Baptême de Notre Seigneur 16 C
Quel est celui
d'entre nous qui peut déclarer avec certitude : "J'ai parfaitement compris
ce qu'est être chrétien !" ?
Il semble bien que
c'est tout au long de notre vie que nous découvrons, par bribes et à travers
les événements que nous vivons, le sens de notre mission de chrétiens !
L'enfant pense qu'être
chrétien, c'est venir à la messe le dimanche et aller au catéchisme.
Pour le plus grand, c'est "avoir
fait sa communion", se marier à l'église, continuer à aller à le messe ;
ou encore, c'est "faire du bien autour de soi", faire partie d'un
groupe de chrétiens qui s'efforcent d'approfondir leur foi.
Et quand on devient
adulte, on continue de découvrir à quoi Dieu nous appelle ; on en prend
plus vivement conscience à certaines occasions : ce peut être une parole
entendue par hasard au cours d'une conversation, la lecture d'un passage
d'évangile qui, soudainement, agit en nous comme une force à laquelle on ne
peut résister ; ce peut être aussi un évènement familial, ecclésial, social...,
et encore l'influence d'un ami etc.
On peut dire, me
semble-t-il que Jésus a suivi une démarche semblable dans sa conscience
humaine.
Jeune, Jésus allait
à la synagogue pour prier, entendre la Parole de Dieu comme celle-ci : "Voici mon serviteur que je soutiens...
Je t'ai appelé ; je t'ai tenu la main. Je t'ai mis en réserve, j'ai fait de toi
mon alliance avec mon peuple et la lumière des nations !" (Cf. Is 42. 1 sv).
Ce texte et bien
d'autres semblables, Jésus, comme tout Juif, les avait longuement médités
tandis qu'il travaillait avec Joseph à Nazareth.
Et puis, un jour,
il y eut un évènement important : il entend parler de Jean-Baptiste qui
annonçait : "Le Royaume de Dieu est
proche... Il vient celui qui est plus puissant que moi !".
Jésus vient alors
se faire baptiser par Jean comme beaucoup de Juifs. Et (en tant qu'homme), il comprend que
les textes de l'Ecriture, que l'annonce du Baptiste le concernent
personnellement. Il entend cette voix : "C'est
toi, mon Fils. Aujourd'hui, je t'ai engendrai !".
Autrement dit,
c'est lui, Jésus, le Messie annoncé depuis si longtemps par les prophètes.
Alors, il décide de changer de vie. "Conduit
par l'Esprit", nous dit St Luc, il se retire durant quarante jours
dans le désert, pour prier et chercher, à la lumière de l'Esprit, comment va se
réaliser sa mission !
Quand nous avons
été baptisés, la plupart d'entre nous, nous étions des bébés. Notre baptême n'a
donc pas marqué notre conscience humaine. Raison de plus pour en prendre
conscience peu à peu par la suite. Car ce jour-là, Dieu nous a appelés. Il
nous a choisis. Il nous a dit comme à Jésus : "Tu es désormais mon enfant... Je fais reposer sur toi mon
Esprit... Je compte sur toi pour continuer la mission de Jésus, mon "Premier-né,
frère d'une multitude...". Cette mission, il faut la poursuivre à ton
tour, là où tu vivras, où tu travailleras, ne serait-ce qu'en ta famille quelle
qu'elle soit...".
Oui, être baptisé,
c'est être choisi, appelé par Dieu pour continuer la mission du Christ, là ou
l'on vit !
Ainsi, par le
baptême, nous avons été agrégés à l'Eglise qui est, si je puis dire, la grande "Entreprise"
de Dieu pour annoncer au monde la "Bonne Nouvelle" de la miséricorde
de Dieu, de son amour, de son pardon, "Bonne Nouvelle" inaugurée par
Jésus. Car on ne peut pas être chrétien uniquement pour soi, pour "assurer
son salut", disait-on naguère. Un chrétien tout seul ne peut exister !
Même un ermite doit en avoir une vive perception ! Etre chrétien, c'est être
chargé de mission, d'une manière ou d'une autre, à la suite de Jésus !
Il faut sans cesse
réveiller en nous la grâce de notre baptême, la faire revivre. C'est une
grâce de responsabilité, de solidarité avec l'Eglise, avec tous les autres
chrétiens : "je t'ai appelé, Je t'ai
mis en réserve, j'ai fait de toi mon alliance avec mon peuple et la lumière des
nations !". Si nous avons été agrégés à l'Eglise, ce n'est pas pour y
être des membres passifs !
Dans l'Eglise,
comme l'a rappelé le Concile Vatican II, il y a toutes sortes de services à
assurer, toutes sortes de ministères, plus ou moins visibles, sans doute. Mais
il s'agira toujours de proclamer Dieu, d'annoncer le Christ, de vivre de son
message, d'incorporer sa foi à sa vie... Ste Thérèse de Lisieux avait bien
compris cela, elle qui affirmait avoir trouvé sa vocation : "Dans l'Eglise, je serai l'Amour",
disait-elle. Et quel ne fut pas son rayonnement, et dans l'Eglise et jusque
dans les nations, elle qui fut proclamée "patronne
des missions" !
Oui, dans la
logique de notre baptême et, à plus forte raison, de notre consécration
religieuse, nous devons réfléchir et chercher quel genre de
"ministère" nous pouvons recevoir, en lien avec l'Eglise, au service
du Christ, de l'Evangile.
Je reste toujours
étonné par une mentalité bien française - à cause, sans doute, d'une mauvaise
compréhension de la "séparation de l'Eglise et de l'Etat" - ..., je
reste étonné de la distinction que l'on fait si facilement entre "vie
humaine" (personnelle,
familiale, professionnelle) et "vie chrétienne" (messe du dimanche,
prière etc.),
alors que la vie ne peut être qu'une ! Diviser sa vie, c'est obligatoirement se
faire souffrir... Le Christ est un en deux natures ("union
hypostatique", comme disent les théologiens). Notre vie doit être
"une" : vie humaine dans vie chrétienne et vie chrétienne dans vie
humaine. Etre véritablement chrétien en étant homme (ne pas vouloir
être un "ange"). Etre homme en étant véritablement chrétien. Quel
programme !
On n'est pas
baptisé simplement pour avoir une religion ni simplement pour croire en Dieu.
Un baptisé, c'est
un enfant de Dieu qui doit toujours approfondir sa relation à Dieu par la
prière, par la louange, l'adoration, l'obéissance à la volonté du Père.
Un baptisé, c'est
quelqu'un que Jésus a appelé à devenir son ami, son "associé" ; c'est
quelqu'un sur qui il compte pour poursuivre sa mission.
Notre mission de
chrétien devra toujours aller, comme celle de Jésus, dans le sens d'un surcroît
de vie pour Dieu et pour les autres, d'un surcroît de lumière
pour notre entourage, d'un surcroît d'amour pour le monde.
Notre mission de
chrétien, c'est une "Bonne Nouvelle", c'est la BONNE NOUVELLE du
Christ pour le monde où nous vivons. Et nous baptisés, nous en sommes
responsables !
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