samedi 5 novembre 2016

Vraie mort - Vraie Vie !

32ème Dimanche du T.O. 16

Croyez-vous vraiment à la résurrection des morts ? La question est d’importance. Elle n'est pas théorique. Un sondage récent révèle que plus de 50 % de gens, en France, ne croient à aucun au-delà de la mort.

Croyez-vous que l'homme en général, et nous tous en particulier, nous sommes faits pour la mort, ou que nous sommes faits pour la vie ?
De façon un peu alambiquée, c'est ce que les Sadducéens demandent à Jésus. Pour eux l'homme est fait pour la mort. Tout homme qui naît doit mourir. Et “personne n’est revenu du séjour des morts”. Il n'y a pas de résurrection, ni aujourd'hui, ni plus tard. C'est un fait d'observation !
Aussi ne voient-ils qu’un seul moyen de survivre, c'est d'avoir une descendance, un enfant, des enfants pour prolonger la vie, pour maintenir le nom et garder le souvenir de l'ancêtre. On ne ressuscite pas ! On se suscite une descendance. C'est tout ! Il n'y a pas de résurrection. Tout juste une succession. C'est le bon sens ! C'est l'évidence !

Ce sera encore cette question qui sera très débattue entre St Paul, les Sadducéens et les Pharisiens, lors du dernier passage de l'apôtre à Jérusalem. Ce qui lui vaudra d'être arrêté et envoyé au procurateur romain à Césarée maritime. Et ce dernier, Festus, de bien comprendre le litige qu'il lui faut trancher : "Il s'agit, dira-t-il à son invité le roi Hérode, d'un certain Jésus qui est mort et dont Paul affirme qu'il est vivant !". (Ac. 25.19). Remarquons qu'il n'y a pas de meilleure définition du christianisme. Et c'est un païen qui l'a prononcée : Jésus est bien mort. Mais nous affirmons qu'il est toujours vivant !

Il y a deux morts
Dans notre évangile, Jésus insistait déjà : Non ! L'homme n'est pas fait pour la mort. Il est fait pour la vie. Il peut ne pas mourir. Mais attention ! Il y a mort et mort, et il ne faut se prêter à une confusion !

La première mort, nous la connaissons bien. Elle vient par usure, et elle est inévitable. C'est la mécanique qui s’épuise. A un moment, plus ou moins brutal, il faut se séparer. Cette première mort, dit le Christ, - et il sème le scandale en disant cela - n'est pas la vraie mort. Elle est un passage. Les chrétiens diront plus tard : elle est une pâque, et non un point final.

Mais il y a une deuxième mort. C'est la vraie mort. Celle-là seule est redoutable, car elle supprime le vivant, si l’on peut dire, de la mémoire même de Dieu. Cette mort est un enfer ; c’est l’enfer ! L'enfer c’est, en quelque sorte, de ne plus exister du tout, d'être hors-Dieu, d'être hors-la-vie.

Remarquons, au passage, que ce n'est pas Dieu qui nous met hors de Lui, hors la Vie qu'il est. C'est l'homme qui affirme, d'une manière ou d'une autre, que Dieu n'existe pas, que la Vie n'existe pas ! Et, Lui, Dieu, parce qu'il respecte notre liberté, ne peut que dire : "Que ta volonté soit faite !".
Et cependant, cette mort n'est pas fatale. On peut y échapper en nous adressant à Dieu, à la Vie qu'il est pour lui dire finalement, de manière un peu confuse peut-être : "Que ta volonté, ta volonté d'amour, ta volonté de vie soit faite !".

Et s’il y a deux façons de mourir, il y a donc deux façons de vivre, dit Jésus aux Sadducéens et, au-delà d'eux, à nous-mêmes.
Une façon où vivre n'est que survivre. Elle est sans grande espérance, quasi désespérée ; et on comprend que les sept frères s'acharnent à procréer !
Et il y a une autre façon où vivre c'est vouloir éviter cette mort qui nous séparerait de Dieu. Car ceux qui vivent de cette vie-là, “ils ne peuvent plus mourir, dira un jour Jésus. Ils sont pareils aux anges car ils sont fils de Dieu étant fils de la résurrection”. (Lc 20,36). “Pareils aux anges” veut dire précisément “être avec Dieu”. C’est une expression comme une autre pour exprimer ce mystère, comme l’expression : être “fils de Dieu”, où être “fils de la résurrection”. Jésus récuse donc cette histoire des sept frères qui, sans y parvenir, veulent à tout prix une descendance, et qui utilisent une femme, non pour l'aimer mais pour en avoir un enfant.

