lundi 6 septembre 2010

T.O. 23 - Lundi (I Co. 5.1vsv) - Les Amalgames !

St Paul est pratiquement en colère ! Il y a un cas d’inconduite grave et notoire en la communauté de Corinthe. Et personne ne réagit, semble-t-il, par peur ou par manque de discernement… En bon juif, il prend une image à partir de la liturgie juive : pour la pâque, les fidèles doivent éliminer tout vieux levain. Il veut signifier que les chrétiens doivent sans cesse se purifier de toute souillure pour célébrer la Pâque du Seigneur, afin de consommer dignement le nouveau pain sans levain : le Corps du Christ !
Oui, Paul est en colère. St Thomas d’Aquin distingue la colère antécédente et la colère conséquente. Par la première, on se laisse emporter ; ce n’est jamais bon, jamais constructif. Mais la colère conséquente peut être parfois très utile et constructive, à condition d’avoir respecté certaines étapes que signale N.S. par ailleurs : si ton frère vient à pécher, reprends-le seul à seul…, puis avec un ou deux témoins… puis avec la Communauté tout entière qui se sera mise en prière.

Oui, il faut parfois agir avec colère, cette colère conséquente… Les médecins disent qu’elle provoque de l’adrénaline qui donne un surcroît de force…! Je ne sais pas ! En tous les cas, il y a parfois des mises au point à faire !
On dira : et l’humilité dans tout cela ? L’humilité de consiste pas à toujours s’effacer, disparaître…, ce qui, souvent, serait une fuite. Jésus doux et humble de cœur dont l’un des derniers gestes fut de laver les pieds de ses apôtres, n’a pas trouver moyen de résoudre certains scandales sinon que par des fouets de corde (Cf. Jn 2.14 sv). L’humilité n’est pas le complexe d’infériorité. Ce n’est pas la même chose. Certains s’effacent, s’effacent… ; et une sorte de rancune, de ressentiment s’accumule, ce qui peut provoquer des explosions comme des volcans…

Oui, une attitude plus ou moins forte - une “colère paulinienne“ - est parfois nécessaire surtout en notre monde où l’on pratique si facilement l’amalgame (comme à Corinthe). L’amalgame consiste à décrire une situation, puis une autre odieuse celle-là ; et naturellement elles déteignent l’une sur l’autre. C’est un procédé très courant dans la publicité, le journalisme…
Aussi faut-il demander à l’Esprit Saint la lucidité et la liberté pour savoir dénoncer - avec force parfois - tout amalgame qui dénature la vérité.
Oui, demandons lucidité et liberté pour mieux discerner et distinguer :
- les doutes et les problèmes : mille problèmes ne font pas obligatoirement un doute, disait le Cal Newman.
- Il faut savoir réagir et distinguer : gaspillage et économie ; obéissance et flagornerie ou servilité ; responsabilité et autoritarisme, sacrifice et refoulement ; curiosité et sollicitude ; indifférence et détachement.
- Oui, il faut toujours analyser et mieux distinguer : joie et plaisir ; sincérité et vérité ; silence et mutisme ; Providence et fatalité ; foi et crédulité…, et que sais-je encore… Toutes confusions, amalgames qui peuvent entraîner parfois de graves déviations de toutes sortes et susciter une “colère paulinienne“ !
Pour terminer, je citerai trois amalgames courants qui troublent gravement parfois les relations fraternelles :
- l’agressivité et la force : ce sont souvent les êtres faibles qui sont agressifs, ceux qui ne sont pas bien “dans leur assiette“, comme on dit !
- l’habitude et la routine : l’habitude qui libère et la routine qui nous roulent dans des ornières interminables.
- et la dernière que je cite avec un peu d’humour : l’accusation et la correction fraternelle. N’oublions pas que Satan est qualifié de grand accusateur. Il y a des manières de présenter la vérité qui ne fait qu’enfoncer son frère qui ne la respecte pas. Certes, il faut savoir réagir et je sais que ce n’est pas facile. Dans sa Somme théologique, St Thomas demande s’il faut pratiquer la correction fraternelle même envers ses supérieurs. Il répond positivement. Dans la célèbre édition léonine, il est écrit, au crayon, dans la marge : “J’ai essayé ; ce n’est pas à faire !“. Ce lecteur (ou peut-être son supérieur) avait du confondre accusation et correction fraternelle.

Face à ceux qui pratiquent facilement l’amalgame, il est bon, parfois seulement, d’être en colère, mais d’une “colère conséquente“ !

Pour ma part, je vous quitte. En principe, c’est ma dernière Eucharistie en cette chapelle de la Visitation, eucharistie que je célèbre à toutes vos intentions. Je vous quitte, mais rassurez-vous : sans aucune colère. Et je me permets de vous dire comme St Paul à Milet (Act. 20.32) : par la prière, je vous remets à Dieu et à sa Parole, à cette Parole que je me suis efforcé de commenter, à cette Parole qui a puissance de bâtir (de bâtir ce qui a été commencé en cette chapelle) et de donner un héritage à tous les sanctifiés, - à tous les baptisés, à tous les chercheurs de Dieu qui fréquentent cette chapelle - ! Et puis, nous aurons l’occasion de nous revoir. En tous les cas, en mon nom et au nom des moniales du prieuré “La Paix Notre-Dame“, je vous invite à Flée après mon séjour en Terre Sainte où je ne manquerai pas de prier pour vous tous.

Pour retrouver les principaux textes, voir Blog : http://mgsol.blogspot.com/

Aucun commentaire: