dimanche 16 décembre 2018

Il est venu ! Il vient ! Il viendra !


3e Dimanche de l'Avent C. 18

La liturgie de l'Avent, dans la lecture de ce passage de l'évangile de St Luc, nous ramène encore  une fois à la période de l'attente : attendre "Celui qui vient" - "Le Seigneur est proche", nous dit St Paul !

Il est vrai que, pour nous, le Fils de Dieu s'est incarné. Le Christ est né, l'humanité tout entière a vu le salut. Et nous savons qu'en principe, nous sommes déjà sauvés ! "Nous sommes sauvés en espérance", dira St Paul (Rm 8.24).

Mais nous savons également que le Règne de Dieu n'a pas atteint sa plénitude, qu'il est toujours en croissance. Notre rencontre définitive avec Dieu ne s'est pas accomplie encore : ici-bas, c'est dans le mystère et "comme dans un miroir" (2 Cà. 3.18) que nous vivons cette rencontre. Le "face à face", nous l'attendons pour l'avenir.
Et le chrétien est tendu, sans cesse, vers cette heure où, totalement,  il rencontrera Dieu, vers cette heure où le monde entier, ayant retrouvé les dimensions que le Seigneur lui avait assignées en le créant, s'épanouira en Royaume de Dieu.

Ainsi, la fête de Noël manifeste à la fois
cette venue de Dieu parmi nous
et cette attente de sa venue en plénitude.
Et notre attente doit se concrétiser en accueillant aujourd'hui, actuellement, le Christ qui s'est incarné pour notre salut.
Alors, nous sommes un peu comme les foules qui venaient trouver Jean-Baptiste. Nous posons la question : "Que faut-il faire?"

Remarquons la question : "Que faut-il faire?" et non simplement: "Que faut-il penser ?". Confesser Jésus, comme Christ et Seigneur, n'a rien à voir avec un simple changement d'idéologie. L'homme total s'y trouve engagé, jusque dans ses comportements les plus quotidiens :  "Que faut-il faire?"
L'adhésion à Jésus ressuscité ne doit pas simplement transformer notre vision du monde, mais, d'abord et avant tout, la vie, toute notre vie. Reconnaître Jésus comme Seigneur et Christ, c'est vivre d'une vie nouvelle.

Alors, que faut-il faire ?  Jean-Baptiste répond à trois groupes de personnes qui viennent l'interroger.

Il y a d'abord la foule des braves gens dont, sans doute,  nous sommes. Jean les invite à partager, avec les nécessiteux, le pain et les vêtements, ce qui, à l'époque, représentait le minimum vital.
Aujourd'hui, il demanderait de leur assurer aussi largement instruction et secours de toutes sortes : amélioration des conditions économiques et sociales. La doctrine sociale de l'Eglise n'a pas changé : elle est la même qu'au temps des apôtres : "si un frère n'a rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours, et que l'un de vous lui dise : "Va en paix, mets-toi au chaud et bon appétit", sans que tu lui donnes de quoi subsister, à quoi bon? La foi qui n'aurait pas d'œuvres est une foi morte". (Jac 2.15-18).
Naturellement, il y a façon de donner et façon de donner qui doit correspondre aux conditions de notre société. Mais le but est le même.

Jean Baptiste s'adresse ensuite aux publicains qui représentent la classe des fonctionnaires et dont la tentation est d'abuser des gens qui ignorent lois et tarifs. Qu'ils soient simplement honnêtes ! Et même, que dans leur honnêteté à appliquer les lois avec justice, ils sachent comprendre la subtilité de certaines situations non pas avec l'intelligence froide de la législation, mais avec un cœur qui écoute et comprend.

Enfin, voici ceux qui ont la charge de faire respecter l'ordre public. Et le Précurseur leur demande de respecter avant tout chaque personne et de ne pas abuser de leur pouvoir pour maintenir le pouvoir !

Il est important de noter que Jean Baptiste ne demande à personne d'abandonner son métier, si méprisé soit-il. Il n'y a pas de sot métier. Il n'y a que des gens inférieurs à leur tâche. C'est au sein même de sa lutte pour la vie que le chrétien doit agir comme un être renouvelé :
- dans le travail souvent abrutissant pour arriver à se vêtir, à manger,
- dans la manipulation de l'argent,
- dans les rencontres et les interférences des relations humaines. Et que sais-je encore ?
La réalité humaine, même en ce qu'elle a de plus paradoxal et de plus ambigu, peut toujours être le lieu de la présence et de la rencontre de Jésus ressuscité.

Ainsi, à chacun qui l'interroge, Jean-Baptiste répond de procéder à une remise en ordre de sa conscience.
A notre tour de nous interroger. Le temps de préparation à Noël peut nous inciter à faire, en quelque sorte, un bilan de notre santé spirituelle. Il y a peut-être en nous telle ou telle petite anomalie presque imperceptible qui, en réalité, peut devenir un cancer de notre foi, de notre espérance, de notre amour.

Jean-Baptiste annonçait un baptême dans l'Esprit Saint et dans le feu. Nous, nous l'avons reçu, ce baptême !

Nous avons été baptisés dans l'Esprit Saint qui se manifeste depuis la Pentecôte pour renouveler toutes choses. Cet Esprit Saint nous fait fils de Dieu et nous enjoint de nous adresser à Dieu en disant "Père". Toutes nos actions doivent être des témoignages de l'amour de Dieu-Père qui nous aime.

Nous avons été baptisés dans le feu, ce qui signifie la purification spirituelle, le repentir du péché, l'acceptation de l'effort pour repousser le mal.
Nous devons accepter que quelque chose de nous-mêmes soit détruit, afin que le meilleur de chacun de nous soit magnifié dans la vie de l'Esprit Saint, de l'Esprit d'amour.

C'est le grand paradoxe qui domine l'Evangile : la vie à travers la mort, la gloire à travers la croix.
Par notre baptême, nous avons reçu l'Esprit comme un feu qui nous a purifiés d'abord et qui éclaire ensuite tout homme de bonne volonté
pour le conduire au berceau de l'Enfant-Dieu, le Verbe Incarné,
et pour le conduire à la gloire du Ressuscité.

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