vendredi 13 mars 2020

Dieu en nos détresses !


2ème semaine de Carême - Vendredi

On dit que le pape Jean XXIII, recevant au Vatican une délégation de juifs, est allé à leur rencontre et les a accueillis chaleureusement en leur disant : "Je suis Joseph, votre frère".

La lecture d’aujourd’hui nous plonge dans l’histoire de Joseph en choisissant quelques versets du chapitre 37ème de la Genèse qui inaugure une histoire passionnante qui occupe les 13 derniers chapitres de ce premier livre de la Bible.

Les nécessités de la pastorale forcent la liturgie à des raccourcis ; mais – et c'est important -, il faut considérer ces raccourcis comme des invitations à une entière lecture du texte.

Bien des catéchistes ont fait cette expérience : raconter toute l’histoire de Joseph dans son ensemble, passionnait les enfants et gravait cette histoire dans leur mémoire pour toute leur existence ; …et ces enfants devenus adultes découvriront plus tard, à partir du texte, bien des leçons qui s'appliqueront à leur vie, à la vie des hommes… et surtout au mystère même du Christ…  !

Des quelques versets qui nous sont offerts aujourd’hui, on peut déjà tirer une conclusion en remarquant qu’il est impossible dès le début du récit de discerner qui porte la responsabilité de la "vente" de Joseph et de son exil en Egypte.
Est-ce l’ensemble des frères et leur jalousie ?  
Quel est le rôle de Ruben, l’aîné qui a essayé de sauver son frère ?
Est-ce Juda qui essaye de le vendre à une caravane d’Ismaélites ?

Lors d'un pèlerinage en Israël, on m'a lu un passage d'un Midrash  (commentaire de la Torah) : deux Rabbins se promenaient à proximité d’un pigeonnier. Ils parlaient de Joseph et vous savez que l’odeur des pigeonniers n’est pas agréable.
L’un des Rabbins disait : "Quand même, est-ce possible que Dieu ait abandonné le petit Joseph, tout seul au fond d'un puits ? Ses frères pique-niquent assis sur la margelle du puits alors qu’il pleure au fond de ce puits ! Et puis, ces caravanes de bédouins avec leurs chameaux, ça sent encore plus mauvais que les crottes de pigeon !".  
Et l’autre Rabbin de rétorquer : "Tu n’as pas bien lu le texte. Qu’est-ce que transportaient les chameaux ? De la gomme adragante, du baume et du ladanum, des denrées précieuses et parfumées que l’Egypte importait du pays de Galaad".

Sans faire des applications trop faciles, on peut dire qu'avec le Christ ressuscité  et toujours vivant, il y a, en toute épreuve, il y a toujours un parfum d'espérance… , un parfum d'éternité !
Simple réflexion pour affirmer : Dieu n’abandonne jamais le Juste. C’est au milieu des parfums (prémices d'un futur glorieux) que Joseph a été transporté en Egypte !

Bref, qui a vendu Joseph ? Ruben lui-même, constatant que Joseph n’était plus dans la citerne, ne s’y reconnaît plus. Et puis, qu’est-ce qui s’est passé pendant le voyage puisqu’à l’arrivée en Egypte ; ce ne sont pas les Ismaélites qui vendent Joseph mais des Madianites !

On pourrait déjà tirer de ce chapitre 37ème, lu en détail, une mise en garde sur la responsabilité des auteurs du crime et admirer, quand on fait une lecture chrétienne de la Bible, la sobriété de notre Credo, qui, parlant des responsables de la crucifixion, se contente de dire : "sub Pontio Pilato"., "Sous Ponce Pilate" Sans autre allusion !

Soyons toujours très prudents quand il s'agit d'accusations !


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