samedi 4 septembre 2010

La vie est un combat

T.O. 22 - Samedi - la vie est un combat - (I Co. 4.9sv – Luc 6.1sv)

Sur un fond de grande ironie que Paul emploie pour confondre certains Corinthiens qui, par orgueil, s’opposent à lui, s’opposent à ses disciples et veulent eux-mêmes conduire la jeune Communauté chrétienne (c’est toujours d’actualité, me semble-t-il), l’apôtre, finalement, souligne l’essentiel de notre condition de croyant, de chrétien.
Notre attachement au Christ, semble-t-il dire, notre foi conduit immanquablement à un affrontement, à une lutte qui est folie aux yeux des hommes et qui pourtant est sagesse dans le Christ, sagesse de Dieu.
Oui, toute vie chrétienne authentique est un affrontement, une lutte et contre Dieu et contre les hommes.
C’était déjà toute la spiritualité de l’Ancien Testament (n’oublions pas que Paul était “pharisien, fils de pharisien“ : il connaît bien toute la pédagogie de Dieu à travers l’histoire de son peuple). Une spiritualité d’affrontement qui se résume en ce prénom que Dieu donne à Jacob, l’un des “Pères“ du peuple juif, après sa lutte avec le personnage mystérieux au gué du Yabboq (cf. Gen 32) : “On ne t’appellera plus Jacob (mot qui veut dire : “Le Tortueux“, car il est vrai qu’il avait été maître en “coups tordus“, celui-là !), mais “Israël“, car tu as été fort et contre Dieu et contre les hommes ; et tu l’as emporté !“. Aussi Jacob nommera le lieu : “Penouël“ [“Penou“(face) ; “El“ (Dieu) ] , car, dit-il, “j’ai vu la face de Dieu“.
Pour voir la face de Dieu, pour voir Dieu, il y a obligatoirement un combat que St Paul décrit par ailleurs, de diverses façons, en prenant cette image, par exemple : Si l’homme extérieur en nous va vers sa ruine par divers échecs (et nous l’expérimentons tous les jours), l’homme intérieur en nous se renouvelle pour parvenir à voir Dieu, à voir la face de Dieu. C’est un combat en nous-mêmes !
Et ce premier combat en nous (comme Jacob avec son mystérieux personnage) conduit obligatoirement à un second combat : Jacob, après sa lutte nocturne devra affronter son frère Esaü dont il redoute (légitimement !) la rancune. Et il l’emportera non plus avec l’habileté malicieuse qui lui était naturelle (l’habileté de certains Corinthiens, orgueilleux - et nous sommes parfois des malicieux !), mais par un surcroît de bienveillance, d’amour : “J’ai affronté ta présence, dira Jacob à son frère Esaü, comme on affronte celle de Dieu ; et tu mas bien reçu !“. Autrement dit, il a été fort dans l’amour ; et il l’a emporté ! Notre Seigneur dira : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ; tu aimeras ton prochain !“
C’est le combat dans l’Amour, cet amour qui est folie aux yeux des hommes et qui, pourtant, est la force même de Dieu en nous. Aussi, Paul pourra dire : “J’ai combattu le beau combat“ (II Tm 4.12), “le beau combat de la foi“ (I Tm 6.12).
Oui, notre religion n’est pas une “religion d’évasion“. C’est une religion d’affrontement. Dieu nous attend toujours dans des situations, circonstances parfois impossibles, face à Dieu lui-même ou face à nos frères ! Mais si nous allons chercher la force là où elle se trouve - en Dieu -, tout est possible. Il ne faut surtout pas nous berner d’illusions (trop humaines : “sagesse humaine qui est folie devant Dieu“ !) ; il faut savoir que le disciple n’est pas plus grand que le Maître. On sait par avance que l’Eglise rejoint toujours le Christ en passant par où il est passé :
- Si la vie de Jésus fut un combat entre la Lumière et les ténèbres (comme au premier matin de la Création), combat qu’il a mené jusqu’au paroxysme de la croix,
- si la Résurrection vient sur le fond d’un Vendredi Saint …
........* qui a vu les ténèbres recouvrir toute la terre,
........* qui permettait de penser qu’il n’y avait plus rien à attendre
..............° ni apparemment de Dieu qui “a laissé faire“…
..............° ni des hommes qui ont “laissé faire“,
nous sommes cependant certains de la VICTOIRE (“Notre Dieu est un “Dieu de délivrance“, disent les psaumes qui décrivent si bien ce combat qui est nôtre !).

Oui, l’Eglise sait qu’elle rejoint son époux en passant par où il est passé. Aussi sommes-nous appelés à une vertu fondamentale : non pas la résignation, mais la patience qui nous aide à “tenir le coup“ en sachant que notre Dieu est un Dieu de délivrance et qu’il sortira de son silence comme le Christ est sorti de son tombeau au radieux matin de Pâques. Cette vertu, dans l’Apocalypse, c’est l’“upomonè“, la faculté de “tenir le coup“, de “tenir bon face aux manœuvres du diable“ (Eph. 6.11), comme Paul face aux manœuvres de certains Corinthiens.
“J’ai tenu bon !“, affirmera St Paul. Et il nous dit aujourd’hui : “Il faut que par la foi vous teniez solides et fermes (Col 1.18) pour mener le “beau combat de la foi“ avec Dieu lui-même et avec vos frères.

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