4ème dimanche de Pâques 12 –
Chaque dimanche, voire chaque
jour, nous sommes rassemblés pour répondre à l'appel de l'unique Berger - “Je suis le bon berger !“,
dit Jésus -. Par l'Eucharistie, nous célébrerons sa mort et sa résurrection, ce
mystère immense par lequel il a réconcilié les hommes avec Dieu, par lequel il
fait Alliance entre le ciel et la terre.
Mais son œuvre doit être
continuée, poursuivie, actualisée de génération en génération. Il le fait par
ceux qu'il a choisis et par chaque baptisé. Certes, aujourd'hui, l'Eglise nous rappelle
la mission particulière du prêtre au service de l'Evangile et des sacrements,
et en particulier de l'Eucharistie. Mais c’est aussi la “Journée mondiale de prières pour les
vocations“ ! Pour toutes
vocations ! Oui, chaque baptisé est invité, selon sa propre vocation
à prendre sa part à cette annonce de
l'Evangile, cette “Bonne Nouvelle“ qui nous sollicite à suivre le “Bon Berger“,
jusqu’en la gloire de son Père !
Or toute vocation est un appel, une réponse et un envoi.
Et le premier Appelé, c'est
Jésus-Christ lui-même. Car le
premier Berger, ce n'est pas Jésus, c'est Dieu. Déjà dans l'Ancien
Testament, Il se déclare le Berger d'Israël qui est son peuple, son troupeau. “Il conduit ses brebis dans de verts
pâturages“, dit le psaume. Jésus le nomme son Père. C'est ce “Dieu-Berger
et Père“ qui le choisit à être Berger à son tour : “Tu es mon Fils Bien-aimé !“ (Mc 1.11) ; sois le Pasteur de mon troupeau tout entier, afin qu'il n'y ait
qu'un seul troupeau et qu'un seul Pasteur ! Ainsi Jésus peut dire : “Je connais mes brebis, et mes brebis me
connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père ; et je
donne ma vie pour mes brebis !... Voilà le commandement de mon Père“, le
“Berger“ d’Israël.
A cet appel du Père, à cette
vocation, Jésus répond : “Me voici, je suis
venu pour faire ta volonté“ (Heb 10.7,9). Avant
de devenir Berger par rapport à son troupeau, Jésus est l'Agneau par rapport à
son Père à qui il répond : "Me
voici". - Et il est envoyé pour sauver le troupeau : “Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du
monde“ (Jn
1.29). Il donne sa vie pour toutes
les brebis du Père. Cette vie, dit-il, “nul
la prend, c'est moi qui la donne !“. Comme l'Agneau pascal, il
s'immole pour faire le don de son corps, de son sang, de sa personne. Voilà
comment se réalise sa vocation de “berger“ : en étant d’abord l’“agneau
immolé“ !
On n'a pas suffisamment remarqué
ce renversement, cette révolution, apportée par Jésus dans le sacrifice qu'il
fait ainsi de sa vie pour toutes les brebis. En effet, comment d'ordinaire se
comporte un Berger ? Il finit par tuer ses brebis pour les manger, car il est
le Maître ! Jésus, lui, parle du mauvais berger qui vient pour égorger,
voler, détruire, piller. "La raison
du plus fort et toujours la meilleur", disait La Fontaine. Et delà
vient l'angoisse des hommes devant la vie, devant le temps, face à la mort et
face à Dieu lui-même, parfois.
Or voilà que Jésus nous révèle sa
vocation de Bon Berger, à la suite de son Père ! Ce n'est pas de nous
dévorer, mais de se laisser manger par ses brebis : Je leur donne
la vie éternelle, ma propre vie. “Moi, le
Bon Berger, je suis le Pain de Vie. Qui mange ma chair et boit mon sang a la
vie éternelle et moi je le ressusciterai au dernier jour“. C'est le monde
renversé !
Jésus nous révèle ainsi qui est
Dieu, premier Berger qu'il appelle son Père. Et il suffit de le regarder : "Qui me voit, voit le Père".
Dieu est bon, il est le Bon Berger, Il donne ; il se donne en son Fils.
