5ème semaine de Carême - Mercredi
Aujourd’hui encore, l’évangile nous fait rejoindre Jésus dans le Temple de Jérusalem, pendant la "fête des Tentes" ("Soukkot"), fête qui n'a pas trouvé son équivalent, comme Pâques et Pentecôte, dans le christianisme. Or St Jean nous fait pourtant revivre cette fête de "Soukkot" avec Jésus (ch. 7,8 et 9) dans le Temple de Jérusalem et aux alentours de la piscine de Siloé. "Siloé", en hébreu, veut dire "envoyé".
Et tout
tourne alors, juste avant la mort et la résurrection du Christ, autour de cette
grande question : Jésus, est-il, oui ou non, l’Envoyé de Dieu ?
C’était là,
ira-t-on souvent, une question interne
au peuple juif.
En est-on
certain ? Cette question nous
serait-elle étrangère ? Jésus, est-il
l’Envoyé de Dieu ?
Je pense
à ce que le pape Jean-Paul II disait lors de sa visite à la Synagogue de Rome
le 13 avril 1986. Se référant au document "Nostra Aetate" du 2ème
Concile du Vatican, il précisait : "L’Eglise du Christ découvre son "lien"
avec le judaïsme, en scrutant son propre mystère. La religion juive ne nous
est pas "extrinsèque", mais d’une certaine manière, elle est
"intrinsèque" à notre religion. Nous avons donc envers elle des
rapports que nous n’avons avec aucune autre religion. Vous êtes nos frères
préférés, et, d’une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés".
En alors,
en vertu de ce lien intrinsèque avec les Juifs, pourquoi les chrétiens ne célèbrent-ils pas
la "fête de Soukkot" comme ils
célèbrent Pâques et Pentecôte à l'exemple du peuple juif ? Et bien, si on ne la célèbre pas, c’est que la question
reste posée, comme nous le montre si bien St Jean : Jésus,
est-Il oui ou non l’Envoyé ?
La
question posée dans le Deutéronome, juste après la promesse solennelle faite
par Moïse et entérinée par Dieu, est la question de la venue d’un
Prophète par excellence.
Dt
18,15 : "le Seigneur ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de
toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez".
On ne
pourra célébrer Soukkoth que lorsque la question, ici posée, sera résolue d’un
commun accord par le judaïsme et le christianisme. C’est une question qui reste
posée, semble-t-il, à l’intérieur de l’Unique peuple de Dieu. Une
question intrinsèque.
La
question reste posée : qui sont les vrais fils d’Abraham ? Le langage de Jésus , chez St Jean, contient
en germe toute la théologie que développera St Paul, surtout dans les lettres
aux Galates et aux Romains.
Les fils
d’Abraham sont ceux qui sont sortis de l’esclavage et qui ont accédé à la liberté
au temps de l’Exode. Certes !
Mais de
quel exode s’agit-il ?
- De
celui, uniquement, de la sortie d’Egypte que la Pâque juive de "Pessah"
célèbre. ?
- ou de
cet Exode dont Moïse et Elie s’entretiennent avec Jésus sur la Montagne
de la Transfiguration, avant la montée de Jésus à Jérusalem où s’accomplira son
"élévation "…?
"Quand
vous aurez élevé le Fils de l’Homme, alors vous comprendrez que Moi, Je Suis"
Déjà le
prophète Isaïe parlait en ce sens .Cf Is 40.
Avec les
Juifs, nous pouvons célébrer une "fête d Soukkot", faire mémoire et évoquer le premier exode,
celui de la sortie d’Egypte,
comme un
premier exode, figure de l’exode définitif que nous fait faire Jésus,
non plus
d’Egypte en Transjordanie,
non plus
de Babylone à Jérusalem,
mais du péché à la grâce,
de la mort à la vie,
des
aliénations fondamentales dont nous sommes esclaves à la liberté des enfants de
Dieu.
Alors, Jésus, est-il oui ou non l’Envoyé de
Dieu ?
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