Saint Benoît - 11 Juillet 2015
Dimanche
dernier, St Paul, du tranchant de son glaive bien trempé, exprimait le paradoxe
de notre foi chrétienne, celui de la Croix glorieuse qui doit
s'appliquer à chacun de nous. Ainsi, lorsqu'il se plaignait de ses persistantes
faiblesses, le Seigneur lui rappelait ce paradoxe du mystère pascal : "Ma grâce te suffit ; ma puissance
donne toute sa mesure dans la faiblesse" (2 Co 12,9). Déjà, l'apôtre lui-même avait
écrit aux Corinthiens cette formule lapidaire : "Ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes"
(1 Co 1,25). Et avec les Philippiens, il reprenait
l'hymne liturgique qui chante l'humilité du Christ jusqu'à une mort
ignominieuse mais qui est désormais exalté par le Père pour son obéissance
aimante (Ph. 2.6-11).
Et ce
paradoxe pascal doit être vécu personnellement, communautairement,
ecclésialement, ce que l'on oublie trop facilement
St Benoît dans sa Règle propose aux moines et à tous ceux qui veulent
s'inspirer de son esprit, de suivre le Christ dans cette faiblesse qui est
la vraie force, dans l'humilité qui élève ; et nous n'avons jamais
fini d'entrer dans ce mystère les uns et les autres, les uns par les autres :
c'est l'enseignement pratique des sept degrés d'humilité.
À la fin du
chapitre sur l'institution de l'Abbé, vers la fin de la Règle, St Benoît lui
recommande "la discrétion, mère des
vertus", de sorte, dit-il que "les
forts puissent désirer davantage et que les faibles n'aient pas à s'enfuir
!" (64.19). Forts et faibles dans
une même Communauté : toujours ce paradoxe pascal qui permet de
"durer" et de "durer" encore, grâce au Christ mort sur
la croix, mais toujours vivant !
Certes, pour
l'abbé surtout mais aussi pour chaque moine, moniale, il s'agit d'entraîner, de
"mener" ses frères et sœurs, mais jamais cependant de les
"surmener" ! Le danger pour les forts est de se complaire dans leur force,
tandis que les faibles n'ont guère à se vanter de leurs infirmités.
St Benoît
avait déjà mis les choses au point à propos de la répartition du nécessaire : "Celui qui a besoin de moins rendra
grâces à Dieu et ne s'attristera point ; celui à qui il faut davantage s'humiliera
et ne s'élèvera point à cause de la miséricorde qu'on lui fait. Ainsi tous les
membres seront en paix" (34,3-5).
Forts et
faibles savent
qu'il leur faut offrir à la fois leur faiblesse et leur force, mais plus ils
iront à la suite du Christ, plus ils se rendront compte avec St Paul que leur
véritable force est leur faiblesse offerte à Dieu !
"En corrigeant les autres par ses avis, l'Abbé, dit St Benoît, se corrigera lui-même de ses défauts". Ainsi finit le long
chapitre sur l'Abbé au début de la Règle (2,40). Et le
chapitre qui concerne sa nomination, à la fin de la Règle, lui rappelle ceci : Ainsi,
"il aura toujours devant les yeux sa
propre faiblesse" (64,13).
A la fois faible mais fort dans le Christ
pascal !
Aussi, en
cette fête de St Benoît, je vous propose cette prière - quelque peu modifiée -
d'un moine, prière qu'il composa pour son nouvel Abbé, à l'occasion de sa
bénédiction abbatiale, mais prière qui peut être profitable à chacun personnellement,
communautairement et ecclésialement !
"Je veux ce que Dieu veut, par Marie, ma Mère.
Car je suis fait pour aimer et servir ceux que le Christ m'a
confiés.
Qui suis-je, Seigneur, pour que tu poses ton regard divin sur moi
?
Qu'est-ce que j'ai de beau et que les autres n'ont pas ?
Je suis rempli de faiblesses.
Comme les doux Moïse et Jérémie, j'ai envie de te dire :
Seigneur, je ne sais pas parler ; confie cette tâche à un autre.
Mais que ta volonté soit faite !
Tu ne m'as pas donné la science de ce monde,
cette science qui fait courir beaucoup d'hommes.
Mais tu m'as donné la paix intérieure et l'amour de mes frères.
C'est à cause de ma faiblesse que tu m'as choisi,
afin que je sois un signe pour ceux qui m'ont mis au monde !
Merci Seigneur, pour ta miséricorde,
Et fais de moi une offrande agréable à tes yeux.
Reçois-moi tel que tu apparais dans l'hostie, nu et pauvre.
Pour que ton œuvre continue à s'accomplir à travers moi !".
Oui, prions ainsi avec l'esprit
de St Benoît ; car ne sommes-nous pas responsables les uns des autres. Et il
nous sera demandé : "Que tu sois
faible ou fort, que tu sois faible et fort tout à la fois, Qu'as-tu fait de ton
frère, de ta sœur ?".
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