Dieu est donneur de vie. Dieu est Résurrection. Dieu est Amour. “Le Père et moi, nous sommes un“. Ainsi Jésus est “berger“ en étant “agneau immolé“ !
Aussi, la lettre aux Hébreux pourra conclure solennellement : “Que le Dieu de la paix qui a fait remonter
d’entre les morts, par le sang d’une alliance éternelle, le grand pasteur des
brebis, Notre Seigneur Jésus, vous rende aptes à tout ce qui est bien pour
faire sa volonté“ (Heb 13.20-21)
“…Vous rende aptes… à faire sa
volonté !“. Car, à la suite de Jésus, il y a les autres appelés :
Jésus, le premier Appelé, va devenir le premier Appelant : “Viens et suis-moi, tu seras Berger. Ce n'est pas vous qui m'avez
choisi, c'est moi qui vous ai choisis“ (Cf. Jn 15.16).
Quand le Berger appelle, il ne
devrait y avoir qu'une seule réponse possible : "Me voici, Seigneur". Comme Jésus lui-même a toujours dit
à son Père : “Me voici, je suis venu
pour faire ta volonté“ ! C'est la condition du véritable bonheur.
Sinon, nous éprouverions ce que le jeune homme riche a ressenti : “Il s'en alla tout triste, car il avait de
grands biens“ (Mth 19.22).
“Viens et suis-moi !“- Dieu propose toujours, mais c'est à chacun de consentir librement, à
la suite du Christ. Prions particulièrement aujourd’hui pour que des
Jeunes, riches de leurs talents divers, répondent à l’appel qu’ils ressentent -
et beaucoup ressentent cet appel du Seigneur- !
Oui, prions pour les vocations
sacerdotales ! Etre prêtre, en effet, c'est tout donner pour Dieu-Berger,
pour le troupeau, pour l'Eglise ; c’est livrer son intelligence, son cœur,
son temps, sa vie tout entière. Le prêtre, à la suite de Jésus, l’“Agneau immolé devenu Berger“, ne peut
être le loup qui dépouille les brebis et les dévore, ni le mercenaire, le
salarié qui tond le troupeau et l'abandonne au moindre danger. Oui, prions pour
les prêtres, pour les jeunes en recherche afin que leur vie n'ait qu'un sens : proclamer
avec Jésus et comme Lui : “Voilà mon
corps livré pour vous, voilà mon sang répandu pour tous, sans exception“. -
“Pour vous et pour la multitude !“,
répètent les Prières Eucharistiques !
Enfin, l'Eglise - les brebis
appelées par le Christ au nom de son Père - est un Corps organique avec des
membres différenciés : les diacres, Religieux, Missionnaires…, les Laïcs avec
leurs divers ministères : liturgie, catéchèse, action caritative auprès des
malades, des pauvres, les mouvements d’évangélisation... Tous, par leur baptême,
leur confirmation, sont des appelés. Chacun a sa vocation unique et
irremplaçable.
A la suite de St Paul, prenons une comparaison et pensons à cathédrale
de notre diocèse où les chrétiens aiment se rassembler dans les grandes
circonstances : tous ne peuvent être l'autel, ni la croix, ni la voûte, ni les
vitraux, ni les fondations ! Mais chacun, à sa place, est une pierre
vivante.
Et l’une des pierres maîtresses,
aujourd’hui, c’est la famille chrétienne,
l’“église domestique“. C’est l’appel qui est souvent lancé par notre évêque :
s’il y a aujourd’hui des familles chrétiennes, demain, il y aura des prêtres au
service du Peuple de Dieu !
Finalement, une seule question
importe : Est-ce que dans l'Eglise et dans le monde qui nous attend, je viens
pour servir ? Pour m'offrir ? Pour aimer ?
Chacun est sollicitée par cette
question : Brebis appelée par
l'unique Berger, suis-je devenu moi-même berger pour mes frères ou loup
redoutable, suivant ce vieil adage romain : "L'homme
est un loup pour l'homme" ? Jésus, Lui, fut un Bon Berger en se
comportant comme l'Agneau livré : "Voici
l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" !
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