mercredi 22 août 2012

Ste Marie, Reine


Marie, Reine de l’Univers – 22 Août      

Oui, Marie est Reine, parce qu’elle est parfaitement conforme à son Fils qui avait répondu à Pilate : “Oui, je suis Roi !“ - Mais “mon Royaume n’est pas de monde“.

Ainsi, le Concile Vatican II déclare : “La Vierge Immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée, corps et âme, à la gloire du ciel et exaltée par le Seigneur comme Reine de l’Univers, pour être ainsi entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux de la mort et du péché“ (L.G. 59).

La fête fut d’abord instituée en 1954 par Pie XII - les plus anciens s’en souviennent certainement - dans le contexte encore très difficile de l’après-guerre (mais notre temps n’est-il pas encore “difficile ?), quelques années après la proclamation du dogme de l’Assomption (1950). C’était comme une conséquence toute naturelle de cette proclamation ! “Nous ordonnons, disait le pape Pie XII dans sa lettre encyclique « Ad caeli Reginam », que ce jour-là, on renouvelle la consécration du genre humain au Cœur immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie“. (n° 34).
Er le pape Jean-Paul II précisera que servir le Christ, le Roi de l’Univers, c’est «régner»“ (Redemptoris Mater n° 41). Or Marie fut la “servante“ par excellence : “Je suis la servante du Seigneur“ !

Le meilleur commentaire de la fête d’aujourd’hui est certainement l’encyclique du pape Jean-Paul II “Redemptoris Mater“, et son enseignement lors de l’audience du 23 juillet 1997.  “À partir du 5ème siècle, rappelle le pape, au cours de la même période qui voit le Concile d'Éphèse la proclamer "Mère de Dieu", (c’est à noter !), on commence à attribuer à Marie le titre de Reine. Par cette nouvelle reconnaissance de sa très haute dignité, le peuple chrétien veut la placer au-dessus de toutes les créatures, exaltant son rôle et son importance dans la vie de toute personne singulière et du monde entier“.

Mais déjà, dans un fragment d'homélie attribué à Origène (2ème-3ème s.), apparaît ce commentaire au sujet des paroles prononcées par Elisabeth lors de la Visitation : "C'est moi qui aurais dû venir à toi, parce que tu es bénie plus que toutes les femmes, toi, la mère de mon Seigneur, toi, ma Dame" (1). Dans ce texte, on passe spontanément de l'expression "la mère de mon Seigneur" à l'appellation "Ma Dame", anticipant ce que déclarera plus tard saint Jean Damascène (8ème s) qui attribue à Marie le titre de "Souveraine" : "Quand elle est devenue mère du Créateur, elle est devenue véritablement la souveraine de toutes les créatures" (2).
Et le pape de souligner, après Pie XII, que le fondement de la royauté de Marie, outre sa maternité, est sa coopération à l’œuvre de la Rédemption : la Vierge Marie, Reine du Ciel et Souveraine du monde, “se tenait debout, dans la douleur, près de la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ".  Marie est Reine non seulement parce qu'elle est Mère de Dieu, mais aussi parce que, associée comme nouvelle Ève au nouvel Adam, elle coopéra à l’œuvre de la Rédemption du genre humain !

Ste Thérèse de Lisieux avait écrit : “On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus mère que reine, et il ne faudrait pas faire croire (comme je l'ai souvent entendu dire) qu'à cause de ses prérogatives elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil, à son lever, fait disparaître les étoiles. Mon Dieu, que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi je pense tout le contraire, je crois qu'elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus“.

Est-ce en référence à cette réflexion que le pape Pie XII qui avait été à Lisieux en 1937, en tant que légat du pape, pour la consécration de la nouvelle basilique, écrivait : "Ayant pour nous une affection maternelle et assumant les intérêts de notre salut, elle étend sa sollicitude à tout le genre humain. Établie par le Seigneur Reine du Ciel et de la terre…, elle reçoit tout ce qu'elle demande et n'éprouve jamais de refus". Et Jean-Paul II de préciser : “Les chrétiens regardent donc avec confiance vers Marie Reine, et cela non seulement ne diminue pas mais, au contraire, exalte leur abandon filial envers celle qui est mère dans l'ordre de la grâce“.Et de citer St Germain de Constantinople (8ème s.) qui s’adresse à Marie en ces termes : Le Christ a voulu "avoir, pour ainsi dire, la proximité de tes lèvres et de ton cœur ; il accède ainsi à tous les désirs que tu lui exprimes quand tu souffres pour tes enfants, et il exécute, par sa puissance divine, tout ce que tu lui demandes". (3)

Et Jean-Paul II de conclure : “Loin, donc, de créer une distance entre nous et elle, l'état glorieux de Marie suscite une proximité continuelle et pleine d'attentions. Elle connaît tout ce qui advient dans notre existence et nous soutient de son amour maternel dans les épreuves de la vie. Élevée dans la gloire du Ciel, Marie se consacre totalement à l’œuvre du salut pour communiquer à tout être vivant la félicité qui lui a été concédée. Elle est une Reine qui donne tout ce qu'elle possède, partageant surtout la vie et l'amour du Christ“.

Que Marie que notre époque oublie un peu trop (!) soit donc notre Reine et Mère. Et nous serons alors dans la paix, “la Paix Notre-Dame“ : une paix avec Dieu par le Christ notre Rédempteur et sa Mère, Reine ; et, de ce fait, une paix entre nous !

(1) Fragmenta, PG 13,1902D
(2) De fide orthodoxa, 4,14, PG 94,1157
(3) Hom. 1, PG 98,348


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