dimanche 17 avril 2016

Suivre le Christ !

4ème Dimanche de Pâques 16/C

La foi - nous le savons - est l'adhésion de tout notre être à la vérité, et principalement à cette Vérité qu’est le Christ : “Je suis Voie, Vérité, Vie” : le Christ-Vérité, parce que Fils de Dieu fait homme, mort pour nous sur la croix et ressuscité… La foi est bien cette rencontre avec le Christ ressuscité, le Christ-Vérité venu éclairer toute notre vie !

Et dimanche dernier, la question posée au chef des apôtres par Jésus : “Pierre, m’aimes-tu ?” nous indiquait que la foi est aussi et surtout adhésion du cœur : car il ne s’agit pas de croire tellement ou simplement à des dogmes, des vérités, mais de s’attacher à quelqu’un, à une personne vivante, à Jésus toujours vivant… qui se laisse voir parfois sur le rivage de nos vies !

Et encore, l’Eglise, par les évangiles qu’elle a choisis pour le temps pascal, nous enseigne que la foi est encore adhésion de la volonté. Notre Seigneur nous dit en effet : “Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent !”. -  La foi, c’est marcher, avancer, c’est suivre… Jésus. Ce n’est pas simplement dire : “c’est vrai”. Ce n’est pas simplement proclamer : “aimer” Dieu, Jésus, le Christ ; mais c’est également agir et mettre son dynamisme au service du dessein de Dieu dévoilé par Jésus principalement en son mystère pascal de mort et d vie, mystère de l'amour de Dieu envers les hommes !

Croire en Jésus Christ, c’est faire nôtre ce projet d'amour de Dieu envers tous les hommes et agir en ce sens…  "La foi qui n’agit pas, dira St Jacques, est une foi morte".
Il faut “suivre Jésus” ! Suivre le vrai berger ! En de ce dimanche de prière pour les vocations, il est bon de se rappeler cette vocation qui est commune à tous les baptisés. Le pape Paul VI, St Jean-Paul II et le pape François, à sa manière, le répètent : “Toute vie est une vocation”. Tout baptisé a une vocation à suivre le Christ, d'une manière ou d'une autre ! Agir comme lui-même a agit !
Le suivre toujours plus ! "Il nous faut marcher comme Lui-même, Jésus, a marché", dira St Jean (I Jn 2.6).

Lorsque Jésus dit : “Je suis le Bon Pasteur”, il déclare, certes, vouloir prendre en charge l’avenir des hommes vers lesquels il a été envoyé.
Mais il est venu aussi stimuler la vocation du peuple de l’Ancienne Alliance, enfermé comme dans un enclos de sécurités, tentation toujours permanente. Hélas !
Depuis lors, cette vocation concerne tout homme appelé à sortir de l’incertitude de son destin ! A tous les peuples, à toutes les civilisations doivent être révélés les projets de Dieu, de sorte qu’“il n’y aura qu’un seul peuple et un seul pasteur !”

Et le Christ accomplira cette vocation jusqu’au don de lui-même : “Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis”.
A ses disciples, à ceux qui se réclament de lui, à nous tous, baptisés, qui proclamons notre foi en lui, il confie le soin de continuer sa mission, sinon de l’achever à travers le temps.

Trop de chrétiens pensent encore que la vocation est réservée à celles et ceux qui ont choisi de devenir prêtres ou religieux.
Non point ! L’aventure de la vocation chrétienne est proposée à tous ceux qui ont choisi de vivre l’Evangile, quels que soient les choix de vie dans le célibat ou le mariage. Un Responsable du Service National des vocations écrivait : “Il convient de ne jamais perdre de vue que, dans une même génération, le nombre de nouveaux prêtres et religieux est toujours en corrélation étroite avec le nombre de chrétiens qui pratiquent leur foi. C’est du nombre des disciples au sein des nouvelles générations que Dieu donnera et l’Eglise appellera des prêtres, diacres et religieux nécessaires à sa sainteté, sa vie et sa mission” !

Avoir foi dans le Christ comporte cette vocation baptismale. Se dérober, refuser de suivre le Christ dans cette mission, c’est refuser sa foi au Christ : “Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent, disait Jésus.
Dans son style inimitable et grandiose, Bossuet le rappelait autant pour les chrétiens que pour les religieux : "La vie du chrétien est un long et infini voyage durant le cours duquel, quelque plaisir qui nous flatte, quelque compagnie qui nous divertisse, quelque ennui qui nous prenne, quelque fatigue qui nous accable, aussitôt que nous commençons à nous reposer, une voix s'élève d'en haut, qui nous dit sans cesse et sans relâche : "Egredere - sors", et nous ordonne de marcher plus outre" à la suite du Christ. "Telle est la vie chrétienne ; et telle est, par conséquent la vie monastique !".

