lundi 14 septembre 2020
24e Dim. T.O. 20.A
L’évangile de dimanche dernier nous invitait à régler notre comportement vis-à-vis des autres en nous souvenant que nous sommes “frères”, fils du même Père, d’un Père qui tient à ce que “personne ne se perde”... Aussi, concluait l’évangile, il faut tout tenter pour sauver, pour “gagner” ce frère !
L’évangile d’aujourd’hui va encore plus loin. Il rappelle que les disciples ont d’autant moins de raison d’accepter “qu’un seul de ces petits ne se perde” qu’ils sont eux-mêmes pécheurs, débiteurs insolvables dont la dette totale est cependant remise. Ils sont bénéficiaires d’un pardon qui appelle le pardon.
Déjà, l’A.T. enseignait “Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, nous dit la 1ère lecture, comment peut-il demander à Dieu la guérison ?" C’était déjà, là, un immense progrès, une victoire sur la vengeance naturelle proclamée au début de l’humanité et qui, malheureusement, est parfois d’actualité ! Le livre de la Genèse rapporte l’âpreté de la vengeance d’un descendant de Caïn : “Femmes de Lamek, écoutez-moi : j’ai tué un homme pour une petite blessure, un enfant pour une meurtrissure. Oui, Caïn sera vengé sept fois, et Lamek 77 fois 7 fois". –
Avec Moïse et depuis l’Alliance avec Dieu, les relations humaines devenaient moins tendues. –
Mais Jésus va encore beaucoup plus loin. Son exigence, à lui, réside dans l’extension illimitée au précepte du pardon : “Non pas 7 fois, mais jusqu’à 70 fois 7 fois" (LExpression qui rappelle la formule de vengeance de Lamek). –
La casuistique juive admettait au temps de Jésus que le chiffre de 3 ou 4 pardons était un chiffre acceptable. Et très souvent nous pensons de même : ne dit-on pas familièrement : “Une fois passe, deux fois pas encore, mais trois fois… !”. – Pierre qui dépasse apparemment cette mentalité en envisageant 7 pardons demeure enfermé cependant, et nous avec lui souvent, dans cet esprit humainement calculateur. Il juge légitime encore qu’un homme ne pardonne pas. Il reconnaît à un homme le droit de se croire à ce point supérieur à son “offenseur”, à son “débiteur” qu’il puisse refuser de pardonner.
Or, la parabole évangélique dénie à quiconque le droit de se juger supérieur à son frère en quelque manière. Car avant de juger autrui, il doit admettre qu’il se trouve dans la situation d’un débiteur, d’un débiteur par rapport à Dieu !
Et ce sentiment doit inspirer notre charité et notre foi !
Notre charité d’abord ! Car c’est Dieu qui nous a aimés le premier : il nous a créés pour participer à son amour. Il nous a pardonnés en mourant pour nous sur une croix. Et toute notre action doit découler de cette parole : “Père, pardonne-leur ; ils ne savent ce qu’ils font”. C’est la dernière parole du Christ avant sa mort. C’est son testament … Un testament d'amour… divin !
Le pardon est la fleur de la charité. Et le chrétien doit la cueillir car il sait que c’est l’expression de l’amour même de Dieu à son égard. Le Christ nous a rachetés en pardonnant. Le chrétien doit participer à cette rédemption en pardonnant. C’est dans le mesure où il pratiquera la rédemption par le pardon qu’il entrera dans le mystère de la Rédemption du Christ et qu’il en recevra les fruits : la vie avec le Dieu-Amour
L’exercice du pardon doit être également l’expression de notre foi qui est le fait de se comporter comme on demande à Dieu de le faire à notre égard, dans le “Notre Père” : “Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons”. – Cette conduite de Dieu que nous souhaitons pour nous, cette miséricorde qui nous arrachera au péché par le pardon, il faut d’abord que nous l’assumions nous-mêmes à l’égard des autres. Et c’est par là que nous manifesterons notre foi. Une foi qui fait que le chrétien prend comme conduite à l’égard de son prochain celle qu’il attend du Seigneur à son égard : “Puisque nous pardonnons, Seigneur, pardonne-nous, à nous aussi”.
C’est par la foi qui se scelle dans le pardon que l’homme accédera au Royaume de Dieu puisqu'il ne peut pas y accéder en tant que juste, mais en tant que pécheur pardonné. La porte du Royaume, c’est le pardon reçu du Seigneur. Et nous croyons à ce pardon divin, source de bonheur, dans le mesure ou nous pardonnons, nous aussi : “Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi”.
Et nous pourrions dire avec plus de justesse la prière que Jésus nous a enseignée : “Que ton Règne vienne, que ta volonté soit faite. Pardonne-nous comme nous pardonnons”
mardi 18 août 2020
Assomption de Notre Dame
Assomption 20
Au coeur de l'été, la fête de l'assomption est comme un
rappel de la fête de Pâques. De même que le Fils est ressuscité, passant de ce
monde à son Père, de même Marie, mère de Jésus, fut élevée au ciel dans la
gloire jusque dans son corps. "A la
fin de sa vie, elle a été élevée au ciel, corps et âme, dans la gloire de
Dieu."(Pie XII en 1950)
Voilà la signification de la fête de l'Assomption pour Marie
:
ce corps, préservé de toute faute par la grâce de sa
conception immaculée,
ce corps de Marie qui a été le tabernacle du Fils de Dieu
fait homme,
ce corps virginal qui a donné naissance au Sauveur,
ce corps qui n'a connu ni la corruption ni la dégradation du
tombeau a été comme naturellement emporté dans la gloire éternelle de Dieu. Assomption
: ce mot signifie que Dieu "l'a prise avec lui" dans la vie divine !
Il me plaît souvent de penser que l'Assomption est la fête
de la mère de Jésus, la fête que Jésus ressuscité a voulu réserver à sa mère :
Marie est entrée avec son Fils dans le monde de la résurrection.
L'Assomption de Marie, c'est l'accomplissement du projet de Dieu sur sa
créature, sur toute créature ; c'est la grâce de la résurrection déjà
appliquée à Marie.
Par la grâce de
Dieu
Contemplant Marie dans le mystère de son assomption, c'est
une fille de la terre, de notre race que nous contemplons ; elle est le signe
de ce que Dieu veut pour tous ; le signe de ce que nous serons un jour.
Sur notre pauvre terre d'égoïsme, de violence, d'orgueil, …
de péché, une créature a échappé, par pure grâce, à la loi d'airain qui nous
attire au mal. Marie est cette créature parfaite en qui le projet de Dieu n'a
rencontré nul obstacle. Marie est le chef-d'oeuvre de la création : “elle est
si belle, disait Bernadette à Lourdes, qu'on voudrait mourir pour la
revoir".
Par pure grâce, mais aussi à cause de sa foi : "heureuse celle 'qui a cru"
s'écrie Elisabeth à la vVsitation. Heureuse parce qu'elle a cru à la parole de
Dieu, heureuse par sa réponse de foi.
Par la foi
"Par la foi, disait naguère Jean-Paul II, Marie s'est
remise à Dieu, sans réserve ; elle a répondu de tout son moi humain et féminin,
elle a cru la première, comme autrefois Abraham dans l'Ancien Testament.
Elle a cru chaque jour dans des circonstances difficiles,
devenant la première disciple de son Fils et le modèle des croyants.
