St Joseph, travailleur – 1er Mai
Avant
de devenir en Europe la “fête du
travail“, le 1er Mai fut depuis la fin du 19ème
siècle une journée de revendications sociales et souvent de luttes en
faveur de la condition ouvrière. L’Eglise ne fut pas insensible à cette
démarche. Déjà, Léon XIII - on le sait -, puis Pie XI s’employèrent à ouvrir
les yeux des chrétiens sur les problèmes du monde du travail. Et Pie XII donna
une dimension spirituelle à cette journée en la plaçant sous le patronage de St
Joseph, Travailleur (1955).
St
Joseph fut, en effet, le modèle du travailleur, lui qui est souvent désigné
comme “le charpentier de Nazareth“ !
Non seulement, comme tout homme, il collabora à l’œuvre du Créateur - “Soyez féconds, avait dit Dieu à Adam et
Eve, dominez la terre… !“ (Cf. Gen 128) -, mais, travaillant en présence
de Jésus, en union avec lui, il collabora, sans trop le savoir parfois comme
nous-mêmes, à l’œuvre de son divin Fils !
Jésus
ne dira-t-il pas : "Mon Père, jusqu'à présent, est à l’œuvre et moi aussi je suis
à l’œuvre" (Jn 5.17).
- Mon Père
travaille et moi aussi je travaille : Jésus trouve anormal de ne pas faire fructifier les talents que le
Dieu nous a donnés pour collaborer à son œuvre de création. D’ailleurs, Il fut
attentif au métier de ceux qu’il avait choisis. Souvent, il soulignera le soin
que doivent porter le pasteur à ses brebis, le vigneron à sa vigne, le semeur à
son champ, la ménagère à sa maison, le médecin à ses malades… etc. Et il
attribue au travail toute une dimension spirituelle, celle de la charité,
fondant les relations engendrées par le travail sur le principe de la
fraternité. Aussi, en vertu de sa loi d’amour, il fustige l’égoïsme et
l’oisiveté…
- Mon Père
travaille et moi aussi je travaille : Cependant l’œuvre du Christ à laquelle sont subordonnées toutes les
autres, est de conduire à son terme l’œuvre
unique que le Père veut réaliser : le salut des hommes, l’union
des hommes avec Dieu, cette Alliance que Jésus réalisera par son
mystère pascal !
Et lorsque la gloire du Ressuscité revêtira tous les élus, la “domination“
de l’univers sera elle-même réalisée, sans entrave de péché, de mort ou de
souffrance. L’esclave qui porte sa condition dans le Christ est déjà un “affranchi du Seigneur“ (I Co. 7.22). Et la création tout entière sera elle-même “libérée de la servitude et de la corruption
pour entrer dans la liberté des enfants de Dieu“ (Rm 8.21).
De quelle manière nous le pouvons le savoir et surtout pas l’imaginer. Mais
il y aura comme une permanence de la création voulue par le Créateur, réalisée
par l’homme et sanctifiée par le Christ !
Désormais,
avec l’aide de St Joseph, il nous incombe de poursuivre l’œuvre du Créateur,
l’œuvre du Christ, en répétant nous-mêmes : "Mon Père est à l’œuvre et moi aussi je suis
à l’œuvre" !
Poursuivre l’œuvre du
Créateur ! Nous sommes sans cesse appelés à nous émerveiller non
seulement de la nature telle quelle sort de la mains du Créateur, mais aussi de
tout le travail que l’homme “créé à
l’image de Dieu“ est capable de faire dans la nature, en bien des domaines.
Souvent, on pense que, plus la science progresse, plus Dieu est oublié !
Parfois sans doute ! Mais il faut le répéter : l’homme est appelé par
Dieu à participer à la création, à la mise en valeur de tout le créé. Sachons
nous émerveiller non seulement pour tout ce que Dieu a créé, mais aussi pour
tout ce que l’homme, “créé à l’image de
Dieu“, est capable de faire dans la nature quand il en respecte les
lois !
N’ayons pas peur : devant
la création, devant tout le travail de l’homme, n’hésitons pas à rebondir de
tout notre être dans la reconnaissance et l’action de grâce. L’homme qui, de
par sa condition même, est un “être royal et sacerdotal“ doit faire “l’hommage
à Dieu de toute la création“, disait Claudel. Sans cesse, il doit chanter avec
le psaume 104 : “Toute ma vie je
chanterai le Seigneur ; le reste de mes jours je jouerai pour mon
Dieu ! Que mon poème lui soit agréable. Et que le Seigneur fasse ma
joie !“.
Poursuivre l’œuvre du Créateur
et poursuivre l’œuvre du Christ ! L’œuvre du Christ en nous est le
travail de toute une vie ! Il nous faut sans cesse travailler à une
nouvelle création qui sera due, comme la première, à un amour purement gratuit
de Dieu
Cet appel à une nouvelle
création, déjà, David le ressent, après avoir confessé sa faute : “Vois : mauvais je suis né ;
pécheur, ma mère m’a conçu. Mais tu aimes la vérité au fond de l’être !“
(Ps 50). Il nous faut descendre au plus profond de
nous-mêmes pour préparer une régénération, une re-naissance, une re-création :
“Crée en moi un cœur pur, restaure en ma
poitrine un esprit nouveau“ !
C’est le langage que Notre
Seigneur tiendra à Nicodème : “A
moins de naître d’en haut - ou : de nouveau -, nul ne peut entrer dans le
Royaume de Dieu… Nul s’il ne naît d’eau et d’Esprit (“Vois, mauvais, je suis né), nul ne
peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ;
et ce qui est né de l’Esprit est esprit“ (“Crée en moi un cœur pur !“).
Et Jésus donne déjà à Nicodème l’instrument
de l’œuvre à accomplir : “Comme
Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de
l’homme, afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle !“.
L’œuvre à accomplir est l’œuvre de notre foi en Jésus mort et ressuscité, le
premier-né d’entre les morts ! “Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine
est notre foi !“, disait St Paul. Mais non ! le Christ est
ressuscité ! Et il nous faut “travailler“ pour passer par où le Christ est
passé, pour vivre le mystère du Christ, le mystère de sa mort afin de le
rejoindre éternellement dans sa Résurrection ! Er alors, nous serons
véritablement “à l’image et ressemblance de Dieu !“ –
Et ce sera le bonheur que
décrivait un poète avec une définition extraordinaire : “Interminabilis
vitae tota simul plena et perfecta possessio“. La vie sans aucune limite ;
d’un seul coup et toute entière ; une pleine et entière possession !
On est fait pour cela et dans notre âme et dans notre corps.
Sachons collaborer à l’œuvre de re-création du Christ en nous et autour de
nous !
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