Pâques 5 Lundi – St
Paul face aux païens ! (Ac 14, 5-18 - Ps 113 B - Jn 14, 21-26)
Par les passages plus ou moins
morcelées que la liturgie nous présente, il est bien excusable de perdre le fil
de la lecture des Actes des Apôtres et particulièrement du premier grand voyage
missionnaire de St Paul. Mais il n’est pas difficile d’en reconstituer la
continuité pour peu qu’on prenne le temps de feuilleter les chapitres 13 à 15. Je
me permets de vous conseiller cette lecture.
(La manière dont se sert St Luc pour rapporter les évènements, est
elle-même, porteuse d’enseignement et il serait dommage de se priver d’admirer
l’art du narrateur en ne faisant pas une lecture suivie du récit).
Partis d’Antioche de Syrie, les
apôtres étaient passés par Chypre. De là ils avaient accosté à Antalya
probablement (petit port qui existe toujours), et avaient gagné Pergé au nord,
puis Antioche de Pisidie où les Juifs n’avaient pas apprécié leur prédication.
Chassés, ils vont vers l’est : Iconium, aujourd’hui Konya où les touristes
sont attirés par les spectacles qu’offrent les “derviches tourneurs“ qui
cherchent l’extase en tournoyant jusqu’à l’épuisement
[Le
plus célèbre, le plus connu en Occident est Rumi - 13ème s -.
L’une de ses phrases les plus célèbres était : “Si tu ne veux pas mourir,
vis dans l’amour ; si tu meurs dans l’amour, tu vivras”.].
Quand
on parcourt la Turquie actuelle on s’étonne de voir que cette région qui fut l’une
des premières à être évangélisée n’ait gardé presque aucune trace de
christianisme.
A
Iconium, de nouvelles intrigues forcent Paul et Barnabé à continuer leur route
en Lycaonie, à Lystres et à Derbé.
Dans
cette région, à la différence de celles parcourues auparavant, il n’y a pas
de juifs, ni de synagogues. On est en pleine région païenne. La prédication de la Bonne Nouvelle
s’adapte et prend un tour nouveau. « Les dieux, » disaient
les gens, après la guérison d’un impotent, « sous forme humaine sont
descendus parmi nous ».
[A remarquer au
passage que Barnabé avait plus de prestance que Paul. C’est Barnabé qu’on prend
pour Jupiter et Paul n’est qu’un dieu secondaire, Hermès. De fait, si l’on en croit
un texte apocryphe attribué à Ste Thècle, Paul n’était pas très avantagé
physiquement. Il nous est décrit comme chauve, petit de taille et les jambes
torses].
La
prédication s’adapte ;
impossible, là, de démontrer la messianité de Jésus sur la base d’une
démonstration faite à partir de la Bible que les païens ignoraient totalement, -
comme c’est le cas de plus en plus à notre époque de laïcisation !! -.
Paul éveille la foi des païens
en leur faisant entendre ce premier langage que Dieu parle depuis les origines
de monde, celui de la nature, comme dans la lettre aux Hébreux et celle aux
Romains.
-
He 11,1-3 : «Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés
par une parole de Dieu, de sorte que ce que l'on voit provient de ce qui
n'est pas apparent ».
-
Rm 1,19-21 : « Ce qu'il a d'invisible depuis la création du
monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses œuvres, son
éternelle puissance et sa divinité, en sorte qu'ils sont inexcusables ;
puisque, ayant connu Dieu, ils ne lui ont pas rendu, comme à un Dieu, gloire ou
actions de grâces, mais ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements et leur
cœur inintelligent s'est enténébré »
Ce
mode de prédication est toujours actuel, même chez les scientifiques, ceux que
ne s’encombrent pas les préjugés !
Après
ce séjour chez les païens, Paul et Barnabé, intrépides, retournent dans les
villes qu’ils ont évangélisées précédemment, surmontant les souvenirs des
mauvais traitements subis. Et ils procèdent, en nommant des anciens et des
responsables, à une première organisation institutionnelle des églises.
C’est ce que la liturgie nous fera lire demain.
Je
crois que la principale leçon à retenir aujourd’hui, c’est celle de la
souplesse de la prédication chrétienne. St Paul et les apôtres, ne pouvant
plus faire référence à l’histoire du peuple élu, aux prophètes, s’inspirent des
lois de la pédagogie divine que manifeste la création toute entière. C’est un
véritable “aggiornamento“. C’est ce qu’a voulu faire Vatican II. C’est ce que
nous devons faire : s’adapter aux gens tels qu’ils sont et là où ils en
sont, pour faire progresser nos interlocuteurs vers la vérité tout entière…
Elle s’adresse aux hommes tels qu’ils sont, là où ils en sont pour les faire
progresser vers la plénitude des temps et la venue du Royaume.
Demandons à l’Esprit-Saint
la force et l’intelligence de savoir témoigner. Oui, prions l’Esprit
Saint ; c’est lui qui nous mène, dit l’Evangile, vers la Vérité tout
entière, selon ce que chacun est capable de porter.
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