vendredi 27 mars 2020

L'Envoyé de Dieu !


4ème semaine de Carême  -  Vendredi

La lecture émane du milieu juif d'Alexandrie où la bible hébraïque fut traduite en grec dans cette version qui porte le nom de "Septante".
Un mot à ce sujet : D’après une légende - la légende d’Aristée - 70 traducteurs, travaillant séparément durant 70 jours, sont arrivés au même résultat  dans une traduction identique à la lettre prés… 

L’Eglise n’a pas attaché d’importance à cette légende d’Aristée.
Cependant  elle a recueilli ces traductions dans le canon catholique des Ecritures sous le nom de "Deutérocanonique". Ce mot de "deutérocanonique" dans la Tradition catholique n’a rien de péjoratif. On considère ces livres comme "inspirés", tout aussi bien que ceux qu’on ne trouve que dans la Bible hébraïque...

Et - remarquons-le -  cette traduction grecque marque souvent un progrès théologique antérieur à l’avènement du christianisme - et pourtant plus proche -.  
Aussi, quand on pense que le texte hébreu (la "massore") n’a pris sa forme définitive qu’au 9ème siècle après J.C  à Tibériade, on comprend qu'on a bien souvent eu recours au texte grec des "Septante" pour se rapprocher des textes originaux.

Le texte d'aujourd’hui peut être daté assez précisément. Il a été écrit à un moment où les juifs d’Alexandrie, sans être l’objet d’une persécution officielle, ont eu à subir des tracasseries, des vexations de toutes sortes. Cette période est à situer dans la 1ère moitié du 1er siècle avant Jésus-Christ.
Et on se demande si les persécuteurs sont des païens qui persécutent les juifs, ou s’il ne s’agirait pas plutôt de juifs renégats, qui, après avoir trahi leur foi, persécutent leurs frères et défient Dieu. Ce sont des espèces de jouisseurs, comme on en trouve à toutes les époques, de type épicurien.

Le motif de la persécution n’est pas de punir un malfaiteur.
Il ne s’agit pas non plus d’une erreur judiciaire dont serait victime un innocent.
Il s’agit d’une persécution qui a pour motif l’innocence même de la victime.
L’homme, en effet, partout et toujours, ne supporte pas celui dont l’exemple et la parole invitent inexorablement ses contemporains à changer de vie.
Ecrit un siècle avant l’apparition du Christ, ce texte prend une valeur saisissante. Il décrit non seulement la mort du juste, mais celle d’un "fils du Seigneur", d’un "fils de Dieu". Ce texte prend une extraordinaire plénitude de sens quand on pense à la passion de Jésus et à sa crucifixion.

Avec l’Evangile, nous sommes toujours - depuis plusieurs jours - dans le contexte de la fête des Tentes (de Soukkoth,) telle qu’on la pratiquait au temps de Jésus, avant la destruction du Temple. C’est une méthode de St Jean de raconter les épisodes de la vie de Jésus dans le cadre des fêtes juives.

Géographiquement, à Jérusalem, une grande partie de cette fête de Soukkoth se passe en relation avec la source de Siloé. Siloé vient d'une racine hébraïque qui veut dire "envoyé".  Aussi,  la question qui domine en St Jean, en cette partie de son Evangile qui s’inscrit en cette grande fête juive (ch. 7 à 9)  est bien celle-ci :  Jésus est-il l’envoyé de Dieu. La discussion est très vive, on peut même dire violente (comme dans le contexte de la 1ère lecture). La Bible de Jérusalem titre ainsi  l’ensemble de ces trois chapitres  de St Jean : "La fête des Tentes - La grande révélation messianique, le grand refus".

Jésus apparaît comme le "signe de contradiction" dont parlait le vieillard Siméon lors de la Présentation de Jésus au Temple.
Lc 2,34-35 : "Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : " Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction -  et toi-même, une épée te transpercera l'âme ! - afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs".  
Jn 9, 39-41 : "Jésus dit alors :  "C'est pour un discernement que je suis venu en ce monde : pour que ceux qui ne voient pas voient et que ceux qui voient deviennent aveugles".  Des Pharisiens, qui se trouvaient avec lui, entendirent ces paroles et lui dirent : "Est-ce que nous aussi, nous sommes aveugles  ?".  Jésus leur dit : "Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché ; mais vous dites : Nous voyons ! Votre péché demeure".  

C'est toujours et inlassablement cette question. Qui nous est posée :
Dt 18,21 : "Peut-être vas-tu dire en ton cœur : "Comment saurons-nous que cette parole, Dieu ne l'a pas dite ?"

N’est-ce pas trop souvent le comportement des chrétiens qui oblige le monde à se demander  si Jésus est oui ou non l’Envoyé ?

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