Elle a cru jusqu'au bout : jusqu’à la croix, la
résurrection et la pentecôte.
Et maintenant, elle accompagne et soutient l'Eglise dans son
pèlerinage de foi vers le retour du Seigneur."
Aussi, cette fête de l'assomption est-elle pour nous une
immense espérance : celle qui est passée de la foi à la gloire nous montre le
chemin.
En Marie, la loi du péché et de la mort est vaincue.
En Marie, l'axe de l'humanité, faussé par le péché, se
trouve redressé par la miséricorde de Dieu.
Marie est cette créature à partir de laquelle toute
l'humanité peut être à nouveau orientée vers Dieu dans la droiture et la
sainteté.
En regardant Marie, élevée dans la gloire du ciel, nous
contemplons ce que nous serons un jour par-delà la mort.
Vers le royaume
Marie tourne ainsi nos regards vers cet autre monde qu'elle
a laissé entrevoir à Bernadette, le monde de Dieu, où nous serons vivants pour
toujours, corps (transfiguré) et âme, vivants de la vie même de Jésus
ressuscité.
La fête de l'Assomption nous invite à élever notre regard
plus loin et plus haut que notre terre, trop souvent enfermée sur elle-même,… Non
point que la foi nous écarte des soucis des hommes et des combats pour un monde
plus juste, mais elle nous remet sous les yeux le but de notre vie, ce qui fait
sa dignité. Marie nous rappelle que nous sommes fils de Dieu, destinés à lui
ressembler, à partager son bonheur et sa gloire dans une vie éternelle au-delà
de notre mort : voilà l'enjeu d'éternité de chacune de nos journées selon
l'amour qui les inspire.
Corps et âme
Et Marie, dans son assomption, nous fait comprendre que
c'est corps et âme que nous sommes sauvés et sanctifiés : "glorifiez Dieu dans votre corps" disait St Paul. Nul ne
l'a fait mieux que Marie; qu'elle nous apprenne à respecter notre corps et
celui des autres. Le corps promis à la résurrection glorieuse ne doit être ni
manipulé, ni torturé, mais respecté, en toutes circonstances.
"Mon âme chante le
Seigneur",
répond Marie à Elisabeth. Elle nous apprend ainsi à tout rapporter à Dieu, à
vivre dans la joie de la foi, à exprimer à Dieu notre merci pour Jésus qui a
pris chair de Marie, a connu notre mort en donnant sa vie par amour, et qui
nous entraîne à sa suite vers le Père dans une résurrection de tout notre être.
“Remercions Jésus, priait le pape Jean-Paul II, d’avoir fait
participer sa mère à sa vie de ressuscité. Prions Marie de nous donne la joie,
l’espérance de la rejoindre, elle notre Mère”.
mardi 14 juillet 2020
Semence de Dieu
15e T.O. 2019/A
Allons droit au cœur du récit : celui
qui est tourné vers la terre à
ensemencer, c'est Jésus.
Très tôt, on ajoutera à ce texte
des interprétations moralisantes pour inviter les chrétiens à offrir un bon
terrain à
la Parole de Dieu ; mais la leçon de la
parabole demeure: Jésus est venu pour des
semailles.
Au temps de Matthieu, cette affirmation est
importante
: aux disciples qui
attendaient que
le Royaume de
Dieu éclate en gloire, comme une moisson ensoleillée,
elle annonce que l'œuvre de Jésus est livrée à tous les aléas d'humanité,
comme une humble semence.
Par trois fois,
-remarquons-le- la parabole décrit ces
semailles (de Jésus) comme un échec. Est-il possible que le Messie échoue, alors
qu'on l'attendait rapidement comme une manifestation de force invincible ?
Comment accepter qu'il y ait autant de semence perdue, même si une partie du
grain fructifie abondamment ? Il s'agit de la fécondité même de Dieu, risquée
aux intempéries de l'histoire.
Les questions et les étonnements des premiers chrétiens
demeurent les nôtres : comment se fait-il qu'il y ait tant de haine meurtrière, de
suffisance et d'orgueil, d'étroitesse et d'aveuglements dans ce monde ensemencé
par Dieu, dans cette humanité où Jésus a germé comme une fleur porteuse de fécondité
divine, en ce jour – le nôtre - précédé par vingt siècles de christianisme ?
Dieu se gaspille-t-il en vain à susciter l'homme parfait, à lui offrir son
Esprit ?
Et pourtant Dieu ne cesse de
semer
- Nous avons tous vu, -
ou nous imaginons - le paysan partir, dans la
lumière de l'automne, vers le champ ouvert pour les semailles. Il sème,
lentement. Quel geste de confiance en la vie ! Les semaines, la pluie, le froid
passeront, jusqu'au jour où la verdure tendre du blé qui lève commencera à
frissonner. Elle ne ressemblera guère au grain confié aux sillons, et pourtant
c'est vers le poids des épis qu'elle grandit.
N'y a-t-il pas là une image de la
démarche de Dieu dans les champs d'humanité. Au long des sillons de l'histoire,
si souvent ouverts comme des plaies, Dieu ne cesse de semer. Avec obstination.
Si le froid trop rigoureux détruit le blé, le paysan sème à nouveau, dès le
printemps. Malgré
les hivers terribles
que connaît parfois l'humanité, Dieu ne renonce jamais à semer à nouveau. Car,
en vue de la récolte du monde à venir, Dieu est plus tenace que
le plus paisible des paysans. Dès lors, des hommes se dévouent toujours,
croient à l'avenir, prient devant le silence de Dieu, comme Jésus, Parole de
Dieu semée en l’homme…
[ Le semeur lui-même devient le
grain] - Oui, Lui, Jésus a semé cette Parole de Dieu toujours
efficace dont parlait Isaïe (1ère
lect.) : dans l'homme aveugle, paralytique,
mort de tant de manières, il a libéré le regard, la démarche, l'amour, la Vie.
Il a fécondé l'homme de la semence de Dieu. Il a parcouru la Palestine de son temps, toute la variété
des terrains humains, et il a semé. Parfois il a en-trevu la moisson abondante
et il a appelé des ouvriers nombreux... Il a vu aussi l'ivraie et le bon grain
se mêler au champ de l'histoire. Il sait que le grain croît même la nuit, quand
le paysan dort...
Mais Jésus ne sème pas que des paroles. Lorsqu'il dit : si le grain, tombé
en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il
meurt, il porte beaucoup de fruit..., c'est de Lui qu'II parle. C'est au sillon
sanglant du Calvaire qu'il va jeter la semence de Dieu. C’est ainsi
qui a confié son œuvre aux saisons de l'homme, à tous les terrains de la terre
et aux maturations des temps. Prodigieuses semailles où le semeur lui-même, au
moment de l’hiver de l’histoire, devient le grain jeté en terre, en vue des printemps de
Dieu !
Et depuis que Jésus a été broyé pour devenir la fleur du
froment
de Dieu, les chrétiens portent sa
semence par le monde. Or, que faisons-nous de cette semence ? De Jésus et de
son Evangile ? A notre tour, nous sommes semeurs et semence, porteurs fragiles
des semailles incessantes de Dieu. A l’heure où l'Eglise semble connaître une
saison stérile, où l'Evangile semble s'estomper dans le passé, reprenons le mot
de Marie, après tant d'hommes ou de femmes appelés, contre toute attente, à la
fécondité de Dieu : « Faites tout ce qu’il vous dira ! ».
