Fête du Sacré-Cœur 2013
Il me semble
vous avoir déjà tracé l'histoire de la fête du Sacré-Cœur. Rappelons-nous
l'apparition de Notre Seigneur à Sr Marguerite-Marie, Visitandine à
Paray-le-Monial, en 1673. Il veut lui montrer l'immense amour qu'il y a dans le
"cœur" de Dieu à l'égard de l'homme, ...pour chacun de nous... !
Mais quand, nous
chrétiens, nous parlons du cœur, il faut faire attention ! Le "cœur"
dans la Bible ou même dans toute la spiritualité chrétienne, n'est pas lié à la
vie affective, du moins pas seulement, loin de là ! Le "cœur", c'est
ce qu'il y a au plus intime de l'homme : ce qu'il pense, ce qui le met en branle, en
activité. Le "cœur", enseignait naguère le P. Barthélémy (professeur
à l'université de Fribourg), c'est une "faculté de
projet". En ce sens, peut-être, où, dans le Cid de Corneille, Don
Diègue demande à son fils : "Rodrigue,
as-tu du cœur ?". Qu'y-a-t-il au plus intime de toi à mon égard,
envers moi qui suis injurié, offensé, outragé... !
Et bien, à
l'intime de Dieu, en son "cœur", il y a un projet qu'il ne cesse de
nous proposer, qu'il murmure sans cesse, qu'il manifeste à Sr Marguerite-Marie
: il désire que nous soyons "à son
image et ressemblance". Il nous appelle à être ses fils !
Malheureusement,
devant le projet éternel du "cœur" de Dieu, l'homme forme un
"contre-projet". Il veut se construire lui-même sans le concours de
Dieu, refusant l'appel divin. L'homme se détourne de Dieu. Il est victime d'un "aveuglement", dira le
prophète Isaïe, le fameux "divertissement"
dont parle Pascal. Pourtant, Dieu est là, toujours ! Rien ne serait si Dieu ne donnait
pas l'existence à chaque instant par une création continue. Dieu est là ! Mais
l'homme n'est pas là. "Mon peuple ne
comprend pas", dit Dieu par le prophète Isaïe. "Ils deviennent, dit-il encore, comme le peuple de Sodome et Gomorrhe ! ".
Quand, dans la Bible,
on évoque cette région - le point le plus bas de la terre - 400 m)
-,
on
parle
de "mahapekah Sedom". La racine
du mot "Mahapekah"
veut
dire "contraire",
"retournement". En cette région de péché, on dirait que la terre s'est comme retournée,
révulsée... L'homme devenant pécheur, l'univers orchestre cette aberration et
se retourne, se révulse… en quelque sorte : "mahapekah
Sedom".
C'est un thème
récurent dans la bible. Ezéchiel y fait une allusion dans la lecture : "Comme un pasteur, je retirerai mes
brebis de tous les lieux où elles furent
dispersées, au jour de brouillards et de ténèbres (comme à Sodome). Je leur ferai
sortir des pays étrangers - ces enfers ! -
; je les ramènerai sur leur sol. Je les ferai paître sur les montagnes d'Israël
!".
Mais chez Osée -
Isaïe, Ezéchiel également - quand l'homme pèche, qu'il est dans le chaos, ce
n'est plus tellement la terre qui se retourne, qui se révulse, mais c'est le "cœur" même de Dieu : "Mon
peuple, dit Dieu (Osée 11.7sv) est
cramponné à son infidélité... Mon cœur en moi est bouleversé ("retourné" : même racine
que pour Sodome)". Mais,
dit Dieu, "je ne donnerai pas cours
à l'ardeur de ma colère..., car je suis Dieu et non pas homme ; au milieu de
toi je suis le Saint... !". Aussi, la brebis perdue, il va la
rechercher : "Je ramènerai celle qui est égarée, je fortifierai celle qui
est malade!". - "il la
met, tout joyeux, sur ses épaules, dira Jésus (Ev.), et il dit : Réjouissez-vous avec moi, car je
l'ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !".
C'est, finalement, ce langage que tenait Notre
Seigneur à Sr Marguerite-Marie, lui montrant son "cœur", blessé, souffrant... et Dieu ne cesse de demander : "Faites-vous un cœur nouveau !" (Ez. 18.31). Mais c'est lui-même qui
fera, si je puis dire, l'opération chirurgicale : "Je répandrai
sur vous une eau pure et vous serez purifiés... J'ôterai de votre chair le cœur
de pierre et je vous donnerai un cœur de chair" (Ez. 36.25-26).
Voilà ce que
Dieu fait éternellement, notre "Dieu au "cœur boulveresé, retourné, révulsé" par le péché des
hommes. Il l'a manifesté en Jésus-Christ crucifié, dont le cœur fut transpercé par la lance du soldat romain.
St Jean a très bien
compris cela quand il note : "Un des
soldats, de sa lance, lui (Jésus) perça le côté et il en sortit aussitôt du sang et de l'eau". (Jn 19.34).
- l'eau purificatrice :
thème que développera Ézéchiel à la suite d'Isaïe.
- le sang du sacrifice
: une allusion peut-être au sang du "juste" par excellence que fut le
roi Josias qui "fit ce qui est
droit... sans dévier ni à gauche ni à droite" (2 R. 22.1-2), mais injustement "transpercé", lui aussi,
par une flèche (Cf 2 Ch.
35.23), ce qui avait terriblement posé la
question du mal : "la mort du Juste
!".
- L'eau qui sort du
côté du Christ, c'est l'eau du baptême, diront tous les Pères de l'Eglise,
l'eau qui purifie comme l'eau qui sortait du temple, selon Ezéchiel, et qui,
devenant un grand fleuve va purifier les terres de la mer morte, les terres de
Sodome, les terres du péché... C'est encore l'eau qui abreuve comme celle qui
sortait du rocher au cours de la marche du peuple élu dans le désert. Et St
Paul dira : "Mais ce rocher, c'était
le Christ" (I
Co. 10.4), déjà ! - Le Christ qui donne "l'eau vive", dira-t-il à la
Samaritaine, "jaillissant en vie
éternelle !" (Jn
4.10, 14).
- Le sang, c'est le sang
du don de soi qui va jusqu'au sacrifice : "Ceci
est mon corps... Ceci est mon sang". C'est le mystère pascal du Christ
qui nous conduit vers le Père... Et nous savons que l'institution de la fête du
"Sacré-Cœur" est très liée à la fête du "Saint-Sacrement".
Que toute Eucharistie soit pour nous une occasion de recevoir de plus en plus
l'amour du Père transmis par le Christ et actualisé par leur Esprit-Saint commun en nos cœurs !
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