Pâques. 2020.A
La fête de Pâques, c'est d'abord la résurrection de Jésus,
c'est à dire le "passage" (sens
du mot "Pâques") de Jésus à la vie définitive en Dieu, avec
son humanité.
La Pâque des Hébreux
Mais la Bible nous parle déjà d'une première "pâque",
d’un premier “passage” qui eut lieu au temps de Moïse, environ quatorze siècles
avant notre ère.
Mais de quel “passage” s'agissait-il ?
A cette époque, les Hébreux,
en Egypte, étaient une minorité de plus en plus opprimée, condamnée
aux travaux forcés, réduite en esclavage.
Alors, Dieu suscite Moïse pour obtenir leur libération.
Car Dieu ne veut pas que des peuples, des personnes soient opprimés par d'autres peuples,
d’autres personnes. Ce qui définit l'homme, c'est sa liberté, sa possibilité de
conduire lui-même sa propre vie. Aussi, Dieu dit à Moïse : Tu vas faire "passer"
tes frères de l'esclavage à la liberté, de la servitude au service de Dieu et
des hommes. Telle fut la première pâque. Et il est toujours actuel ce
“passage” de la servitude au service (même jeu de mots, en hébreu !).
Mais, pour passer de la servitude au service, il y a un
immense désert. Les Hébreux mirent 40 ans (symbole)
à le traverser. Ce fut une période douloureuse, apparemment mortelle. Souvent, les Hébreux voulurent faire
marche arrière, préférant la sécurité
misérable de leur esclavage en Egypte à la perspective exigeante de devenir un
peuple libre !!!
Oui, durant cette longue traversée du désert, les Hébreux
eurent l'impression d'aller vers la mort. En réalité, ils allaient vers
la vie, la vraie vie, la terre de la liberté.
Mais, ils ne pouvaient pas
devenir un peuple libre sans passer par une sorte de mort, sans mourir à leur
mentalité d'esclave, à leur passivité, leur servilité.
Pour naître à la vie du service de Dieu et des
hommes, il faut mourir à sa situation d'esclave, briser bien des
chaînes ;
cela exige efforts et courage. La longue traversée du désert symbolisait ces
exigences et cette mort.
La Pâque de Jésus.
Cette
Pâque des Hébreux nous apporte une
lumière sur Jésus lui-même. Car il a “revécu” pour son
propre compte ce que son peuple avait vécu auparavant. Il monte au calvaire,
vers la mort. En réalité, il va,
avec toute son humanité, vers la vraie vie, la
vie même de Dieu.
La
résurrection de Jésus n'est pas le retour à sa vie terrestre ; elle est le "passage"
à la vie de Dieu ; et les conditions de sa vie sont désormais celles de la vie de Dieu :
aussi, Jésus ressuscité n'est plus lié comme nous à tous les conditionnements de l'espace
et du temps.
Et pourtant,
c'est bien le même Jésus. En passant par la mort et la résurrection, le Fils de
Dieu ne s'est pas dépouillé
de l'humanité assumée lors de son
incarnation ; il n'a pas rejeté son corps comme une chose
devenue inutile, méprisable. Non, c'est Jésus tout entier, homme et Dieu,
qui est vivant désormais au cœur même de la Sainte Trinité. Grâce à lui, on peut dire que
l'humanité, prise globalement, dans son ensemble, a déjà une place dans la
gloire de Dieu.
Telle est
la Pâque de Jésus, le "passage" de Jésus que nous fêtons aujourd'hui.
La Pâque du Chrétien.
Mais nous
aussi, nous devons faire notre “passage”, notre pâque, comme les Hébreux jadis,
et comme Jésus aussi. - Et c'est lui qui
nous entraîne à sa suite ; c'est lui le “passeur”. Grâce
à lui, la mort n'est plus une impasse, ni
un retour au néant. Grâce à lui, notre mort sera pour nous aussi
le passage à la vie définitive
en Dieu pour laquelle nous avons été créés. – Là, nous
découvrirons notre véritable dimension :
l'homme ne
se définit pas simplement par ses seules dimensions terrestres ; Dieu nous a
créés pour que nous trouvions "en
lui, par lui, avec lui" la plénitude de notre bonheur, de la vie. Nous
en faisons l'expérience souvent : ici-bas, nous n'arrivons jamais à atteindre l'amour parfait, la
beauté parfaite, la vérité parfaite, la communication parfaite avec les autres
; tout cela
reste fragile, incomplet, éphémère. Nous ne serons pleinement rassasiés qu’en
Dieu, avec lui, par lui.
Nos Pâques quotidiennes.
Ce
passage, cette pâque définitive en Dieu, se fera à travers notre mort, comme
pour Jésus.
Mais il
nous faut le préparer chaque jour à travers
toutes les décisions que nous prenons, tous les choix que nous faisons et qui sont
autant de petites pâques, de petits “passages”, accompagnés de petites libérations.
Quand je décide d’être au service d’autrui,
quand pour
cela je décide de renoncer à une satisfaction,
chaque
fois je me libère un peu de
mon égoïsme, je le fais mourir en moi.
Chaque
fois que je passe par une libération, par une sorte de mort pour découvrir
quelque chose de la vraie liberté et de la vraie vie, j’accomplis déjà en moi
la Pâques du Christ.
De tous
nos choix, de toutes nos décisions de chaque jour, nous pouvons donc faire
autant de pâques, de “passages”, de libérations vers la plénitude de vie pour
laquelle nous sommes faits. C'est ainsi qu'un Jour, grâce au Christ ressuscité,
nous deviendrons des hommes vraiment complets et définitivement achevés.
Ici-bas, nous ne serons jamais que des hommes en devenir, en cours de formation
; c'est en Dieu seul que nous atteindrons notre croissance et notre taille
définitives.
La Pâque de l'univers
Mais, ne
pensons pas qu'à nous... Pensons aussi à tous nos frères, chrétiens ou non : ne
sommes-nous pas tous solidaires les uns des autres ? “Toute âme qui s'élève élève le monde”. Nous pouvons dire de même :
Tout homme qui passe de l'égoïsme à l'amour, du doute à la foi, du
découragement à l'espérance, des ténèbres à la lumière, de l'erreur à la
vérité… tout homme qui grandit ainsi dans la vie du Christ ressuscité contribue
à faire grandir avec lui l'humanité toute entière.
La
résurrection du Christ est en marche.
L'éternité de la vraie vie est commencée. L'univers tout entier aspire à sa
pâque éternelle. C’est en ce sens que St Paul disait : “vous êtes ressuscités avec le Christ...
Recherchez donc les réalités d'en haut ! Tendez vers les réalités d'en haut !”.
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