lundi 7 mai 2012

Evangile pour les "païens" !


Pâques 5 Lundi – St Paul face aux païens !       (Ac 14, 5-18 - Ps 113 B -  Jn 14, 21-26)

            Par les passages plus ou moins morcelées que la liturgie nous présente, il est bien excusable de perdre le fil de la lecture des Actes des Apôtres et particulièrement du premier grand voyage missionnaire de St Paul. Mais il n’est pas difficile d’en reconstituer la continuité pour peu qu’on prenne le temps de feuilleter les chapitres 13 à 15. Je me permets de vous conseiller cette lecture. 
(La manière dont se sert St Luc pour rapporter les évènements, est elle-même, porteuse d’enseignement et il serait dommage de se priver d’admirer l’art du narrateur en ne faisant pas une lecture suivie du récit).

                Partis d’Antioche de Syrie, les apôtres étaient passés par Chypre. De là ils avaient accosté à Antalya probablement (petit port qui existe toujours), et avaient gagné Pergé au nord, puis Antioche de Pisidie où les Juifs n’avaient pas apprécié leur prédication. Chassés, ils vont vers l’est : Iconium, aujourd’hui Konya où les touristes sont attirés par les spectacles qu’offrent les “derviches tourneurs“ qui cherchent l’extase en tournoyant jusqu’à l’épuisement
[Le plus célèbre, le plus connu en Occident est Rumi - 13ème s -. L’une de ses phrases les plus célèbres était : “Si tu ne veux pas mourir, vis dans l’amour ; si tu meurs dans l’amour, tu vivras”.].
Quand on parcourt la Turquie actuelle on s’étonne de voir que cette région qui fut l’une des premières à être évangélisée n’ait gardé presque aucune trace de christianisme.

   A Iconium, de nouvelles intrigues forcent Paul et Barnabé à continuer leur route en Lycaonie, à Lystres et à Derbé.

     Dans cette région, à la différence de celles parcourues auparavant, il n’y a pas de juifs, ni de synagogues. On est en pleine région païenne. La prédication de la Bonne Nouvelle s’adapte et prend un tour nouveau.         « Les dieux, » disaient les gens, après la guérison d’un impotent, « sous forme humaine sont descendus parmi nous ».
[A remarquer au passage que Barnabé avait plus de prestance que Paul. C’est Barnabé qu’on prend pour Jupiter et Paul n’est qu’un dieu secondaire, Hermès. De fait, si l’on en croit un texte apocryphe attribué à Ste Thècle, Paul n’était pas très avantagé physiquement. Il nous est décrit comme chauve, petit de taille et les jambes torses].

       La prédication s’adapte ; impossible, là, de démontrer la messianité de Jésus sur la base d’une démonstration faite à partir de la Bible que les païens ignoraient totalement, - comme c’est le cas de plus en plus à notre époque de laïcisation !! -.

                 Paul éveille la foi des païens en leur faisant entendre ce premier langage que Dieu parle depuis les origines de monde, celui de la nature, comme dans la lettre aux Hébreux et celle aux Romains.
- He 11,1-3 : «Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, de sorte que ce que l'on voit provient de ce qui n'est pas apparent ».
- Rm 1,19-21 : « Ce qu'il a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité, en sorte qu'ils sont inexcusables ; puisque, ayant connu Dieu, ils ne lui ont pas rendu, comme à un Dieu, gloire ou actions de grâces, mais ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements et leur cœur inintelligent s'est enténébré »
                Ce mode de prédication est toujours actuel, même chez les scientifiques, ceux que ne s’encombrent pas les préjugés !

                Après ce séjour chez les païens, Paul et Barnabé, intrépides, retournent dans les villes qu’ils ont évangélisées précédemment, surmontant les souvenirs des mauvais traitements subis. Et ils procèdent, en nommant des anciens et des responsables, à une première organisation institutionnelle des églises. C’est ce que la liturgie nous fera lire demain.

                Je crois que la principale leçon à retenir aujourd’hui, c’est celle de la souplesse de la prédication chrétienne. St Paul et les apôtres, ne pouvant plus faire référence à l’histoire du peuple élu, aux prophètes, s’inspirent des lois de la pédagogie divine que manifeste la création toute entière. C’est un véritable “aggiornamento“. C’est ce qu’a voulu faire Vatican II. C’est ce que nous devons faire : s’adapter aux gens tels qu’ils sont et là où ils en sont, pour faire progresser nos interlocuteurs vers la vérité tout entière… Elle s’adresse aux hommes tels qu’ils sont, là où ils en sont pour les faire progresser vers la plénitude des temps et la venue du Royaume. 

                 Demandons à l’Esprit-Saint la force et l’intelligence de savoir témoigner. Oui, prions l’Esprit Saint ; c’est lui qui nous mène, dit l’Evangile, vers la Vérité tout entière, selon ce que chacun est capable de porter.


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