10 Février
- Ste Scholastique
Sainte Scholastique (480-543) !
Sainte
Scholastique était la sœur de saint Benoît.
Suivre
son frère dans la solitude et la vie monastique était son unique aspiration.
Elle
se consacra à Dieu dès sa plus tendre jeunesse, et elle se rapprocha de
son frère, quand il se fut établi au Mont-Cassin, afin de profiter de
ses leçons et de ses exemples.
Saint
Benoît rencontrait alors sa sœur une fois par an. Ils se retrouvaient à
mi-chemin de leurs lieux d'habitation.
Leur
dernier entretien est resté célèbre. Scholastique avait eu prémonition de sa
mort. Elle voulut donc passer toute la nuit à échanger avec son bienheureux
frère sur les joies de la Vie avec le Seigneur.
"Voici un cas,
dit St Grégoire non sans humour, me semble-t-il, où le vénérable Benoît ne put faire ce qu'il voulait.
Sa
sœur Scholastique, consacrée à Dieu dès son enfance, avait coutume de venir le
voir une fois l'an.
Ils passèrent la journée entière dans
la louange de Dieu et les entretiens spirituels, puis... Scholastique fit cette demande à son frère :
-
Je t'en prie, ne me quitte pas cette nuit ; parlons jusqu'au matin des joies de
la vie éternelle.
-
Que dis-tu là, ma sœur ?
répondit Benoît. Il m'est impossible de
passer la nuit en dehors du monastère !
Mais
la moniale, sur le refus de son frère, joignit les mains sur la table et
s'inclina pour prier Dieu.
Quand elle releva la tête, il se fit un
tel fracas d'éclairs et de tonnerre, un tel déluge de pluie, que ni le
vénérable frère Benoît, ni les frères venus avec lui ne pouvaient mettre un
pied dehors. La moniale, en
inclinant la tête, avait répandu sur la table un torrent de larmes qui avait changé en pluie la sérénité du
ciel.
L'homme
de Dieu, au milieu des éclairs, du tonnerre et de l'inondation, vit qu'il ne
pouvait revenir au monastère et, contrarié, se plaignit à sa sœur :
-
Que le Dieu tout-puissant te pardonne, ma sœur, qu'as-tu fait ?
-
Je t'ai prié, répondit Scholastique, tu n'as pas voulu m'entendre ; j'ai prié mon
Seigneur et il m'a entendue. Mais va, sors si tu peux, laisse-moi et rentre au
monastère.
Lui,
cependant, ne pouvait quitter l'abri. Il n'avait pas voulu rester de bonne
grâce, il resta malgré lui.
Toute la nuit ils veillèrent donc
ensemble, parlant de Dieu, et goûtant la joie de cet échange spirituel.
Le
lendemain, la sainte femme revint à sa cellule, et l'homme de Dieu au
monastère. Mais voici que, se trouvant dans sa cellule, trois jours plus tard,
il leva les yeux au ciel et vit l'âme de sa sœur, détachée de son corps, pénétrer
les profondeurs du ciel sous l'apparence d'une colombe".
Au-delà du récit plus légendaire qu'historique,
propre à l'hagiographie du temps, St Grégoire veut transmettre quelques
recommandations utiles pour tous les temps, et le nôtre particulièrement ! Comment
ne pas nous rappeler, aujourd'hui, quelques paroles de la "Règle de saint
Benoit" qui gardent toujours leur actualité dans l'Eglise et qui sont
valables pour tous, quelle que soit notre vocation et notre fonction ?
- D'abord
la valeur du silence. C'est sans doute ce que St Benoît voulait signifier à
sa sœur Scholastique, alors même que le Seigneur accordait au frère et à la
sœur de prolonger leurs entretiens spirituels jusque dans la nuit. St Benoît
écrira dans sa Règle : "Quelquefois
nous devons éviter de parler, même pour dire des choses bonnes. Et cela,
par amour du silence... !" - Quant
aux plaisanteries, les paroles inutiles..., nous les condamnons partout et pour
toujours !". (ch 6).
