Avent
21 Décembre (Cant 2.8sv)
“J’entends
mon bien-aimé qui vient ! Il escalade les montagnes ; il franchit
les collines. Il accourt comme une gazelle…“. Même à
l'approche de Noël, savons-nous reconnaître le langage de Dieu qui est venu,
qui vient, qui viendra ? “J’entends mon
bien-aimé qui vient !".
Il est une chose qu'on trouve fréquemment
dans les traditions juive et chrétienne : le péché a émoussé la fine
pointe de l'intelligence humaine ; l'intelligence n'est plus capable
de se mettre à l'écoute, de comprendre ne serait-ce que ce langage que Dieu
parle dans la nature : l’intelligence (à cause du péché) “retient captive la vérité“, dit St Paul
(Rm
1.18)...
Les hommes “se sont fourvoyés dans leurs vains raisonnements et
leur cœur insensé est devenu la proie des ténèbres“.
(Rm
1.20-21).
Le livre de la Sagesse le disait
déjà à sa façon: “… En partant
des biens visibles, ils (les
hommes) n'ont pas été capables de connaître “Celui-qui-est“ ! En
considérant les œuvres, ils n'ont pas reconnu l'Artisan…“. (Sag 13.1sv).
Le 1er Concile du Vatican
cite ces textes à l’appui de l’affirmation que Dieu peut être connu avec
certitude par la raison humaine : L’Eglise “enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu
avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des
choses créées, car, "depuis la création du monde, ce qu'il y a d'invisible
se laisse voir à l'intelligence grâce à ses œuvres" (Rm
1,20).
Toutefois,ajoute ce Concile, il a plu à Dieu de se révéler lui-même au
genre humain par une autre voie, surnaturelle celle-là :
"Après avoir à maintes reprises et sous maintes formes parlé jadis à nos
Pères par les prophètes, Dieu, tout récemment, nous a parlé par le Fils" (He 1,1)
(Cf. Denzinger 3004-5).
Oui, Dieu parle d'une manière nouvelle pour
remédier à cette espèce d'abrutissement de notre intelligence !
Il parle
d’abord comme en frappant sur la table, par des prodiges, par des
merveilles…, des événements extraordinaires… !
Ce
n'est pourtant pas sa manière normale de parler : Lui “qui Est”, selon l'expression du livre de la Sagesse, n'a pas besoin de “paraître“ !!! Ceux qui n'ont pas de consistance dans l’être
font beaucoup de bruit ; et ceux qui font beaucoup de bruit, souvent,
n'ont pas beaucoup de consistance dans l’être ! Or, Dieu est“Celui qui est" par
excellence.. ... Il y a une espèce de proportion inverse entre
l’“être“ et le “paraître“. Dieu “qui Est” n'a pas besoin de “paraître“. Et
si on vit au plan du “paraître“, on risque de dire qu'Il n'existe pas alors que
c'est nous qui sommes distraits… !
Alors,
soudainement, Dieu parle, parfois, par des prodiges… :
I Co.1:21 : “Puisqu'en effet les hommes, par le moyen de
la sagesse, n'ont pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie
de la prédication qu'il a plu à Dieu de sauver les croyants“. Et Dieu prend alors un autre langage : “Je perdrai la sagesse des sages”.
(cf Is. 29.14).
Et ainsi commence cette histoire
biblique, notre “Histoire Sainte“ où, - c'est curieux - il y a comme des
paradoxes, “des vérités, selon le mot
de Chesterton, qui marchent sur la tête
pour se faire remarquer”. Ce sont :
- les femmes vierges qui enfantent (on le proclamera
dans quelques jours)…,
- les puînés qui remplacent les
aînés… (David…),
- les pécheurs qui deviennent des
saints, comme ce Jacob (dont le nom signifie : “le tordu !“) qui
devient “Israël“, père de tous les Juifs,
- l’étrangère comme Ruth qui devient
l’aïeule du Messie,
- etc. etc…
Oui, Dieu, paradoxalement, marque sa
liberté, pour accomplir son dessein d’amour, en accomplissant des choses
invraisemblables, humainement !
Et finalement, il descend vers
nous par des démarches insensées :
- du ciel à la crèche,
- de la crèche à la croix,
- de la croix au tombeau et au plus
profond des enfers !
- Et puis, il “rebondit“ jusqu'au
ciel...
Bien plus, Dieu dit
qu'Il veut non seulement se faire connaître à l'homme (par le langage de la
création et le langage de ses prodiges…), mais
s’unir à sa créature …
Cant. 2.8 : “J'entends mon bien-aimé.
Voici qu'il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines“ :
du
ciel à la crèche, de la crèche à la croix ! etc.
Alors, n'est-ce pas par des démarches
insensées que nous devrions répondre, nous aussi, à cette démarche invraisemblable de notre
Dieu ?
“Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les
hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes“. (I Co. 1.25).
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