T.O. 12 Mercredi
2013 -
J'ai déjà commenté
naguère, me semble-t-il, la lecture d'aujourd'hui. Aussi, je me bornerai à une
remarque générale sur la "geste" d'Abraham, sur celles des
patriarches en général. Et ce sera aussi comme un préambule à la lecture de
demain qui nous rapporte une affaire un peu scabreuse, peu honorable pour
Abraham.
Il y a beaucoup
d'histoires, dans la Bible, qui ne sont pas très morales, peu correctes..., au
point que lorsque j’étais collégien, la Bible, dans son intégralité, n’était
pas à la disposition des élèves, tant elle recèle pas mal d’histoires peu
recommandables, scabreuses !
Pourtant, je trouve
qu'il faut savoir ne pas escamoter ces épisodes curieux moralement parlant. Ils
illustrent l’un des thèmes les plus fondamentaux qui se développe tout au long
de la Bible jusque dans le Nouveau Testament et encore dans l’histoire de
l’Eglise ! Et comme je souhaiterais que ce thème soit bien connu et
reconnu par tout chrétien - et même et surtout par tout religieux - et
également par tout homme d’où qu’il vienne et quel qu’il soit, à l’exemple
d’Agar - nous le verrons demain - une
servante - une esclave - égyptienne, de surcroît !
Ce thème est
celui-ci : Dieu prend toujours l’homme, prend chacun d’entre nous, “tel qu’il est et là où il en est“.
Si Dieu attendait
que l’homme soit parfait pour faire alliance avec lui, et bien l’éternité ne
lui suffirait pas pour attendre !
Si le père de
l'enfant prodigue avait attendu que son fils ait une contrition parfaite pour
l'accueillir, je crois qu'il attendrait encore... ; il ne l'aurait jamais reçu
!
Elle est importante
cette remarque pour notre vie et celles de nos frères. Car Dieu, lui, prend
toujours l’homme fait “de chair et de sang“, “tel qu’il est et là où il en
est“ avec ses qualités et aussi avec ses défauts qui, souvent, ne sont pas
minces !
Penser le contraire
est d’ailleurs une hérésie : le pélagianisme, du nom de son
propagateur : Pélage (4-5ème
siècle),
cet austère moine breton (à
la tête un peu dure sans doute ; en fait c’était sans doute un
Irlandais !).
Pour faire court, on
peut dire qu'il soutenait que l’homme peut par sa seule volonté, par ses forces
humaines, mener une vie vertueuse et mériter ainsi le ciel. Nul besoin de la
grâce de Dieu réduite aux dons naturels accordés par le Créateur (le libre arbitre,
la raison, la conscience…).
Remarquons au
passage que cette hérésie n’est pas tout à fait éteinte : certains ne sont
pas loin de penser - inconsciemment, certes - qu’ils sont en “alliance“ avec
Dieu du seul fait de leurs observances vertueuses ou - pire encore - du fait de
leurs louables intentions humaines libérées, à leurs yeux, de toute loi trop
servile !
Et bien Non ! Il
nous faut toujours le secours, la grâce de Dieu. Et c’est la raison pour
laquelle le Fils de Dieu s’est fait homme pour que de sa pauvreté, nous
devenions riches, comme dit St Paul.
Oui, Dieu prend
l’homme “tel qu’il est et là où il en est“ - et ce n’est pas toujours
joli - pour le rendre saint, le faire “marcher“ (“marche
devant ton Dieu !“) vers lui, le “Trois fois Saint“ !
Ainsi, la Bible nous parle toujours d'un "Dieu lent à la colère et plein de
miséricorde !". La première démarche spirituelle et chrétienne, c'est
de nous confier à la miséricorde divine. St Benoît ne dit pas autre chose.
C'est le fondement d'une vie humble qui veut tout recevoir de Dieu et non
d'elle même. "Qu'as-tu que tu n'aies
reçu ?", demandait encore St Paul.
Demandons ce fondement de l'humilité. Et
sachons que toute suffisance - tout orgueil - est un rempart à la venue de
Dieu. C'est une "tour de Babel" ! Seuls, les pauvres de cœur ont, dès
ici-bas, un accès auprès de Dieu !
C'est ce que souligne, à sa façon, l'épisode
d'aujourd'hui : une humble ouverture à Dieu permet de faire alliance avec Dieu
qui seul peut avoir l'initiative... et non pas nous-mêmes, voyons !...
Et la lecture de demain soulignera encore
ce leitmotiv biblique : Dieu prend toujours l’homme, prend chacun d’entre
nous, “tel qu’il est et là où il en est“.
Il n'y a donc aucun motif de
désespérance... ou même d'acédie, cette sorte de dépression spirituelle tant
combattue par nos ancêtres
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