3 Mai - I Co
15.1-8 – Jn14. 6-14
“Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit !“ (Jn. 14.8)
La demande de l'Apôtre Philippe qui avait
suivi le Christ Jésus et avait donc bénéficié de “cours particuliers”, peut
nous sembler bien exigeante ! Pourtant, elle rejoint la question fondamentale
que se pose l'homme depuis toujours : “Dieu, qui est-ce? Qui est Dieu ? ”.
Depuis
que notre planète a accueilli l'homme raisonnable, la question demeure béante.
De tous temps et partout, les hommes ont cherché à savoir qui est Dieu..., à le
rencontrer ! Et ils l'ont trop souvent imaginé à travers le prisme
déformant de leurs propres instincts : un Dieu terrible et injuste, ou un Dieu
mystiquement débonnaire, etc... Toujours l’“inversion sacrilège“ : ce
n’est pas à l’homme de “faire Dieu“ ! C’est Dieu qui se révèle… Sinon,
Voltaire toujours sarcastique, a raison : “Si Dieu a créé l’homme, l’homme le lui a bien rendu… !“ Un
Dieu à la pauvre image de l’homme !
“Seigneur,
montre-nous le Père, cela nous suffit...”
Oui, Philippe avait raison. A sa
manière, il posait crûment une question qui demeure permanente et essentielle :
Qui est Dieu ?... “Je voudrais voir Dieu... ”, demandait Thomas d’Aquin, encore
enfant.
Aussi, la réponse du Christ
mérite méditation, attention : “Philippe, celui qui m'a vu a vu le Père...
Je suis dans le Père et le Père est en moi...”.
Lorsqu'on
replace cette parole de Jésus dans son contexte, on s’aperçoit que c'est l’une
des dernières confidences du Seigneur avant sa Passion, confidences d’adieu, de
testament qui veut indiquer l’essentiel : “Ne soyez pas bouleversés... vous croyez en Dieu... Croyez aussi en
moi... Personne ne va vers le Père
sans passer par moi...“ (Jn 14.6)
C’est
curieux : l'apôtre Philippe, lui, avait bénéficié d'une chance
extraordinaire... : trois ans avec le Christ ! Et pourtant, il veut voir le
Père !
La réponse du Christ est éclairante.
Au fond, Jésus lui fait remarquer qu'il n'a rien à désirer de plus que ce qu'il
a. Il possède - déjà - ce qu'il demande : “Celui
qui m'a vu a vu le Père !”
Philippe,
jusqu'à présent, est resté aveugle… Jésus l'invite à s'ouvrir à lui comme il
nous invite à le faire, toujours ! Il faut le savoir : Jésus n’offrira
rien d’autre que lui-même : “Celui qui
m'a vu a vu le Père !”. C’est à travers sa personne que l’on peut être en
contact véritablement avec Dieu !
Si Jésus a rencontré la
Samaritaine et Zachée, s'il a donné à manger à une foule affamée, s'il a rendu
son fils à la veuve de Naïm et pleuré devant le tombeau de Lazare, s'il a
inventé tant et tant de paraboles..., c'était pour révéler - à travers lui -
l'immense amour de Dieu-Père.
Mais
maintenant, c'est terminé. Et tant pis pour Philippe, si je puis dire, tant pis
pour nous si nous cherchons Dieu là où il ne peut être trouvé. Il nous sera
toujours dit : “Dieu a parlé aux hommes
en Jésus Christ... !” Et cela
suffit !
Oui
le Père parle, agit en son Fils Jésus. L'Évangile nous l'affirme, les témoins
de la Résurrection nous le disent : “Ce
que nos yeux ont vu, ce que nos oreilles ont entendu, ce que nos mains ont
touché du Verbe de Vie, nous vous l'annonçons“. (Jn. 1.1-3)
Alors,
comme pour Philippe, si nous voulons encore aujourd'hui rencontrer Dieu, il
nous faut passer par le Christ, Lui qui est le “Chemin, la Vérité et la Vie”
(Jn. 14.6)
“Philippe,
celui qui m'a vu, a vu le Père...”
Oui, Dieu a pris et il prend
toujours l’initiative de se dire, de se révéler aux hommes, à chacun de nous.
Il l’a fait et il le fait toujours par et en Jésus Christ.
Alors,
aujourd’hui, reprenons courage : “Ne
soyez pas bouleversés… !“. Nous cherchons Dieu... et nous n’aurons
jamais fini de le trouver. Dieu est si grand ! Mais nous connaissons le
CHEMIN qui va à lui : le CHRIST !
Tu
es le Chemin, la Vérité et la Vie, Seigneur Jésus. Celui qui croit en Toi a
reconnu le Père. Alleluia !
Et je terminerai par ce passage
de l’exode que j’aime bien : “Moïse dit à
Dieu : "De grâce, fais-moi voir ta gloire". Et le Seigneur lui dit : " Je ferai passer devant toi toute ma beauté et je
prononcerai devant toi le nom de Dieu….
Mais tu ne peux pas voir ma face, car l'homme
ne peut me voir et vivre". Le Seigneur dit encore :
"Voici une place près de moi ; tu te tiendras sur le rocher. Quand passera
ma gloire, je te mettrai dans la fente du rocher et je te couvrirai de ma main
jusqu'à ce que je sois passé. Puis j'écarterai ma main et tu verras mon dos ;
mais ma face, on ne peut la voir“. (Ex. 33.
18sv).
Ici-bas, on ne peut voir Dieu
que de dos, une fois qu’il est passé ; et on s’exclame alors, comme
Jacob : “Dieu était là (à tel
endroit, à tel moment de ma vie), mais je ne savais pas !“ –
Mais maintenant je le sais !
Oui, Moïse lui-même ne vit Dieu que de dos. Et un midrash,
un commentaire juif d’ajouter - et cela m’enchante - : “Autrement dit, Moïse ne vit que le manteau
de la miséricorde de Dieu qui recouvrait toutes choses !“.
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