[La semence de l'avenir] Dans les
villages, autrefois, on voyait arriver un soir d'été un petit cheval qui
tirait une machine étrange. On disait : Le Treieur est
arrivé. On lui donnait à trier quelques sacs du blé de la dernière récolte. On
mettait de côté le grain le plus beau, c'était le trésor , celui des prochaines semailles.
Il en est de même dans la vie du monde et de l'Eglise : la
semence de l'avenir, c'est le meilleur des récoltes d'hier. Il faut trier le
grain le plus beau. Sinon les épis deviendraient bientôt rabougris. Et Dieu,
qui n'aime pas se répéter, veut au contraire améliorer sans cesse la récolte
vers la moisson définitive.
Aussi, faisons confiance au “Trieur” divin qui ne veut pas
que demain soit la copie exact d'hier. Il ne cesse de trier, de ses mains
douces et fermes, les semences de l'avenir, et d'entrer à nouveau dans le
champ. Sachons l'accueillir à travers l'événement inattendu, la joie et la
peine, la naissance et la mort, le succès et la maladie. Soyons attentifs à
discerner dans la jeunesse qui nous déconcerte, dans les bouleversements du
monde actuel, l'ambition discrète de Celui qui ne cesse de semer ?
[Risquer la semence] Certes, il
y a risque ! Car la semence sera toujours la semence. Comme pour les talents
d’une autre parabole, il faut risquer la semence. Consentir à sa disparition
dans l'épaisseur des sols d'humanité. L'abandonner à l’apparence de la mort.
Agir, même si le succès paraît aléatoire. S'exposer à perdre le grain. A perdre
peut-être sa vie. Comme le vigneron tué par les ouvriers de la vigne. Comme
Dieu qui est sorti lui-même dans la foule immense qui a cru - qui croit parfois - à la “mort de Dieu” !
Non, gardons la foi ! Certes, la semence semblera toujours
infime, perdue dans l'étendue du champ. Pourtant, la houle du vent caressera un
jour l'épaisseur dorée de la moisson, et on ne verra plus la terre. Pourquoi
nous étonner qu'il soit difficile d'être chrétien ? Pourquoi
vouloir moissonner alors qu'il s'agit de semer et semer à nouveau ? Pourquoi
rêver du confort du grand nombre, des succès faciles ? Pourquoi vouloir si
vite, avec des yeux de taupe, séparer l'ivraie du bon grain ?
St Paul avait raison : Nous vivons activement cette attente de toute
la création qui gémit dans les douleurs de l'enfantement. Mais l'Esprit est en
nous, humble semence, qui transfigurera la face de la terre. Il nous veut
semeurs perpétuels de l'humanité nouvelle.
[Le grain semble mort] . Certains, devant le champ où le grain semble mort une fois
de plus, parlent de la tombe de Dieu. C'est vrai, Dieu semble mourir parfois,
dans nos vies, dans nos sociétés, dans nos églises. Cependant, je voudrais
demander à Claudel qui savait l’efficacité de la Parole de Dieu en sa vie, la
permission de lui emprunter l’épitaphe saisissante gravée sur sa pierre
tombale, afin de murmurer comme une prière d’espérance devant la terre des
hommes où repose le grain divin : « Ici reposent les restes et la semence
de Paul Claudel ».
dimanche 28 juin 2020
hospitalité
13e Dimanche du T.O. 20
"Qui vous accueille m'accueille; et qui m'accueille, accueille
Celui qui m'a envoyé".
Arrêtons-nous sur cette
invitation de l'Evangile que nous aurons peut-être à mieux pratiquer en ces
semaines d'été qui arrivent.
L'accueil, l'hospitalité, sans
même faire référence à l'Evangile, est d'abord une grande réalité humaine.
Depuis très longtemps, on y voit un des traits marquant d'un peuple civilisé.
On peut dire que la conception de l'hospitalité que se fait un peuple marque le
degré de sa civilisation. Il est intéressant d’ailleurs de remarquer que dans
beaucoup de langues primitives, le même mot signifiait à la fois étranger et
ennemi. (En latin « hostis »
et « hospes » ont même racine !). Et la civilisation a franchi un pas décisif le jour où l'"étranger",
d'ennemi est devenu un "hôte", c'est-à-dire
le jour où la communauté humaine a été créée.
La civilisation et
essentiellement un ordre de choses où l'homme est respecté et aimé, et où il
est d'autant plus aimé qu'il est plus faible, plus isolé, plus malheureux. Au
contraire tout ordre de choses où le faible, où l'étranger est méprisé, rejeté,
supprimé n'est pas une vraie civilisation, quand bien même on u trouverai tous
les raffinements de la technique moderne.
Ainsi, tout homme doit s'efforcer
de supprimer le cri de Caïn, au seuil de l'histoire humaine, après son meurtre
: "je serai errant et fugitif sur la
terre (je serai un étager); et
quiconque me rencontrera me tuera"; car l'"étranger" est l'intrus, et instinctivement on veut
l'écarter. Le renversement, c'est le jour où on l'accueille comme un "hôte".
Mais à partir de la Révélation,
l'hospitalité prend une nouvelle signification, une dimension plus profonde,
car dans l'inconnu, dans l'étranger, dans celui que l'on accueille, réside un
mystère, le mystère de sa véritable personnalité, de son origine : il est une
créature de Dieu, il est enfant de Dieu ; il est, en un sens, l'envoyé de Dieu.
Et nous devons l'accueillir comme tel ; Dieu se cache en lui.
Vous vous rappelez certainement
le merveilleux épisode raconté dans la Bible où Abraham accueille avec un
empressement plein de bonté et de délicatesse ces trois hôtes mystérieux qui
étaient des anges représentant Dieu lui-même. Et l'épître aux Hébreux, se
référant à cet épisode biblique, demande aux premiers chrétiens : "N'oubliez pas l'hospitalité.
Quelques-uns, en la pratiquant, ont, à leur insu, accueilli des anges".
Rien ne rend Dieu proche comme le
prochain. Pour qui voit Dieu lointain, le prochain ne sera jamais bien proche ;
pour qui ne voit pas le prochain bien proche, Dieu restera toujours lointain.
Et pour celui-là l'étonnement sera grand au jour du jugement suprême : "Mais, Seigneur, quand nous est-il
arrivé de vous voir étranger et de ne pas vous avoir accueilli"? - Car,
en Jésus Christ, Dieu s'est fait plus proche de nous encore : il s'est fait
l'un de nous. Jésus affirme que tout ce qui est fait au plus petit d'entre les
siens, c'est à lui qu'on le fait : "j'étais
un étranger et vous m'avez recueilli". Parole bouleversante qui nous
montre Jésus lui-même dans cet étranger devant lequel nous serions tentés de
passer sans faire attention.
Bien sûr, cela n'empêche pas une
certaine prudence. Et un auteur des 1ers siècles (Didachè
1-13) demandera qu'on mette à l'épreuve les visiteurs inconnus. S'ils ne
travaillent pas, leur séjour sera court ; s'ils demandent de l'argent ou des
vivres pour les pauvres, on tiendra compte de leur demande ; mais s'ils
demandent pour eux-mêmes, on rejettera leur supplique.
Prudence, oui ! Mise à l'épreuve
de visiteurs suspects, oui ! Mais sans oublier le sens profond de l'hospitalité
; car l'hospitalité dépasse celui qui en est le bénéficiaire : ce geste atteint
Jésus et celui-là même qui l'a envoyé : Dieu lui-même.
Un autre motif à l'hospitalité
généreuse, à la charité attentive à tous les besoins, c'est notre propre
condition d'étrangers ; car nous sommes tous des étrangers sur cette terre. Les
chrétiens ne peuvent que répéter ce que David disait dans sa prière : "Devant toi, Seigneur, nous sommes des
étrangers et des résidants, comme le furent tous nos pères". St Paul
et St Pierre poursuivront : "Domiciliés
dans le corps, nous restons en exil loin du Seigneur", "tels des étrangers ou des exilés qui
ne résident que passagèrement dans un pays qui n'est pas le leur". -
C'est pourquoi les chrétiens ne s'installent pas ici-bas ; ils ne doivent pas
aimer ce qui est dans le monde. En profondeur,, ils n’ont qu'un désir : "partir pour être avec le Christ",
comme disait St Paul, "aller
prendre domicile près du Seigneur", lui qui leur a promis qu'il y avait de
nombreuses demeures dans la vaste Maison du Père; et que là où il serait, ils y
seraient eux aussi.
Dès lors, la vie présente, délai
ou séjour provisoire avant la rencontre définitive ne peut être envisagée que
comme une pérégrination. Les croyants sont des pèlerins, des "paroissiens",
c'est-à-dire des étrangers qui résident loin de chez eux. Dès lors, ils doivent
s'entraider les uns les autres.
dimanche 10 mai 2020
Aller vers le Père par le Fils !
5ème Dimanche de Pâques 20.A
"Ne soyez donc
pas bouleversés"!
Comme le Seigneur connait bien le fond du cœur de l'homme
toujours prompt à s'inquiéter, guetté sans cesse par le trouble, l'anxiété, le
désarroi.
Il faut reconnaître pourtant
qu'il y avait bien des raisons pour les Apôtres d'être bouleversés, au moment
où Jésus leur adressait ces paroles .
- Il venait de leur annoncer la trahison
de Judas : quel est le cœur qui ne serait pas meurtri par une défection ?
- Il venait de leur annoncer le
reniement de Pierre : quel est le cœur qui ne serait pas blessé par un
abandon ?
- Il venait de leur annoncer sa
propre mort imminente : quel est le cœur qui ne serait pas broyé par la
mort d'un être cher ?
Oui, Il leur annonçait sa mort,
ou plutôt son départ vers une destination mystérieuse, départ qui, apparemment,
allait les laisser seuls :
une solitude douloureuse après
trois années d'intimité avec ce Maître incomparable ;
une solitude redoutable, car,
après son départ, il leur incomberait une mission difficile à remplir dans un
monde indifférent et hostile (Et c’est encore la situation de bien des
chrétiens !)
Vraiment, les Apôtres avaient
bien des raisons de s'affliger, de s'inquiéter, de se troubler ! Et Jésus le voyait
bien sur leurs visages! Alors, avec l'exquise délicatesse de son cœur d'homme,
Notre Seigneur comprend les questions angoissées de ses amis! Et cette délicatesse
et la hâte qu'il met à dissiper la tristesse de ses Apôtres trahissent à quel
point il les aime, traduisent la compréhension de nos propres souffrances de
cœurs d'homme !
Car, c'est à nous qu'il répète
encore aujourd'hui, avec une infinie tendresse : "Ne soyez donc pas bouleversés"!
N'est-ce-pas la première parole
que Dieu adresse toujours à tous ceux qu'il appelle :
"Ne crains pas", avait-il dit à Moïse au buisson ardent !
"Ne crains pas", avait dit l'Ange à Marie, puis à
Joseph!
"Ne soyez donc pas bouleversés", nous dit-il toujours !
Jésus ne veut pas de disciples
tristes et inquiets, même dans les circonstances douloureuses, dramatiques.
"Pourquoi craignez-vous, hommes de
peu de foi ?" avait-il dit à ses Apôtres.
Et pourquoi ce conseil ? Pourquoi
ne pas craindre ?
Parce que l'heure est venue pour les Apôtres
- comme pour chacun d'entre nous - de faire cet acte de
foi : "Vous croyez en Dieu;
croyez aussi en moi!"
La foi ! C'est la grande leçon de ce passage
d'Evangile que nous venons d'entendre ! "Croyez en moi"! C'est la foi seule qui peut sauver les
disciples, à cette heure de la séparation et dans les terribles heures qui vont
suivre, et tous les jours de leur vie.
Et ces paroles s'adressent à
nous comme aux Apôtres. La foi seule peut nous faire dominer la crainte,
surmonter les épreuves de toute vie humaine, et surtout nous faire percevoir le
sens de cette vie, de notre vie, son but, malgré les larmes qui, parfois,
troublent l'œil intérieur de notre foi !
Encore faut-il bien discerner :
La foi n'est pas affaire uniquement
de sentiments, comme aimeraient nous le faire comprendre certains groupes
"charismatiques" !
La foi n'est pas uniquement le
résultat d'une construction intellectuelle, "théologique", comme
certains veulent l'analyser de façon très brillante.
La foi est avant tout
une "expérience"
qui englobe toutes nos facultés,
une "expérience"
de quelqu'un, du Christ,
une "expérience"
d'amour, comme l'a si bien éprouvée et traduite Ste Thérèse de Lisieux, par
toute sa vie,
une "expérience"
de relation, sollicitée tant aux plus savants qu'aux moins savants…, et même à
la plus ignorante comme aimait se designer Ste Bernadette de Lourdes !
une "expérience"
analogue - St Paul le soulignera - à
l'amour humain, amour si défaillant ici-bas, mais amour qui trouvera sa
plénitude dans la vie divine. Dieu Père
nous aime de toute éternité, amour qu'il a voulu nous signifier par l'incarnation
de son Fil - le "Verbe de Dieu" -, amour qu'il veut nous transmettre
par leur Esprit commun !
Car Notre Seigneur ajoute : "Je pars vous préparer une place! Et là
où je suis, vous y serez aussi".
Il s'agit donc de croire en
Jésus comme en quelqu'un qui a pouvoir sur la mort - et sur tout ce qui est
signe de "mort" en nos vies, sur nos souffrances -. Il
nous donne rendez-vous au-delà de tout cela. C'est le fondement
même de notre foi chrétienne : "si
le Christ est ressuscité, vit, disait St Paul, nous aussi nous ressusciterons,, nous vivrons !".
Notre vie d'ici-bas ne débouche
pas sur le néant, sur le vide, malgré ce terrible passage qu'il nous faudra accomplir
de la mort à la vie, terrible passage comme celui du Christ lui-même, terrible
passage qu'annoncent et préparent tous ces passages que nous faisons - bon gré, mal gré, parfois - du mal
au bien, de la tristesse à la joie, bref, tous ces passages de tout ce qui est
"mort" à nous-mêmes et en nous-mêmes à une plus grande plénitude de
vie. Oui, "il nous faut marcher, comme Lui-même, le Christ a marché",
disait St Jean. Lui, le premier, il a
marché vers sa Pâques, il a fait le "passage". Et maintenant, il nous
attend ; il nous prépare une place au lieu de son "passage"!
