6e
Dimanche du T.O. 15/B
« Un jour, un lépreux vint
trouver Jésus ! ».
Il a bien du mérite, ce pauvre homme, à
entreprendre cette démarche ! La
première lecture du Lévitique nous le rappelait : ses contemporains l'ont mis
"hors société". Non seulement, il est victime d'une pénible maladie,
mais pour des raisons où se mêlent confusément mesures sanitaires et
superstitions religieuses, il est tenu à l'écart de tout, de la vie de la
société, du culte public. Autour de lui, les autres ont dressé d'infranchissables
barrières !
« Il se
couvrira le haut du visage jusqu'aux lèvres et il criera: "Impur!
Impur!" - C'est pourquoi il habitera à l'écart ».
Mais voici que ce lépreux n'accepte plus d'être un
"mort-vivant", un "exclu" ; il veut redevenir un homme libre,
libre de vivre avec les autres, de retrouver sa dignité et devant Dieu et
devant les hommes. - Alors, il décide de rencontrer Jésus.
« Il tombe à
genoux et le supplie : "Si tu veux, tu peux me purifier !" ».
Et la rencontre est d'une prodigieuse intensité. Ce
malheureux arrive, prisonnier de son mal ; en face, Jésus "pris de pitié devant cet homme", d'un seul geste, va
faire tomber toutes ses entraves :
« Jésus étend
la main, le touche et dit : "Je le veux, sois purifié" ».
Oui, voilà bien une rencontre qui sauve ! A son
terme, les deux interlocuteurs ne sont plus les mêmes :
- Jésus a révélé sa bonté, cette bonté qu'il
tient de Dieu, son Père.
- Le lépreux est guéri ; ce mort social, ce
rejeté, renaît à la vie. Il ne lui restera plus qu'à se présenter au prêtre
qualifié, se rendre au "bureau des constations", si je puis dire. Il
a retrouvé la vie, et, comme presque malgré lui, à la face du monde, il
va proclamer cette "Bonne Nouvelle".
« Jésus fut
pris de pitié devant cet homme ! ».
Même si les exégètes s'interrogent sur la véritable
traduction du texte grec, il ne nous est pas interdit de nous demander pourquoi
Marc fait mention de cette "pitié" de Jésus.
Oh ! Il ne s'agit pas de mettre un peu
d'"émotion" dans le récit, mais bien de nous rappeler que Jésus est
venu chez nous pour rendre visible la miséricordieuse pitié de notre Dieu.
St Luc ne dit-il pas au début de son Evangile : « Voilà l'effet de la bonté profonde de
notre Dieu : grâce à elle nous avons été visité par l'Astre levant venu d'en
haut » c'est à dire par le Christ, Dieu fait homme (Luc 1/78).
Oui, en bravant l'interdit de la Loi et en touchant
cet homme impur et excommunié, Jésus veut nous révéler l'infinie Bonté de
Dieu pour l'homme.
Certes, ici, le geste du Christ aboutit à une guérison
corporelle ; et nous-mêmes, ce matin, en écoutant ce récit de guérison, y
sommes très sensibles. Mais n'est-il pas souhaitable d'aller un peu plus loin
et de déceler la pureté spirituelle, la rectitude intérieure que Jésus veut
nous apporter de la part de Dieu :
« Il s'est
donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de purifier
un peuple qui lui appartienne, qui soit plein d'ardeur pour les belles œuvres » (Tite 2/14).
Finalement, Jésus
semble accorder peu d'importance au miracle ; ce n'est pas une
"pièce-maîtresse" de sa "stratégie missionnaire" : « Attention, ne dis rien à personne ! ».
Il veut nous faire comprendre, par cette guérison
de la lèpre (qui, chez les Juifs, était attribuée
à Dieu seul) que le temps du Règne de Dieu est arrivé, qu'en Lui
réside la puissance souveraine de Dieu, capable de tout purifier, de rendre
droit ce qui est tordu… :
« Lui parle,
ceci est. Lui commande, ceci existe ! » (Ps 33/9).
Aujourd'hui encore, par les sacrements et notamment
l'Eucharistie, Jésus "étend la
main" et nous "touche"…
Dans la foi, sommes-nous conscients d'être ainsi,
par le Christ, mis en relation avec Dieu notre Père tout-puissant qui seul peut
nous purifier, nous réhabiliter comme fils de Dieu ? -
Et quelles peuvent en être les conséquences dans
notre vie quotidienne ?
« Une fois parti, le lépreux guéri se mit à
proclamer bien haut et à répandre la nouvelle ».
Voilà ce qui fait sans doute (plus que la guérison elle-même) le résultat le
plus spectaculaire de la rencontre de Jésus et du lépreux.
Cet homme rejeté, exclu de tout, va pouvoir enfin vivre
! C'est cela la Nouvelle ; et cette Nouvelle va provoquer des bouleversements :
autour de lui, tout va s'agiter…; des liens, des solidarités vont se créer, des
prises de conscience se révéler.
Bien sûr, dans l'Evangile, apparemment, Jésus va en
être la victime. il va être obligé de rester en "des endroits déserts" ; pourtant, ce dynamisme, ce zèle
un peu tapageur du lépreux sont remarquables ! Et ils nous interrogent !
Nous avons des rencontres régulières avec le Christ
(notre Eucharistie quotidienne ou dominicale en est une) ; mais voyons :
sommes-nous si pressés de faire partager aux autres la joie de notre guérison,
de notre vie avec le Seigneur ? Nos amis, ceux avec qui nous vivons s'en
rendent-ils même compte ?
Sommes-nous si sûrs de n'avoir pas, nous aussi,
d'une manière ou d'une autre, à "proclamer
et répandre la "Nouvelle", la Bonne Nouvelle de notre Alliance
avec Dieu ?
Aussi, réfléchissons dans la Paix, dans
l'Espérance. Par l'Eucharistie notamment, nous sommes venus
"rencontrer" le Seigneur. Puissions-nous l'entendre nous dire : « Je le veux, sois purifié ! ». Alors, nous proclamerons dans la joie,
spécialement à tous les "exclus" humains ou spirituels - et ils sont
plus nombreux que nous pouvons le penser -, nous proclamerons : « Dieu aime les hommes ! ». Quelle
"Bonne Nouvelle" ! Evangile : "Bonne Nouvelle ! Dieu nous aime !
Et comme Dieu n'aime pas "en masse", si je puis dire, proclamons que
Dieu nous aime, chacun, chacune en particulier !
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