Oui
aimer le silence ! Jean Tauler dira : "Si
tu parles, le Verbe se tait... Ecouter et se taire, c'est ainsi qu'on va
au-devant du Verbe !". Tant il est vrai que le
silence est le fondement de l'union à Dieu. "Le
langage que Dieu entend le mieux n'est que silence d'amour", disait St
Jean de la Croix ! Car "en
amour, un silence vaut mieux qu'un langage !" - Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas
savoir demeurer au repos dans une chambre. Nous sommes pleins de choses qui nous
jettent dehors !" (Pascal). Oui aimer le silence ! Oh !
certes, le silence n'est pas l'amour, mais il est une précaution pour l'amour !
De toute façon, sachons-le : en tout homme se trouve une part de solitude
qu'aucune intimité humaine ne peut remplir. Mais justement, c'est là que
Dieu nous attend pour mieux le rencontrer !
- Et
le silence est le berceau de la prière ! "Quand nous supplions le Seigneur, le Dieu du monde entier, nous
devons le faire avec...humilité et respect", dira St Benoît. Avec humilité
et respect, silencieusement !
Tous,
dans l'Eglise, à la suite de sainte Scholastique, nous sommes invités - comme
nous le rappelle la prière liturgique de la fête - "à servir le Seigneur avec une charité sans défaut et à goûter la
douceur de son amour". Cette "Douceur de Dieu" nous
l'éprouvons en particulier dans la prière !
Pour
nous, chrétiens, la prière n'est jamais du temps perdu, un temps inutile ou
improductif même si les devoirs qui nous sollicitent de toutes parts sont
importants ; sans cet "oxygène de la prière" nos vies sont en
définitive vides, creuses ou tournent sur elles-mêmes ! "Il n'y a pas de
travail supérieur à celui de prier le Seigneur", dit un apophtegme.
"Parfois - disait
naguère le Pape Benoit XVI -, nous nous lassons
de prier, nous avons l'impression que la prière n'est pas si utile à la vie,
qu'elle est peu efficace. C'est pourquoi, nous sommes tentés de nous consacrer
à l'activité, d'employer tous les moyens humains afin d'atteindre nos objectifs,
et nous n'avons pas recours à Dieu... !
Nous ne devons jamais désespérer, mais
persévérer toujours dans la prière...
Si un homme ne croit pas en la
Bonté de Dieu, il ne peut pas prier de manière vraiment adaptée.
La Foi est essentielle comme fondement
de l'attitude de la prière".(1)
Nous
avons tous besoin de cultiver une relation régulière avec le Seigneur qui est
venu pour que nous ayons la Vie en abondance : en cela, la prière fidèle,
persévérante, régulière nous permet de nous recentrer sur le Seigneur, sur sa
Parole et sa présence sacramentelle. Etre devant le Seigneur ! Peut-être que
celui qui prie vraiment ne fait finalement qu'écouter. "La prière, disait Simone Weil (la philosophe) est la plénitude de l'attention".
L'important dans la prière "n'est
pas de penser beaucoup, mais d'aimer beaucoup !", disait Thérèse
d'Avila. "Je ne lui dis rien (à
Dieu), disait encore Ste Thérèse de Lisieux, je l'aime !". Le Curé d'Ars ne disait pas autre chose.
Sainte
Scholastique, priez pour nous, pour nous tous afin que nous sachions prendre
dans notre vie le temps de nous relier au Seigneur, Lui, le Dieu du monde
entier, que tu as aimé, servi et chanté intensément !
Que
dans la prière ou le travail qui nous incombe, nous ne recherchions qu'une
seule et même chose : glorifier Dieu par toute notre vie !
(1) Benoit XVI. Homélie du dimanche 17 octobre 2010.
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