certitude qu’il y a un Dieu bon qui malgré les apparences, malgré tous les malheurs - et la Bible nous dit qu’il faut s’attendre à tout -, dirige l’histoire et la mène vers la Jérusalem nouvelle dont il est parlé au chapitre  21ème de l'Apocalypse.

Tout cela pour proclamer, en ce temps pénitentiel du Carême, la joyeuse réalité de l'amour de Dieu à notre égard en toute circonstance de l'existence…

Aucun commentaire: