T.O. 15 Mercredi
2013 -
Il faut sans cesse se souvenir pour notre propre existernce
de l'importance du thème biblique déjà rencontré : "Voir Celui qui nous voit !". Nous sommes en
marche comme le pèlerin du psaume 83ème : "Que tes demeures sont désirables, Seigneur... Mon âme soupire et
languit après les parvis du Seigneur...
Mon cœur et ma chair - c'est-à-dire tout mon être - crient de joie vers le Dieu vivant !" Et avec lui, tous les
pèlerins "marchent de hauteur en
hauteur - ou - de vertus en vertus pour apparaître devant Dieu". C'est comme
si déjà il voyait Dieu !
Et on se souvient de l'histoire d'Abraham en route vers le
pays de "Morrya" la terre que Dieu lui montrera, la terre de la
"vision". Et de même pour Agar réconfortée au "puits du Vivant qui voit !".
Et c'est la même expérience qui est proposée à méditer
aujourd'hui. Il suffit de lire le texte de la lecture : "Moïse faisait paître le petit bétail de son beau-père... L'Ange
de Dieu se fit voir dans une flamme de feu, du milieu d'un buisson.
Moïse vit : le buisson était embrasé mais ne se consumait pas. Moïse dit
: "Je vais faire un détour pour voir cette grande vision...
et pourquoi le buisson ne se consume pas". Dieu vit qu'il faisait
un détour pour voir... Dieu lui
dit : "N'approche pas d'ici, retire les sandales de tes pieds car le lieu
où tu te tiens est une terre sainte". Alors Moïse se voila la face, car il
frémit de regarder (de voir) Dieu !".
Vous l'avez remarqué : le verbe "voir" revient avec
une insistance quasi obsédante ! Dieu
voit Moïse qui cherche à voir ! N'est-ce pas là toute notre démarche de
foi ?
Et pour chercher à voir, il faut souvent "faire un
détour" ! "Je vais faire un
détour pour voir cette grande vision !", dit Moïse. Si
la curiosité est souvent un vilain défaut, il existe cependant, dit St Thomas
d'Aquin, une bonne curiosité qui cherche à "voir Dieu", qui s'efforce
de fouiller en quelque sorte les coffres du Saint-Esprit pour acquérir les "dons
de Dieu" qui nous permettent de voir déjà !
Moïse a quitté la civilisation artificielle de
l'Egypte. - Or, tous, nous nous fabriquons nous-mêmes, - même dans l'univers
d'un cloître -, un monde artificiel qui a d'autant plus de force qu'il se
construit sur des habitudes si bien ancrées qu'il nous semblerait mourir dans un
désert que de les abandonner !
Moïse a quitté un monde ; il est dans la solitude du
désert... Il n'a plus les béquilles des habitudes du monde d'ici-bas.
Cependant, il reste attentif. Aussi fait-il un détour pour
voir ! Nous avons tous à faire un détour pour être sur la trajectoire de Dieu
qui passe... !
Il est important de se le répter : ce n'est pas Dieu qui
n'est pas là, présent ! Dieu est partout présent ; et on ne pourrait pas
remuer le bout du doigt si Dieu ne nous donnnait pas l'existence à chaque
instant par une création continue. Ce n'est pas Dieu qui n'est pas présent ; c'est
nous qui sommes souvent absents. Nous sommes tous malades de cette maladie dont
parle Pascal : le divertissement. Nous pensons à tout sauf aux choses
importantes.., sauf à Dieu que l'on oublie, si bien que, selon l'expression de Simone Weil - la
philosophe ! -, “Dieu et l’homme sont
comme deux amants qui se sont trompés sur le lieu du rendez-vous : l’homme attend
Dieu dans le temps, et Dieu attend l’homme dans l’éternité !". Et
c'est bien ennuyeux parce qu'alors on perd son temps ; et à force de perdre son
temps, on perd sa vie. Et nous n'en avons qu'une !
Mais
Dieu nous interpelle si nous acceptons de faire un détour ! Un détour qui
souvent consiste à passer du paraître à l'être.
Au
fond, nous vivons tous - plus ou moins, je vous l'accorde quand même ! -, nous
vivons tous au plan superficiel du paraître, selon les fonctions que nous
pouvons exercer, selon nos responsabilités montées si souvent en épingle ! Nous
jouons tous des comédies - et le pire c'est qu'elles ne sont pas du tout amusantes
la plupart du temps ! -.
Or
Dieu est "Celui qui est", comme il le révèle à Moïse. Et pour
être sur la trajectoire de Dieu quand il passe, il faut avoir un minimum de
ressemblance avec lui qui est l'Etre. Il faut donc faire souvent un détour pour
passer du paraître à l'être.
Etre
tel que l'on est devant Dieu qui est l'Etre ! Et tant pis si l'on est
grand pécheur ; ou plutôt tant mieux si l'on se reconnaît tel devant Dieu !
Car, dit David après sa faute : "Seigneur,
tu aimes la vérité jusque dans les ténèbres...!". Etre ce que l'on est
et laisser Dieu balayer les ténèbres du fond de notre cœur !
C'est
alors que l'on peut solliciter Dieu : "Seigneur,
crée pour moi un cœur pur, enracine en moi un esprit tout neuf !". Ce
qui nous permet de commencer à voir Dieu !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire