N. B. : Le 19 Juin fut marqué en ce Prieuré "La Paix Notre-Dame" par le jubilé sacerdotale de 25 ans du P. Bruno Delaroche, curé de Château du Loir, et par celui de vœux monastiques de Mère Marie-Maximilien, Prieure.
A cette occasion je leur ai adressé un "mot" amical. Je n'avais nullement l'intention de le transmettre par ce blog ou par e-mail. Cependant, plusieurs m'ont invité à le faire. Ceux qui liront voudront bien se placer en cette circonstance particulière et s'associer à l'action de grâce des Jubilaires. Merci.
Jubilé - 25 ans -
de sacerdoce du P. Bruno
Delaroche, curé de Château du Loir
de vœux monastiques de Mère Prieure
- "La Paix Notre-Dame" -
Quand le Père Bruno Delaroche et Mère Prieure ont
décidé - bien légitimement - de fêter ensemble, en ce Prieuré "La Paix
Notre-Dame", leurs vingt-cinq ans de sacerdoce ou de vœux monastiques,
j'en fut très heureux !
Evidemment !
- Pour eux-mêmes d'abord : une heureuse occasion
d'action de grâce commune et de prières, en vue, naturellement, de leurs futurs
jubilés de cinquante, soixante, soixante-dix ans... et peut-être plus... !
Soyez donc assurés, Cher Père Curé et Révérende Mère Prieure de nos prières !
- J'en fus heureux aussi pour moi-même, car je me
suis dit : une bonne occasion de ne pas faire d'homélie, ou plutôt d'en écouter
une ; c'est désormais si rare pour moi ! Mais le Père Bruno m'a ensuite confié
son ennui bien compréhensible de s'adresser aujourd'hui non pas à Mère Prieure,
évidemment, mais à lui-même en même temps, en cette occasion commune.
Vous êtes donc contraints, bien malgré moi, de
m'entendre aujourd'hui encore ! Et que dire ? Devant vous, cher Père, je ne
n'ose pas prendre un style "homélie" ; et vous-même, Ma Mère, vous
m'entendez si souvent, trop à n'en pas douter... !
Alors j'ai pensé résoudre le problème en vous
adressant simplement à tous deux un mot amical pour rejoindre votre démarche
humaine, spirituelle et ecclésiale. Aussi, je me suis dit que, dans votre
pensée, ces vingt-cinq ans de sacerdoce ou de vie monastique ne pouvaient être
imaginés autrement que comme un immense bouquet de fleurs, de fleurs visibles
et invisibles.
C'est alors que je me suis souvenu... ! Au cours du
dernier été, durant mon repos imposé, j'ai rencontré un agriculteur qui, près
de son champ, m'avait lancé fièrement, avec un grand geste et un large sourire
: "J'ai semé du tournesol !".
Sans doute rêvait-il déjà aux larges fleurs ensoleillées.
D'ailleurs quelques tiges s'étaient déjà élevées
avec leurs larges feuilles solides et frustres. Quelques jours plus tard, la
pluie et la chaleur se succédant, une poussée brusque s'était produite comme un
assaut vers le ciel. Et un matin, j'ai vu ici ou là, dans l'étendue verte,
quelques fleurs - une vingtaine peut-être - qui semblaient soulever une lourde
paupière et chercher. Elles venaient de s'ouvrir. Déjà grisées de lumière,
elles tâtonnaient, aurait-on soupçonné, pour s'orienter vers le soleil.
Quand je suis encore repassé quelques jours plus
tard, il n'était plus possible de les compter. Tout le monde n'avait pas ouvert
les yeux, mais il y avait partout des fleurs qui levaient la tête. Puis, ce fut
la foule immense : des milliers et des milliers de petits soleils éclatants,
tournés vers l'unique.
Certaines fleurs semblaient désorientées. Mais ce
n'était qu'une hésitation temporaire. Toutes les autres se mouvaient lentement,
leur regard accompagnant la course du grand soleil. Une multitude de rayons
jaunes fascinés par l'astre du jour ! Certes, le temps était souvent couvert l'été
dernier - on s'en souvient - ! A travers le ciel gris, l'œil ne pouvait
percevoir la position du soleil. Mais les tournesols regardaient à travers les
nuages dans la bonne direction.
J'ai appris ensuite que cette vaste fleur est un
"capitule", c'est-à-dire un réceptacle qui peut porter plus de mille
cinq cents fleurs minuscules, serrées les unes contre les autres, et qui
donneront autant de graines oléagineuses. Et tout ce monde floral était entouré
d'une couronne de flammèches jaunes. Ainsi, dans l'océan des "fleurs"
de tournesol, chacune contenait des centaines de fleurs serrées, modestes,
réduites à l'essentiel : le désir solaire les mouvait toutes ensemble.
Notre Seigneur parlait, lui, des lys des champs. Je
vous dédie ma parabole et mes "fleurs" de tournesol s'éveillant au
soleil et qui veulent le suivre "à
son image et ressemblance" pour recevoir de lui mouvement, vie, et
fécondité.
L'exégèse de ma parabole est facile, me semble-t-il.
Vous la ferez vous-mêmes, cher Père et Révérende Mère. Mais pensez cependant :
les trois-cents-soixante-cinq tournesols annuels de vingt-cinq ans doivent
recouvrir un vaste espace humain et spirituel tout à la fois. J'ai fait le
calcul : 9125 tournesols, au moins. De ce nombre, il est certain, cher Père,
que St Augustin, bien connu de vous, en donnerait une ou plusieurs explications
quelque peu pythagoriciennes. Mais je pense qu'il retiendrait notre attention
principalement sur l'huile qu'ont pu donner tous ces tournesols, une huile de
bienfaits, une huile sacramentelle, une huile de grâces divines.
Et cette réalité nous pousse à imaginer plus
encore, comme une prière : si l'on savait véritablement ouvrir les yeux,
partout, sur les "tournesols" humains que Dieu a créés "à son image et ressemblance"...,
s'il était possible, tous ensemble, de nous laisser former et transformer par
le Soleil de tous les univers..., si nous savions, aux matins de brume, rester
fixés sur lui..., quel bonheur serait le nôtre !
Certes, ma parabole ne retient que quelques aspects
de l'existence illuminée des tournesols. Je n'ai parlé ni des tiges grossières,
ni des feuilles plus ou moins dentelées comme scies, ni des adaptations subtiles
qui permettent au pédoncule de tourner insensiblement au long du jour avec une
lente élégance. C'est vrai ! Et je sais que pour la fleur il faut tout cela !
Mais je préfère aujourd'hui rester illuminé, dans votre action de grâces, par vos
vingt-cinq fois trois-cent-soixante-cinq tournesols tournés vers le Soleil
divin !
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