lundi 14 mai 2012

St Matthias


14 Mai 2012  

                « Comme le Père m'a aimé, moi aussi, je vous ai aimés. - Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

                 Ici, Jésus précise ce qu'il avait dit précédemment. Le premier commandement, c'est d'aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces. Le second commandement est semblable au premier : Aimer son prochain comme soi-même. - Et Jésus avait nettement précisé : il ne faut jamais séparer ces deux commandements !

                Autrement dit, c'est dans la mesure où l'on aime Dieu que l'on peut véritablement aimer le prochain comme soi-même. Et c'est pour bien éviter toute ambiguïté que Jésus nous dit : Comme le Père m'a aimé, comme je vous aimés, de ce même amour, aimez-vous les uns les autres.  Car, ce n'est que dans ce sens que l'on peut véritablement aimer son prochain comme soi-même. Sinon on risque souvent, sans la référence à l'amour de Dieu, on risque de déformer ce précepte de l'amour du prochain comme soi-même.

En effet, en voulant aimer l’autre comme soi-même, on risque alors de tout faire reposer sur ce "moi" que je fais centre de la morale. Et je risque de tomber très vite dans le subjectivisme, en faisant de moi-même un dieu, un dieu qui, bien sûr, ne serait plus le Dieu vivant et véritable qui sans cesse nous dit : « Soyez saints, comme moi-même je suis saint » ! Il s'agirait alors plutôt du dieu construit de mes mains comme une idole !

                Si j'aime mon prochain comme moi-même, sans cette référence à Dieu, je risque de ne pas le considérer comme un "autre", je risque de l'assimiler à moi-même, de lui imposer de façon impériale et dominatrice, mes idées, mes goûts, mes certitudes et mon comportement. Je deviens source absolue de vérité, de justice et de bonheur. Et si mon "Moi" est égoïste, orgueilleux, brutal, vindicatif, alors je plains ceux que j'aimerais comme moi-même, car ils devraient se soumettre ou se démettre, s'aligner de façon uniforme sur mon portrait-robot.

                 Et cela n'est pas une vue chimérique ! Il suffit de regarder autour de soi. Qu'ils s'agissent des sociétés totalitaires, qu'ils s'agissent des divisions en nombre de foyers ou groupes sociaux quels qu'ils soient, c'est souvent cette règle du "Moi" qui gouverne.
- Les dictatures quelles qu'elles soient, aboutissent toutes à l'oppression de l'homme par l'homme. Car il n'y a qu'un seul modèle : le Chef. Il aime son peuple comme lui-même, il l'oblige à s'identifier à lui, à être heureux comme il l'entend. Sinon c'est la guerre, les sévices divers.
- Bien sûr, nous crions alors notre indignation. Et pourtant ! Ce "Moi" envahissant, nous le retrouvons au niveau de nos rapports humains les plus immédiats. "Je t'aime", dit-on, "je t'aime comme moi-même", c'est-à-dire comme moi-même je t'imagine. Alors, je me bâtis un idéal de la personnalité de l'autre, de son caractère, de son tempérament ; et je lutte pour que l'autre soit copie conforme de ce modèle que j'ai forgé. L'autre n'a pas, - plus ou moins, bien sûr - n'a pas le droit d'exister différent, de vouloir autrement que moi-même. Et alors, les conflits naissent, si les deux "Moi" s'agressent pour la conquête du pouvoir unique. Et le résultat, on le devine… …

                Décidément, si "aimer comme soi-même" n'est pas replacé dans le courant de l'amour de Dieu, c'est finalement très dangereux. Et Jésus Christ est justement venu parmi nous, il vient en nous pour faire éclater notre "Moi" égoïste, cupide, orgueilleux afin d'y substituer son "Moi" de Fils de Dieu. Il vient nous apprendre à aimer : « Je vous donne un commandement nouveau : "Aimez comme je vous ai aimés" ». Jésus Christ, Fils de Dieu fait homme, est le centre unique et universel de référence morale.

                 Et retenons encore deux de ses paroles, pour mieux comprendre comment il nous a aimés :
- "Comme le Père m'a aimé, moi aussi, je vous ai aimés" - Jésus a donc un autre Centre, source de son être, de sa vie, de ses pensées, de ses actes : Celui qu'il appelle "mon Père" et "votre Père". Il nous révèle sa paternité universelle. Il introduit à l'intérieur de nos rapports humains sa propre relation avec son Père, avec son Esprit. La Trinité, voilà notre modèle. Aimer comme Dieu aime.
- "Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir". - Jésus met son "Moi" de façon totale et désintéressée au service des autres : "Il n'y a pas de plus grande preuve d'amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime".

                 Par l’Eucharistie, Jésus renouvelle le sacrifice de sa vie pour chacun d'entre nous, comme à la Cène, comme à la Croix. Et par notre communion, nous invitons le Christ à vivre en nous, à aimer en nous, par nous : c'est Lui qui doit aimer à travers moi. "Il est plus que moi-même !" s'écriait St Augustin. C'est ainsi que je peux aimer mon prochain comme moi-même, car je suis devenu un "autre Christ". C'est le Père qui continue à aimer et à sauver le monde à travers lui, à travers nous.

                "Je vous donne un commandement unique, un commandement nouveau : c'est que vous vous aimiez les uns les autres, comme le Père m'a aimé, et comme je vous ai aimés".

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