Ainsi donc, avoir foi en Notre Seigneur, le suivre, n’est-ce pas se vouloir responsable, pour sa part, de la réussite de la mission de salut pour tous les hommes, mission qu'il a opérée en son mystère pascal ? Comment, nous qui nous disons chrétiens, partageons-nous l’angoisse de Jésus devant les foules désemparées par les fausses promesses, errantes comme des brebis sans pasteur ?

Il est facile, en effet, de dire : il manque de prêtres, de religieuses, il manque des missionnaires. Il manque des personnes dévouées ici et là encore... ! Il est facile de dire : l’Eglise est en “perte de vitesse” ; elle n’a pas su préparer les chrétiens aux bouleversements de la vie sociale, économique qui ont changé les structures traditionnelles de l’Apostolat. Mais l’Eglise, c’est nous, chacun d’entre nous. Et comment avons-nous répondu ?

Oui, la foi, la foi profonde inspire obligatoirement des attitudes chrétiennes responsables, courageuses. Le prêtre, en n’importe quel lieu, ne doit pas se sentir seul dans son ministère et parfois dans sa lassitude.

Et surtout, mille questions diverses doivent se poser à notre dynamisme missionnaire :
- Comment, par exemple, nos familles diverses peuvent-elles surmonter le matérialisme ambiant de notre époque ? Nous le savons : en rester aux pratiques d'autrefois n'est plus viable et n'apporte plus la solution la plus économique. Comment alors intégrer les moyens modernes pour toujours témoigner du Christ qui s'est fait pauvre humainement pour mieux nous enrichir divinement. Une question plus importante qu'il n'en paraît !
- Comment, en notre monde sécularisé, aider les plus jeunes - même dans une communauté religieuse - à bâtir eux-mêmes, librement, sous la mouvance de l'Esprit-Saint, leur personnalité non seulement humaine mais surtout chrétienne, pour mieux faire partie de "la suite du Christ", de la "sequela Christi", comme disaient les Anciens ?
- Comment, en notre monde parfois indifférent aux plus âgés, soutenir les plus anciens à réaliser en plénitude leur vie humaine et religieuse tout à la fois ?
- Bref, comment témoigner du Christ - le suivre - à l'intérieur même de nos engagements divers, de nos travaux quotidiens - si banals soient-ils - ? Comment colorer toutes nos activités de la lumière du Christ pascal ?

Mille questions qui paraissent très pratiques, voire insignifiantes pour certains et qui, pourtant, ne sont pas toujours faciles à résoudre pour un chrétien conscient de sa vocation baptismale, religieuse. Les solutions ne peuvent être trouvées sans la prière, sans que chacun, très humblement, prenne conscience de sa vocation de baptisé.
La réussite de la Mission du Christ a autant besoin de petits responsables au ras de la vie de tous les jours, si je puis dire, que de grandes “vedettes” de la sainteté. A nous de ne pas nous dérober. Le Christ nous demande, à chacun, de le suivre. “La foi sans les œuvres est une foi morte”, disait St Jacques !

La foi sans les œuvres ... ! Le pape lui-même ne nous donne-t-il pas un exemple encourageant en ramenant de l'île Lesbos où arrivent, au risque de leur vie, tant d'émigrés fuyant les guerres, en ramenant en son avion trois familles pour les accueillir au Vatican ?

Et pour employer le langage d’un autre apôtre, St Jean, je dirais pour terminer :
- Je vous le dis, à vous les plus anciens, votre vie n’est pas stérile ; le Seigneur embauche jusqu’à la dernière heure !
- Je vous le dis, à vous les plus jeunes, facilement généreux : si votre foi ne s’engage pas concrètement, elle tombera vite dans la routine. L'affreuse routine sécurisante !
- Je vous le dis à vous, les adultes : si votre foi n’est pas active, vous ne la transmettrez pas !

Oui ! “La foi sans les œuvres est une foi morte” !

En cette semaine de prières pour les vocations, prions nous-mêmes et simplement : “Seigneur, j’ai foi en toi, mais augmente en moi cette foi active, afin que je te suive jusqu’en ton Royaume” ! Avec tous mes frères que tu es venu sauver !

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