lundi 8 juillet 2013

"Le Lieu !"

T.O. 14 - Lundi        -                   (Gen 28.10-22)

Une simple réflexion aujourd'hui, étant données les circonstances diverses...

Vous le savez : un Juif ne prononce pas le "Nom" divin. "Quel est ton Nom ?", demandait Moïse à Dieu. "Je suis !", traduit-on la réponse de Dieu, quelque peu énigmatique ! C'est plutôt une fin de non-recevoir : Mon Nom, tu ne peux le connaître ! D'autant que savoir le nom de quelqu'un, c'est avoir prise sur lui en quelque sorte. Ainsi, Adam donne un nom aux animaux de la terre que Dieu lui donne en possession... Or, Dieu, on ne peut le "posséder" !

A Moïse, Dieu répond donc : "Je suis !". Cela doit te suffire. Autrement dit : Avance dans la vie. Et au fur et à mesure que tu mettras un pied l'un devant l'autre dans l'existence, tu découvriras que "Je suis !" - "Je suis avec toi !"
Notons que c'est le langage de Notre Seigneur dans l'évangile de St Jean, spécialement en la fête de Soukkot - et c'est important de le remarquer - quelques jours avant d'accomplir sa "Pâques" : "Je suis la lumière..., je suis la Porte..., Je suis l'eau vive..., Je suis la voie, la vérité, la Vie !" etc. "Je suis !"

Et c'est ce que souligne Jacob à sa façon dans notre lecture. Après sa vision nocturne et les promesses d'Alliance que Dieu lui adresse, il s'écrie : "Dieu est dans le lieu (HaMakom, LE LIEU par excellence) et je ne le savais pas... C'est la Maison de Dieu..., la porte du ciel !". LE LIEU est présence de Dieu ! LE LIEU est Dieu lui-même !

Dès lors, pour remplacer le Nom divin que l'on ne prononce pas, un Juif dira : "Adonaï" ("Seigneur"), ou "Hashèm" ("Le Nom") ou bien justement : "HaMakom" ("Le Lieu"). "HaMakom" : LE LIEU qui n'est que présence divine. !

Bien après Jacob, le roi Josias, par sa réforme, supprimera non seulement les cultes idolâtriques, mais aussi tous les lieux saints orthodoxes pour qu'il n'y ait plus qu'un seul "Lieu Saint", à Jérusalem : LE LIEU : "HaMakom".
Et quand on lit le Deutéronome (Ch. 12ème surtout) rédigé, pour une grande part, au temps de Josias, il y a comme un refrain à propos de Jérusalem : "LE LIEU que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom !" -
Caïphe, un "professionnel" au temps de Jésus, ne s'y trompe pas quand il dit : "Si cet homme (Jésus) continue, les Romains vont venir détruire LE LIEU !", "ton topon", en grec avec l'article c'est-à-dire "LE LIEU" par excellence. Pour Caîphe, ce serait détruire le "HaMakom", le lieu divin ; ce serait profaner le Nom divin, ce serait nier Dieu lui-même !

Et je me faisais une réflexion en ce jour - le 40ème - anniversaire de mon ordination sacerdotale. Et je vous remercie vivement de vos prières à mon intention. Mais veuillez continuer par la suite s'il vous plaît...!

Je me faisais donc une réflexion, ou plutôt, je faisais un rapprochement :
- Dans le récit du sacrifice d'Isaac, il est dit : "Abraham partit pour LE LIEU ("HaMakom") que Dieu lui avait indiqué". Et si vous interrogez des rabbins, ils vous diront que le lieu du sacrifice d'Isaac, c'est le mont Moriah, le mont de "la vision" ; c'est Jérusalem. Et ils vous diront encore que Jacob eût la vision de son échelle, non point à Bethel actuel (pensez-vous !), mais à Jérusalem. Ils ont de la géographie une notion très particulière tant ces récits sont pour eux des récits "étiologiques" du "LIEU que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom !".

- Aussi, on comprend que Jésus désirait d'un grand désir parvenir à Jérusalem, "car il n'est pas possible qu'un prophète périsse hors de Jérusalem" (Lc13.33). Il désirait être dans LE LIEU divin, "HaMakom" pour établir, par son mystère pascal, la véritable Alliance entre Dieu et l'homme.

- Et cette Alliance se réactualise en chaque Eucharistie. L'Eucharistie, c'est désormais "LE LIEU que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom !". C'est le Nom de Dieu qui nous est donné. L'Eucharistie est la "Porte du ciel !". - C'est LE LIEU où Jésus ressuscité nous dit : "Je vais vers mon Père et votre Père...!". L'Eucharistie, c'est notre mont Moriah (un mot dont la racine est le verbe "voir"), notre mont de "la vision" où nous commençons à voir Celui qui nous voit sans cesse ! le Curé d'Ars avait raison de s'écrier : "Si on savait ce qu'est la messe !". - "Dieu est dans LE LIEU et je ne le savais pas...!", disait Jacob.

C'est sans doute dans ce contexte qu'il faut trouver la réponse à une question que je me pose, question que je vous transmets malicieusement - certaines n'en seront pas étonnées -. Vous trouverez surement la réponse : Il est dit que Jacob eut la vision d'une échelle sur laquelle les anges montaient et descendaient, précision que Notre Seigneur rependra dans son dialogue avec Nathanaël.

Mais comment les anges peuvent-ils monter avant de descendre ?

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