samedi 22 décembre 2018

Du service de Dieu au service de l'homme


 4e Dimanche de l'Avent C/18

 Au cours de son entretien avec l'Ange Gabriel, lors de l'Annonciation, Marie apprend que sa cousine Elizabeth va, elle aussi, enfanter dans sa vieillesse.

Marie, alors, semble n'avoir plus qu'une pensée : sa cousine, en de telles circonstances, a besoin d'elle. Et aussitôt, nous dit St Luc, elle part en grande hâte vers le Haut-Pays de Judée. Elle n'a égard ni à ce qu'elle est, ni à celui qu'elle porte..., elle part !  Sans regrets apparents et sans hésitation, elle abandonne sa retraite de Nazareth où l'Ineffable s'est accompli ! Elle part ! La longueur et l'incommodité du déplacement ne la rebutent pas; elle part !   
Retenons cet exemple de service, tant il est vrai que plus Dieu se fait proche, plus on se fait proche !
              
Elle part vers les régions montagneuses de la Judée ; c'est là une précision géographique, qu'avec finesse symbolique, St Ambroise réinterprète : "Celle qui est déjà remplie de Dieu vers où pourrait-elle se diriger avec empressement, sinon vers les hauteurs ?" Oui, avec Dieu, la vie ne cesse d'être une montée.

La première caractéristique de cette visite, c'est qu'elle s'effectue dans la pure spontanéité humaine. Le geste de Marie est d'une grande liberté humaine !
- Marie ne se plie pas à un événement politique - comme ce sera le cas à Noël où elle obéira à un édit de l'empereur -.
-  Marie n'obtempère pas non plus à un ordre divin - comme pour la fuite et le retour d'Egypte -
-  Marie ne se conforme même pas à une prescription de la Loi - comme pour la présentation de Jésus au Temple -.

Marie se dirige vers les hauteurs, vers sa cousine parce que, simplement, elle veut répondre librement au besoin d'être là où il y a à servir. Demandons à Marie cette spontanéité dans nos divers services fraternels. Que nos gestes de solidarité ne soient jamais obligation ou calcul d'intérêts !

...Et, lors de la rencontre, Marie et Elisabeth ressentent le besoin de pouvoir chanter la Miséricorde du Seigneur : "Comment ai-je ce bonheur…?", s'exclame Elisabeth - "Mon âme exalte le Seigneur… " chante Marie.
Car cette visite de Marie à sa cousine, cette rencontre des deux femmes leur rappelle la visite de Dieu à chacune d'elle. St Luc le souligne : c'est en liaison avec la manifestation de Dieu à Marie et à Elisabeth que s'accomplit la visite de Marie qui se hâte vers les hauteurs du pays de Judée.
Et toutes les visites, toutes les rencontres dont l'Evangile de Luc est émaillé ne sont, finalement, que l'explicitation multiforme de la visite de Dieu aux hommes. Apprenons de ce passage de la "Visitation", apprenons nous-mêmes à voir en toute rencontre, une manifestation de la visite de Dieu en nos vies. Notre existence personnelle et collective en serait transformée !

Remarquons d'ailleurs que la visite de Marie à sa cousine est bien à l'image de celle que Dieu s'apprête à faire aux hommes en s'incarnant : puisque c'est la plus grande qui se dérange, la plus digne qui vient servir, portant en elle celui qui est venu pour servir et non pour être servi.
Et Elizabeth est bien consciente de l'aspect inouï de cette démarche : "Comment m'est-il donné que vienne à moi la Mère de mon Seigneur !" Quelle leçon Dieu lui-même nous donne avec Marie ! A nous qui, trop souvent, attendons que l'on fasse envers nous le "premier pas" !

St Luc termine le récit de la Visitation en signalant que Marie demeura près d'Elizabeth environ trois mois au terme desquels elle retourne chez elle. Ainsi Luc tient-il à signaler discrètement qu'au moment précis où la joie de la naissance miraculeuse va éclater dans le petit pays de Judée, Marie ne sera déjà plus là ! Dès lors qu'Elizabeth arrive à son terme, le service de Marie s'achève.
           
Tant qu'il y avait à servir, Marie était là ; quand il n'y a plus qu'à se réjouir elle s'efface et rentre dans un silence et une solitude qui sont comme sa patrie. Toute la vie de la Vierge sera comme sous le signe de cette sorte de dialectique : du service et de la solitude, de la présence aux besoins des hommes et de l'attention à la présence invisible de Dieu. Un exemple encore à méditer.

Située entre l'Annonciation et la Nativité, la Visitation est pour nous une exhortation à préparer la venue du Seigneur en imitant dans nos vies ce que Marie manifesta ce jour-là : à savoir que tout entiers à Dieu il nous est possible aussi d'être totalement disponibles aux hommes. La visite de Dieu ne saurait mieux être préparée que par celle que nous consentons aux hommes.

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