Mais comment le Seigneur peut-il
nous préparer une place près de son Père ? St Augustin nous donne une réponse
qui retourne les perspectives, comme Notre Seigneur lui-même le faisait si
souvent avec son humour paradoxal : "Le
Christ prépare les demeures de ses disciples en préparant des habitants pour ces demeures. Car n'a-t-il pas dit : si
quelqu'un m'aime, il gardera ma Parole et mon Père l'aimera; et nous viendrons
chez lui ; et nous ferons chez lui notre
demeure.
Vous le voyez bien, ajoutait St
Augustin : "il y a un lien très profond
entre ces deux "demeures" dont parle Jésus: entre la demeure qui nous
attend dans la maison du Père, au ciel où il nous prépare une place, et la
demeure intime de la Sainte Trinité en nos âmes, sur la terre. C'est bien par
cette demeure réalisée en nos âmes, dans l'obscurité de la foi, que le Seigneur
nous prépare des demeures éternelles, dans la maison du Père". -
Autrement dit, c'est dans la
mesure où, ici-bas, nous accueillons le Christ, en vivant comme Lui, en fils
pour le Père et en frères pour tous les hommes, que nous serons accueillis près de Lui au ciel, près de son Père !
Oui, en accueillant le Christ en
nous, nous goûterons avec joie, avec intelligence, malgré les épreuves de nos
vies, nous goûterons ces paroles de vérité et de vie : "Ne soyez donc pas bouleversés! Vous croyez en moi! Alors, vous
croyez aussi en Dieu ! - Vous m'accueillez!
C'est déjà Dieu que vous accueillez! - Vous me voyez ! Alors, vous voyez
aussi le Père" - Et nous serons
dans la paix, car, déjà, nous comprendrons
que voir le Père, c'est l'unique nécessaire; et "cela nous suffit !
dimanche 3 mai 2020
Etre témoins !
4e Dimanche de Pâques 20
4e
Dimanche de Pâques ! Traditionnelle journée des vocations ! Et
- une fois n’est pas coutume -, ouvertement, je rends grâces pour l’appel que
j’ai reçu il y a maintenant plus d’un demi-siècle. Je peux le dire, surtout aux
plus jeunes : c’est dans ma prime jeunesse que j’ai ressenti l’appel de
Dieu equi peu à peu s’est concrétisé :
- un appel
qui embrassait le monde entier par l'exemple de missionnaires que ma
paroisse faisait connaître.
- un appel
à l’infini de Dieu : Seul Dieu suffit ! C’est le sens de la
vie monastique.
- un appel
qui finalement s’est concrétisé en paroisse et en bien des endroits…
Souvent,
mon bonheur fut, avec le Seigneur, de partager le plus possible peines et
joies, soucis et espérances, certitudes et doutes aussi, du moins questions,
m’émerveillant souvent de la “splendeur
dont Dieu vous a revêtu”, comme dit le prophète Ezéchiel (16). Faisant
comprendre en bien des circonstances ma propre réflexion : "mille questions ne font pas obligatoirement un doute" (Cal Newman)
Et c’est
cela l’important : faire grandir en chacun de nous la “splendeur du Christ”, sa lumière malgré les questions qui
nous assaillent et qui portent toutes sur le mal, la souffrance…
Pourquoi
cette inondation ou ce tremblement de terre ? Pourquoi telle épidémie pandémique
? Pourquoi cet accident ? Pourquoi les guerres avec leurs malheurs… et les
famines… ? Pourquoi ?
Élie Wiesel,
juif rescapé des camps
nazis, a osé écrire une lettre à Dieu ; et il disait : “Auschwitz avait comme but non seulement de
nous détruire, mais de Te détruire, Toi le Père de l'Humanité. Pourquoi alors ne pas songer en même temps à Ton
chagrin ? Regardant Tes enfants souffrir, n'as-Tu pas souffert comme eux, voire
avec eux ?”. Et après l'exécution de trois
jeunes devant tous les prisonniers, il avait entendu une interrogation qu'on
lui adressait : "Où est-il ton Dieu
?". Alors, désignant les trois suppliciés pendus, il avait répondu : "Il est là !"
Il me
semble entendre le Christ crucifié et ressuscité dire à Élie Wiesel : “Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu”.
Aucune parole n'est à la démesure de certaines souffrances ; mais savoir
que Dieu souffre avec nous peut nous délivrer d'un Dieu indifférent ou
malveillant. Il l'a fait à Gethsémani et sur la croix.
Aussi, Dieu
est si peu indifférent qu'Il ne cesse d'appeler, de mobiliser, de solliciter
nos générosités pour diminuer la part de malheur. “Sauve Mon peuple”, demande-t-Il à Moïse. “Sauve cette femme qui va être condamnée”, demande-t-Il à Daniel. “Sauve Mon Église”, demande-t-Il à
François d'Assise. “Sauve l’homme”, demande-t-Il
à chacun de nous aujourd'hui.
Chaque
homme, chaque femme est en mission pour le monde. Les talents que Dieu nous a
confiés ne sont pas pour nous. Ce sont des énergies pour empêcher les désastres
ou secourir les victimes.
Le pape
Jean-Paul Il s'adressait aux jeunes en 1985 : “Vous vous posez la question : Réussirons-nous à changer ce monde ? Que
devons-nous faire pour ne pas être écrasés par l'injustice, le mépris de
l'homme ?”. Il lançait ce jour-là une mobilisation générale : “Ne soyez pas passifs... C'est de vous
que dépend l'avenir”.
Est-ce
trop difficile de comprendre que la cause de nos malheurs n'est pas dans une
indifférence venue de Dieu, mais dans une passivité venue des hommes ? “Tu as vu ces choses et Tu les as permises”,
ne cesse-t-on de dire à Dieu, comme pour ne pas entendre que Dieu justement ne
cesse de nous poser la même question ! “Qui
enverrai-je ?”, ce cesse-t-il de clamer.
Dieu
aurait-il pu créer un monde où les hommes sauraient découvrir l'urgence de la
solidarité, l'enjeu de l'amour et qu'en même temps ce soit Lui, Dieu, qui doit supprimer
cette urgence en réparant Lui-même par des miracles tous nos manques ?
“Ta lèpre, c'est de l'amour inemployé ”, disait Jean Giono ( + 1970), "l'écrivain de la
violence humaine".
Un
journaliste demanda un jour à Mère Teresa : “Qu'est-ce
qui ne va pas dans le monde, ma sœur ?”.
Elle répondit brièvement : “Vous
et moi Monsieur”.
Si nous
admettons que Dieu veuille, lors de notre séjour terrestre, nous initier à
l'éternité de l'amour, alors nous comprenons pourquoi Dieu s'est effacé. Dieu
ne peut pas à la fois nous demander d'apprendre à aimer et nous retirer nos
responsabilités. Dieu a remis Sa Toute-Puissance entre nos mains.
Alors face
à ce cri : “Mais Dieu, que fait-il ?”,
nous pouvons entendre un autre cri : “Viens.
J'ai besoin de toi. Viens tailler Ma vigne. Viens récolter Ma moisson.
Prends soin de Mes brebis”. C'est surtout Dieu qui prie l'homme. Il n'est
pas toujours exaucé !
