T.O.
14 - Lundi - (Gen 28.10-22)
Une simple réflexion aujourd'hui, étant
données les circonstances diverses...
Vous le savez : un Juif ne prononce pas
le "Nom" divin. "Quel
est ton Nom ?", demandait Moïse à Dieu. "Je suis !", traduit-on la réponse de Dieu, quelque peu
énigmatique ! C'est plutôt une fin de non-recevoir : Mon Nom, tu ne peux le
connaître ! D'autant que savoir le nom de quelqu'un, c'est avoir prise sur lui
en quelque sorte. Ainsi, Adam donne un nom aux animaux de la terre que Dieu lui
donne en possession... Or, Dieu, on ne peut le "posséder" !
A Moïse, Dieu répond donc : "Je suis !". Cela doit te
suffire. Autrement dit : Avance dans la vie. Et au fur et à mesure que tu
mettras un pied l'un devant l'autre dans l'existence, tu découvriras que "Je suis !" - "Je suis avec toi !"
Notons que c'est le langage de Notre
Seigneur dans l'évangile de St Jean, spécialement en la fête de Soukkot - et
c'est important de le remarquer - quelques jours avant d'accomplir sa
"Pâques" : "Je suis la
lumière..., je suis la Porte..., Je suis l'eau vive..., Je suis la voie, la
vérité, la Vie !" etc. "Je
suis !"
Et c'est ce que souligne Jacob à sa façon
dans notre lecture. Après sa vision nocturne et les promesses d'Alliance que
Dieu lui adresse, il s'écrie : "Dieu
est dans le lieu (HaMakom,
LE
LIEU
par excellence) et je ne le savais pas...
C'est la Maison de Dieu..., la porte du ciel !". LE LIEU est présence de
Dieu ! LE
LIEU est Dieu lui-même !
Dès lors, pour remplacer le Nom divin que
l'on ne prononce pas, un Juif dira : "Adonaï"
("Seigneur"), ou "Hashèm" ("Le Nom") ou bien justement : "HaMakom" ("Le
Lieu"). "HaMakom" : LE LIEU qui n'est que présence
divine. !
Bien après Jacob, le roi Josias, par sa
réforme, supprimera non seulement les cultes idolâtriques, mais aussi tous les
lieux saints orthodoxes pour qu'il n'y ait plus qu'un seul "Lieu
Saint", à Jérusalem : LE LIEU : "HaMakom".
Et quand on lit le Deutéronome (Ch. 12ème surtout) rédigé, pour une
grande part, au temps de Josias, il y a comme un refrain à propos de Jérusalem
: "LE
LIEU que Dieu a choisi
pour y faire habiter son Nom !" -
Caïphe, un "professionnel" au
temps de Jésus, ne s'y trompe pas quand il dit : "Si cet homme (Jésus) continue, les
Romains vont venir détruire LE LIEU !", "ton topon", en grec avec
l'article c'est-à-dire "LE LIEU" par excellence. Pour Caîphe,
ce serait détruire le "HaMakom", le lieu divin ; ce serait profaner
le Nom divin, ce serait nier Dieu lui-même !
Et je me faisais une réflexion en ce jour -
le 40ème - anniversaire de mon ordination sacerdotale. Et je vous remercie
vivement de vos prières à mon intention. Mais veuillez continuer par la suite s'il
vous plaît...!
Je me faisais donc une réflexion, ou
plutôt, je faisais un rapprochement :
- Dans le récit du sacrifice d'Isaac,
il est dit : "Abraham partit pour
LE LIEU ("HaMakom")
que Dieu lui avait indiqué". Et
si vous interrogez des rabbins, ils vous diront que le lieu du sacrifice
d'Isaac, c'est le mont Moriah, le mont de "la vision" ; c'est
Jérusalem. Et ils vous diront encore que Jacob eût la vision de son échelle,
non point à Bethel actuel (pensez-vous !), mais à Jérusalem. Ils ont de la
géographie une notion très particulière tant ces récits sont pour eux des
récits "étiologiques" du "LIEU que Dieu a choisi
pour y faire habiter son Nom !".
- Aussi, on comprend que Jésus désirait
d'un grand désir parvenir à Jérusalem, "car
il n'est pas possible qu'un prophète périsse hors de Jérusalem" (Lc13.33). Il désirait être
dans LE
LIEU
divin, "HaMakom" pour établir, par son mystère pascal, la véritable
Alliance entre Dieu et l'homme.
- Et cette Alliance se réactualise en chaque
Eucharistie. L'Eucharistie, c'est désormais "LE LIEU que Dieu a choisi pour y faire habiter son
Nom !". C'est le Nom de Dieu qui nous est donné. L'Eucharistie est la "Porte du ciel !". - C'est LE LIEU où Jésus
ressuscité nous dit : "Je vais vers
mon Père et votre Père...!". L'Eucharistie, c'est notre mont Moriah (un mot dont la
racine est le verbe "voir"), notre mont de "la vision" où
nous commençons à voir Celui qui nous voit sans cesse ! le Curé d'Ars avait
raison de s'écrier : "Si on savait
ce qu'est la messe !". - "Dieu est dans LE
LIEU
et je ne le savais pas...!", disait
Jacob.
C'est sans doute dans ce contexte qu'il
faut trouver la réponse à une question que je me pose, question que je vous
transmets malicieusement - certaines n'en seront pas étonnées -. Vous trouverez
surement la réponse : Il est dit que Jacob eut la vision d'une échelle sur
laquelle les anges montaient et descendaient, précision que Notre
Seigneur rependra dans son dialogue avec Nathanaël.
Mais comment les anges peuvent-ils monter
avant de descendre ?
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