Et Jésus leur oppose l'exemple d'Abraham.  Abraham, souvenez-vous, c'est cet homme qui a eu un fils dans sa vieillesse. Et il pense - selon la mentalité de l'époque - que Dieu lui demande de sacrifier ce fils. Tuer sa descendance, lui, le vieillard qui avait bien failli mourir sans descendance ! C'est vraiment se rayer des vivants. Or Abraham part pour le faire. Pourquoi ? Parce que pour vivre, il fait davantage confiance en son Dieu qu'en son fils. Ce ne sont pas les enfants qui font la vraie vie, se dit Abraham, c'est le Dieu vivant ! Dieu disposera. Aussi, à cause de sa foi, Dieu a-t-il aimé Abraham. Il en a fait le père des vivants, de tous ceux qui dès aujourd'hui vivent de cette vie qui échappe à la seconde mort.
De même en est-il des sept frères martyrs d'Israël (1ère lecture). Ils préfèrent la mort qui vient des hommes plutôt que la trahison entraînant la mort qui les priverait de Dieu.

Il y a une vie qui ne meurt pas
Et Jésus nous redit sans cesse cette parole, à laquelle Abraham a cru par avance, parole que nous négligeons d’entendre parce qu’elle nous inquiète au lieu de nous apaiser, même si cette parole est de celles dont nous avons le plus besoin.
Oui, Jésus nous redit cette parole aujourd’hui : Il y a une vie qui ne meurt pas ! Il y a une vie éternelle ! D’ailleurs, combien de fois a-t-il pris la peine de la dire, cette parole !
“Qui mange ma chair vivra à jamais”, dira-t-il après la multiplication des pains (Jn 6,51) .
“Qui boit de cette eau que je donnerai, dit-il à la Samaritaine, deviendra en lui source de vie éternelle”. (Jn 4,14)
“Celui qui voit le Fils et croit en lui possède la vie éternelle”. (Jn 6,40).
Et puis cet autre passage où il est encore question d'Abraham : “Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort”. Les gens lui dirent : “Maintenant nous savons que tu es fou. Abraham est mort, les prophètes aussi, et tu dis : Si quelqu'un garde ma parole il ne goûtera jamais la mort. Es-tu plus grand qu'Abraham, notre père qui est mort ? Qui prétends-tu être ?”. Et Jésus de répondre en quelque sorte : Non, Abraham n'est pas mort ! Il est vivant, et il n'est pas votre père, car il est le père des vivants, et vous vous êtes des morts-vivants, vous qui cherchez à me faire mourir pour me faire taire ! (Cf. Jn 8).

Vous êtes faits pour vivre
A nous que la mort préoccupe parfois, c’est à nous que Jésus adresse cette parole. Elle fonde notre espérance. Oui, nous croyons le Ressuscité, quand il nous dit : Vous êtes faits pour la Vie ! Non pas pour une survie éphémère, mais pour une vie éternelle, celle-là même que Dieu seul peut donner, sa Vie, sa Vie divine ! La vie n'est pas une question de durée, ni de santé. ni de réussite ou de descendance. La vie, c'est d'“être avec Dieu”. Elle est offerte à tous.
Et en ce sens, il y a déjà des vivants parmi nous. Nous les appelons les saints, et ils sont nombreux, même s'il y a, hélas, des morts parmi les vivants, de ceux qui oublient Dieu et leurs frères et même qui les exploitent, les torturent et les tuent : ils piétinent la vie et leur faute est vraiment mortelle. Nous le constatons bien, hélas, en notre monde !

Telle est notre espérance : Il y a une résurrection. Nous la tenons de Dieu lui-même qui est un Dieu des vivants, et non des morts. Cette parole, - St Paul le disait déjà - est folie pour beaucoup. Mais pour nous elle est salut.

Et je la redis, cette parole, pour renouveler notre courage et notre patience. Voilà pourquoi nous ne devons pas quitter des yeux, quelle que soit notre faiblesse, notre maladie, notre sentiment d'échec ou notre solitude, l'icône du Christ ressuscité. Nous l'avons solennellement chanté Mardi dernier, en la fête de tous les Saints : Jésus est le premier-né d'une immense foule de vivants qui chantent inlassablement la gloire de notre Dieu.

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