“Il y a beaucoup d'appelés et peu
d'élus”. Ces paroles ne sont pas à entendre
comme une limitation des entrées au ciel, mais comme une convocation à servir
ici et maintenant. Ce n'est pas une exclusion, c'est une plainte. Dieu ne
manque pas de lancer des appels. Ce sont les réponses qui manquent à Dieu ! Tous
ont vocation à aimer ; peu y répondent. Tous sont appelés. Mais toi
viendras-tu ?
S'il y a
parmi vous un jeune homme ou une jeune fille qui rêve de donner un sens à sa
vie, qu'il entende les appels qui montent de l'immense douleur humaine. "L'amour n'est pas aimé." Il y
a trop de haines, trop de blessures, trop d'injustices, de solitudes !
Ce qui
m’étonne, parfois, c’est d’avoir dit, paraît-il, une, deux paroles dont je ne
me souviens même plus et que le Seigneur a employées pour faire son chemin en
tel ou tel cœur. Et il ne cesse de répéter : qui enverrai-je porter ma
parole ?
Ne
laissons pas mourir l'Espérance. Soyons des témoins de ce monde nouveau
où Dieu effacera toute larme de nos yeux. Découvrons encore et encore les
trésors inouïs que le Pasteur et Sauveur du monde a mis à la disposition des
hommes. Dieu peut rendre fécond, au centuple
tout ce que l’on peut faire en Son nom.
dimanche 26 avril 2020
Le Christ reconnu et annoncé
3e Dimanche de Pâques 20/A
Qui n'a
pas connu, un jour ou l'autre, les affres du désespoir?
On était
heureux, on s'aimait, on vivait… bien ! Et puis, brutalement, c'est l'accident
de voiture ou l'infarctus, le décès soudain d'un proche… ou sais-je encore…L'expansion
brutale d'une pandémie avec toutes ses conséquences ! - L'horizon
apparaît irrémédiablement bouché : la maladie, l'échec conjugal, le chômage,
l'enfant qui prend une route qu'on estime dangereuse… Subitement l'avenir
s'assombrit, c'est la consternation, le désarroi, le désespoir.
Les deux
disciples de Jésus qui, le soir de Pâques, cheminaient vers Emmaüs, étaient non
moins désespérés. Leur espérance s'était brutalement effondrée à la mort sur
la croix de celui en qui ils avaient mis toute leur confiance. "Nous espérions, disaient-ils pour
s'expliquer, qu'il serait le libérateur…!".
"Nous
espérions", disons-nous souvent également ! Mais maintenant, tout est anéanti… !
Pourtant,
les deux disciples, s'ils savaient lire les signes qui leur sont donnés, ils
pourraient reprendre espoir. D'ailleurs des bruits circulent : "Des femmes qui sont allées au
tombeau" n'ont pas trouvé le corps; elles ont eu, paraît-il, une apparition : "des anges disaient qu'il est
vivant". Mais faut-il croire ces histoires de femmes ?
Faut-il
croire toutes ces histoires d'hommes, de femmes qui disent avoir rencontré Dieu
? Personne n'avait vu Jésus ressusciter ! Personne n'a jamais vu Dieu ! Tout
espoir est donc mort ! L'avenir est irrémédiablement noir.
L'inconnu
qui chemine avec les deux disciples a écouté ce récit désespéré. Et voilà qu'il
prend la parole : "Vous n'avez donc
pas compris !" Et il révèle le sens de plus en plus évident d'évènements
jusque là incompréhensibles. Il fait surgir la lumière dans un horizon enténébré.
Ce n'est
pas une révélation fulgurante. Mais la lumière se fait de plus en plus
éclatante, au long du chemin où l'inconnu, "en
partant de Moïse et de tous les prophètes" explique, dans toute
l'Ecriture, ce qui concerne le Christ. Comme la lumière se fait de plus en
plus grande également au cours des années… pour nous !
Cet
inconnu leur explique si bien l'Ecriture, sa présence est si réconfortante
que, arrivés à l'étape, ils le supplient : "Reste
avec nous". Ils vont partager le repas. Gestes de tous
jours… C'est alors que "leurs
yeux s'ouvrirent et qu'ils le reconnurent".
Celui qui
rompt le pain et le leur donne, c'est ce Jésus qu'ils croyaient à jamais
disparu. A l'instant tout s'éclaire : "notre
cœur n'était-il pas brûlant en nous tandis qu'il nous expliquait les Ecritures
?"
Et la joie
qui est la leur désormais, ils n'ont de cesse de la communiquer : "C'est vrai, le Seigneur est vivant,
nous l'avons reconnu quand il a rompu le pain".
Nous
aussi, quel que soit notre âge, nous avançons sur la route de l'existence et il
nous arrive d'être triste et désespérés.
Nous nous
souvenons avec nostalgie des jours d'antan, des jours heureux, alors que,
peut-être, nous sommes actuellement dans l'épreuve ! Chrétiens, nous nous
souvenons de la foi vive et facile de notre jeunesse. Or, en avançant sur la
route, mille embûches humaines et spirituelles nous font trébucher; et maintenant
nous ne voyons pas très clair en nous-mêmes et autour de nous. Les événements
n'ont pas répondu à nos projets les plus légitimes. L'Eglise elle-même ne
paraît-elle pas vaciller par des attaques fortes et multiples. Et il nous
arrive, au gré des événements de l'Eglise elle-même, en considérant actes ou
paroles de ses ministres, d'être déconcertés. Serait-ce d'ailleurs très
étonnant ? St Paul ne disait-il pas : "Que
les voies du Seigneur sont impénétrables ! Qui en effet a connu la pensée du
Seigneur!". Et alors, tout en
marchant sur la route de notre vie, nous causons de tout et de rien; et souvent
nous paraissons si tristes dans notre ignorance…
Pourtant,
le Christ chemine avec nous sur la route de nos vies : "Je suis avec vous tous les jours…". Il nous faut
seulement reconnaître cette présence fraternelle. Les disciples d'Emmaüs ont
reconnu le Christ lorsqu'il rompit le pain, mais déjà "leur cœur était tout brûlant" lorsque, sur la route, ils
méditaient avec lui les Ecritures.
Il y a
bien des façons par lesquelles le Christ se rend présent à nous-mêmes. Mais ces
deux moyens (Ecritures et repas du Seigneur) sont toujours privilégiés.
Il nous
est bon de chercher dans la lecture et la méditation de l'Evangile la présence
du Seigneur qui nous donne des raisons de vivre et d'espérer. De plus en plus
de personnes - individuellement ou en groupe - lisent et méditent l'Evangile
ou, plus simplement, les lectures que la liturgie nous propose chaque jour. Ne
pourrions-nous pas tous prendre cette initiative pour acquérir force et courage
tout au long de notre vie ?
Et puis,
prenons-en conscience de plus en plus : le Christ vient au cours de cette
célébration eucharistique. Il vient partager aujourd'hui notre vie comme il a
voulu partager un repas avec ses amis rencontrés sur le chemin d'Emmaüs.
Accueillons dans l'espérance sa venue parmi nous. L'Eucharistie est la présence
par excellence du Christ parmi nous.
Et après l'Eucharistie, quand nous nous en
retournerons dans nos demeures, puissions-nous avoir au cœur la joie des
pèlerins d'Emmaüs. "Ils racontaient
ce qui s'était passé sur la route et comment ils avaient reconnu le Christ
quand il avait rompu le pain". Repartons vers nos frères pour être des
témoins du Christ et "pour rendre
compte de l'espérance qui est en nous". La foi,, insiste le pape
François, est obligatoirement "sociale" : elle doit annoncer le Christ reconnu en notre
existence ! Surtout à l'intérieur de notre propre famille humaine ! Sinon, trop
cachée, elle risque de s'anéantir
lundi 20 avril 2020
Divine Miséricorde !
2e Dim. Pâques 20.A :
Au nom du
Père et du Fils… - A cause de la réciprocité parfaite des
relations entre le Fils et le Père, nous ne pouvons regarder le Christ, Fils de
Dieu, sans contempler en même temps le Père, tel que Jésus nous le
révèle quand il nous dit par exemple : “Lorsque
vous priez dites : Père !”.
“Père” est
un mot qui sonne étrangement aux oreilles de l’homme d’aujourd’hui facilement
imbu de certaines théories modernes qui considèrent la paternité comme
régressive et qui veulent promouvoir une société anonyme dirigée par des forces
impersonnelles…
Et
pourtant, le premier titre que Dieu s'est fait donner par Moïse sur le Sinaï
est celui de “Dieu de tendresse et de
miséricorde” (Ex
34,6) auquel fait écho la parole de St
Paul : “Dieu, Père des
miséricordes” (2 Co 1,3).
Le mot “miséricorde”, en hébreu, signifie un
sentiment qui monte des profondeurs des entrailles maternelles. Et bien,
Dieu-Père est “matriciel”, disait A. Chouraqui (né en Algérie, ancien maire-adjoint de
Jérusalem) qui n’hésitait pas à employer ce
néologisme. Il sent ses enfants comme une mère sent les siens, à tel point
qu'Origène, un des premiers Pères de l’Eglise, va jusqu'à dire : “Personne n'est aussi mère que Dieu Père”.
Cet amour de miséricorde, cet amour “qui a des
entrailles maternelles”, qui est “neuf
tous les matins” (Lm 3,23), que rien n'altère, court tout au long de la Bible et
arrache à l'homme ses cris les plus poignants en invoquant “le frémissement des entrailles divines” (Is 63,15).
Toute la
vie du Christ manifeste cette “bénignité” (Tt
3,4), cette inlassable miséricorde. On
comprend dès lors que St Paul ait invité les chrétiens à “revêtir les entrailles de miséricorde de Dieu” (Col 3,12).
Et depuis
le péché du premier homme, devant l’homme pécheur que nous sommes tous, l'amour
de Dieu s'est revêtu de l'habit de miséricorde, comme le montre le tableau de
Rembrandt : le père qui couvre de ses
mains son fils prodigue. Dieu ne peut plus aimer qu'en pardonnant ; aussi,
j'ose dire que la plus grande joie de
Dieu est de pardonner, puisque sa seule façon de nous aimer, d'être
éternellement fidèle à son amour créateur, c’est d'être miséricordieux en
pardonnant. Chaque fois que Dieu exerce sa miséricorde, c'est comme s'il
recréait l'homme, il le remet à l'état de fraîcheur primitive, avec la bonne
odeur des mains du potier qui l'avait façonné.
Quand
l'homme pardonne, il ne sait pas oublier. Dieu, lui, n'a pas de mémoire. Il
permet à l'homme de repartir tout neuf comme au sixième jour de la Genèse. St
Ambroise a une parole étonnante ; il cherche à comprendre pourquoi Dieu
Créateur ne s’est reposé que le septième jour : “Il a fait les cieux et je ne lis pas qu'il se soit reposé ; il a fait
la terre, et je ne lis pas qu'il se soit reposé... Mais je lis qu'il a fait
l'homme et qu'alors il se reposa, ayant enfin quelqu'un à qui il put pardonner
les péchés”.
Mais ce geste de l’éternel pardon divin n'est pas
toujours compris de ceux qui sont épris de justice humaine : ils ne supportent
pas la brûlure du baiser donné par la miséricorde à la justice. Nous le voyons
bien dans les pays qui commencent à panser leurs plaies ouvertes à l'occasion
de conflits fratricides…
Pourtant,
loin de s'opposer à la justice, la miséricorde l'exige. Mais elle va plus loin
que la justice. Certes, souvent, notre conscience réclame un jugement qui rétribue le
bien et sanctionne le mal. Cependant,
nous refusons, en même temps,
de nous laisser peser sur les balances les plus justes ; car nous sommes
convaincus que
la vérité de notre être ne peut être saisie que par l'amour de Dieu-Père, riche
en miséricorde.
Jean-Paul
II qui écrivit une encyclique sur la Miséricorde, disait : “Une terre d'où serait exclue la miséricorde
pourrait être juste, mais elle deviendrait vite irrespirable et les hommes y grelotteraient de froid…”. Et nous savons
comment ce Pape a manifesté cette miséricorde de Dieu-Père qui n’exclut pas la
justice, en pardonnant à son agresseur, en lui faisant visite en sa prison.
Et nous
savons également - autre
exemple – comment Ste Thérèse de Lisieux avait
une “espérance aveugle” en la miséricorde de Dieu-Père. C’était déjà
l’expression de Jean-Paul II : “une espérance aveugle…”.
Dans notre région, on connaît le nom de Marcel
Pagnol. Et bien savez-vous que ce grand auteur a écrit une pièce de théâtre sur
Judas (il serait bien à la mode au-ourd’hui !
). A la question qui le
tourmentait : “Selon vous, Judas
est-il en enfer ?”, avec humour, il fait dire au Christ lui-même : “Je ne peux pas répondre à votre question,
sinon les gens finiraient par abuser de mon indulgence”. Dieu riche en
miséricorde !
Et chose
curieuse encore : quand l'Église nous appelle à nous confesser, elle nous
appelle à confesser notre foi au travers même de nos péchés. Aller à la
confession ! Le mot “confession” primitivement servait à indiquer le
contenu de la foi. Alors, finalement, confesser Dieu et confesser ses péchés
vont ensemble, s'articulent l'un l'autre. St Augustin, qui s'y entendait en
“Confessions”, a exprimé cette idée avec force : “Pour louer Dieu, tu t'accuses : en effet, sa grandeur est de remettre
tes péchés. Cela fait partie de la louange de Dieu quand tu confesses tes
péchés. Et pourquoi ? Parce qu'on félicite le médecin d'autant plus que l'on
avait désespéré du malade”.
Confesser
ses péchés, sa misère, c'est confesser notre foi, car c’est célébrer la miséricorde
du Père. On comprend alors la formule par laquelle le pénitent se présente
normalement devant un prêtre : “Bénissez-moi,
mon père, parce que j'ai péché...”. Il faut bien entendre : Bénissez-moi
parce que j'ai péché et non malgré mes péchés ! Un comble, diront certains.
Non, c’est seulement la joie née du pardon. La joie du fils prodigue mais plus
encore du père qui invite tous à festoyer, comme le bon Pasteur qui déclare
qu'il y a dans le ciel plus de joie pour la brebis retrouvée que pour les
quatre-vingt-dix-neuf autres demeurées au bercail.
Et puisque Dieu s'est comparé aux entrailles
d'une mère, n'hésitons pas à nous tourner souvent vers sa Mère. Sur le seuil de
la maison d'Élisabeth, dans son Magnificat, Marie proclame que la miséricorde
de Dieu “s'étend d'âge en âge” (Lc
1,50). Au Père des miséricordes fait écho la
Mère de la miséricorde
Que la Vierge Marie, “mère de miséricorde”,
nous aide à dire souvent comme St Paul : “Béni
soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et
le Dieu de toute consolation ; il nous console dans toutes nos détresses, pour
nous rendre capables de consoler tous ceux qui sont en détresse” (2
Co 1,3).
dimanche 12 avril 2020
Sainte et joyeuse fête de Pâques
Pâques. 2020.A
La fête de Pâques, c'est d'abord la résurrection de Jésus,
c'est à dire le "passage" (sens
du mot "Pâques") de Jésus à la vie définitive en Dieu, avec
son humanité.
La Pâque des Hébreux
Mais la Bible nous parle déjà d'une première "pâque",
d’un premier “passage” qui eut lieu au temps de Moïse, environ quatorze siècles
avant notre ère.
Mais de quel “passage” s'agissait-il ?
A cette époque, les Hébreux,
en Egypte, étaient une minorité de plus en plus opprimée, condamnée
aux travaux forcés, réduite en esclavage.
Alors, Dieu suscite Moïse pour obtenir leur libération.
Car Dieu ne veut pas que des peuples, des personnes soient opprimés par d'autres peuples,
d’autres personnes. Ce qui définit l'homme, c'est sa liberté, sa possibilité de
conduire lui-même sa propre vie. Aussi, Dieu dit à Moïse : Tu vas faire "passer"
tes frères de l'esclavage à la liberté, de la servitude au service de Dieu et
des hommes. Telle fut la première pâque. Et il est toujours actuel ce
“passage” de la servitude au service (même jeu de mots, en hébreu !).
Mais, pour passer de la servitude au service, il y a un
immense désert. Les Hébreux mirent 40 ans (symbole)
à le traverser. Ce fut une période douloureuse, apparemment mortelle. Souvent, les Hébreux voulurent faire
marche arrière, préférant la sécurité
misérable de leur esclavage en Egypte à la perspective exigeante de devenir un
peuple libre !!!
Oui, durant cette longue traversée du désert, les Hébreux
eurent l'impression d'aller vers la mort. En réalité, ils allaient vers
la vie, la vraie vie, la terre de la liberté.
Mais, ils ne pouvaient pas
devenir un peuple libre sans passer par une sorte de mort, sans mourir à leur
mentalité d'esclave, à leur passivité, leur servilité.
Pour naître à la vie du service de Dieu et des
hommes, il faut mourir à sa situation d'esclave, briser bien des
chaînes ;
cela exige efforts et courage. La longue traversée du désert symbolisait ces
exigences et cette mort.
La Pâque de Jésus.
Cette
Pâque des Hébreux nous apporte une
lumière sur Jésus lui-même. Car il a “revécu” pour son
propre compte ce que son peuple avait vécu auparavant. Il monte au calvaire,
vers la mort. En réalité, il va,
avec toute son humanité, vers la vraie vie, la
vie même de Dieu.
La
résurrection de Jésus n'est pas le retour à sa vie terrestre ; elle est le "passage"
à la vie de Dieu ; et les conditions de sa vie sont désormais celles de la vie de Dieu :
aussi, Jésus ressuscité n'est plus lié comme nous à tous les conditionnements de l'espace
et du temps.
Et pourtant,
c'est bien le même Jésus. En passant par la mort et la résurrection, le Fils de
Dieu ne s'est pas dépouillé
de l'humanité assumée lors de son
incarnation ; il n'a pas rejeté son corps comme une chose
devenue inutile, méprisable. Non, c'est Jésus tout entier, homme et Dieu,
qui est vivant désormais au cœur même de la Sainte Trinité. Grâce à lui, on peut dire que
l'humanité, prise globalement, dans son ensemble, a déjà une place dans la
gloire de Dieu.
Telle est
la Pâque de Jésus, le "passage" de Jésus que nous fêtons aujourd'hui.
La Pâque du Chrétien.
Mais nous
aussi, nous devons faire notre “passage”, notre pâque, comme les Hébreux jadis,
et comme Jésus aussi. - Et c'est lui qui
nous entraîne à sa suite ; c'est lui le “passeur”. Grâce
à lui, la mort n'est plus une impasse, ni
un retour au néant. Grâce à lui, notre mort sera pour nous aussi
le passage à la vie définitive
en Dieu pour laquelle nous avons été créés. – Là, nous
découvrirons notre véritable dimension :
l'homme ne
se définit pas simplement par ses seules dimensions terrestres ; Dieu nous a
créés pour que nous trouvions "en
lui, par lui, avec lui" la plénitude de notre bonheur, de la vie. Nous
en faisons l'expérience souvent : ici-bas, nous n'arrivons jamais à atteindre l'amour parfait, la
beauté parfaite, la vérité parfaite, la communication parfaite avec les autres
; tout cela
reste fragile, incomplet, éphémère. Nous ne serons pleinement rassasiés qu’en
Dieu, avec lui, par lui.
Nos Pâques quotidiennes.
Ce
passage, cette pâque définitive en Dieu, se fera à travers notre mort, comme
pour Jésus.
Mais il
nous faut le préparer chaque jour à travers
toutes les décisions que nous prenons, tous les choix que nous faisons et qui sont
autant de petites pâques, de petits “passages”, accompagnés de petites libérations.
Quand je décide d’être au service d’autrui,
quand pour
cela je décide de renoncer à une satisfaction,
chaque
fois je me libère un peu de
mon égoïsme, je le fais mourir en moi.
Chaque
fois que je passe par une libération, par une sorte de mort pour découvrir
quelque chose de la vraie liberté et de la vraie vie, j’accomplis déjà en moi
la Pâques du Christ.
De tous
nos choix, de toutes nos décisions de chaque jour, nous pouvons donc faire
autant de pâques, de “passages”, de libérations vers la plénitude de vie pour
laquelle nous sommes faits. C'est ainsi qu'un Jour, grâce au Christ ressuscité,
nous deviendrons des hommes vraiment complets et définitivement achevés.
Ici-bas, nous ne serons jamais que des hommes en devenir, en cours de formation
; c'est en Dieu seul que nous atteindrons notre croissance et notre taille
définitives.
La Pâque de l'univers
Mais, ne
pensons pas qu'à nous... Pensons aussi à tous nos frères, chrétiens ou non : ne
sommes-nous pas tous solidaires les uns des autres ? “Toute âme qui s'élève élève le monde”. Nous pouvons dire de même :
Tout homme qui passe de l'égoïsme à l'amour, du doute à la foi, du
découragement à l'espérance, des ténèbres à la lumière, de l'erreur à la
vérité… tout homme qui grandit ainsi dans la vie du Christ ressuscité contribue
à faire grandir avec lui l'humanité toute entière.
La
résurrection du Christ est en marche.
L'éternité de la vraie vie est commencée. L'univers tout entier aspire à sa
pâque éternelle. C’est en ce sens que St Paul disait : “vous êtes ressuscités avec le Christ...
Recherchez donc les réalités d'en haut ! Tendez vers les réalités d'en haut !”.
Inscription à :
Articles (Atom)