Pâques 2 Samedi (Ac
6,1-7 -Jn 6,16-21)
La mer, dans la Bible, évoque toujours le chaos primitif où Dieu a fait régner l’ordre et l’harmonie en dix paroles et en sept jours, déployant sur le cosmos tout entier les énergies victorieuses dont il fera sans cesse preuve par les délivrances opérées dans l’histoire au bénéfice du peuple élu.
La mer, dans la Bible, évoque toujours le chaos primitif où Dieu a fait régner l’ordre et l’harmonie en dix paroles et en sept jours, déployant sur le cosmos tout entier les énergies victorieuses dont il fera sans cesse preuve par les délivrances opérées dans l’histoire au bénéfice du peuple élu.
Le peuple hébreu n’est pas un peuple de marins - loin de
là ! - comme ses voisins phéniciens. Il n’y a pas de ports naturels au sud
du Carmel. (Césarée-Maritime a été construit
bien plus tard, par Hérode le Grand). Du haut des collines, ils
contemplent une côte sablonneuse et rectiligne et s’étonnent que Dieu réussisse
à contenir ce reste de chaos primitif, cette puissance maritime par une simple
ligne de sable.
“Moi,
dit Dieu par le prophète Jérémie (Jr 5,22), ne me craindrez-vous pas ? Ne
tremblerez-vous pas devant moi qui ai posé le sable pour limite à la mer,
barrière éternelle qu'elle ne franchira point. Ses flots s'agitent, mais sont
impuissants ; ils mugissent, mais
ne la franchissent pas !“
Je crois que c’est en évoquant
ce contexte biblique, qu’on rejoint le mieux la manière dont St Jean rapporte,
dans l’Evangile, la marche de Notre
Seigneur sur les eaux. Jésus, comme Dieu, domine le vent et les flots, et
calme la tempête comme le Créateur aux origines a mis de l’ordre dans le chaos
primitif. Il se révèle, là, comme le maître de la création. Si ses disciples se
confient à lui sans crainte, rien ne pourra leur nuire.
Il y a beaucoup de tempêtes,
parfois, dans nos vies ! Au milieu des diverses agressions - même d’ordre
spirituel - sachons reconnaître la venue du Seigneur : il vient, comme
Dieu au matin de la création, pour nous tirer du chaos et nous re-créer sans
cesse “à son image et ressemblance“ !
La lecture nous montre que l’unité
des cœurs, l’harmonie qui régnaient dans la communauté primitive de
Jérusalem, n’a pas tardé à être troublée par des dissensions. St Luc ne
les dissimule pas. Ces dissensions semblent être, au sein des croyants
d’origine juive, entre ceux qui parlent grec et ceux qui pratiquent la langue
hébraïque. Parmi les diacres que l’on ordonne pour remédier à la situation, un
seul, que Luc nomme, est païen,
originaire d’Antioche, converti au judaïsme : Nicolas. Il apparaît comme
une exception. Il n’y a pas encore de séparation entre les disciples de Jésus
et le judaïsme de l’époque.
Mais St Luc, par ce récit, nous fait déjà soupçonner
que les chrétiens de langue hébraïque ne vont pas jouer le rôle principal dans
l’expansion universaliste qu’il va raconter dans la suite du livre des Actes.
En bon écrivain, St Luc annonce que cette expansion fut d’abord comprise et
pratiquée par les Juifs convertis qui parlaient grec. Il veut souligner dans ce
texte l’importance qu’a joué le judaïsme alexandrin dans l’éclosion qui va se
produire, celle du peuple élu, aux dimensions universelles, comme l’avaient
prédit les prophètes.
“Et
maintenant le Seigneur a parlé, lui qui m'a modelé dès le sein de ma mère pour
être son serviteur, pour ramener vers lui Jacob, et qu'Israël lui soit réuni ; …Il
a dit : « C'est trop peu que tu sois pour moi un serviteur pour
relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d'Israël. Je
fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités
de la terre »“ (Is 49,5-6).
Si précieuse que soit la
Massore, le texte hébreu, minutieusement ponctué par les scribes de Tibériade
au 9ème siècle après J.C., il ne faut pas pour autant négliger la
tradition grecque des Septante qui fut fondée à Alexandrie, deux siècles avant
la naissance du christianisme. Elle peut renfermer des textes plus proches des
originaux et dont certaines modifications dénotent un progrès théologique vers
la plénitude des temps et en particulier vers cette expansion universaliste que
chante le vieillard Siméon dans le temple en recevant l’Enfant Jésus dans ses
bras.
“ Lumière
pour éclairer les nations et gloire d’Israël ton peuple“ !
La lecture d’aujourd’hui ne nous
parle que d’un accroissement du nombre des croyants à Jérusalem même.
“La
parole du Seigneur gagnait du terrain, le nombre des disciples augmentait
fortement à Jérusalem“ !
Ce
n’est qu’un début, en attendant la suite, si je puis dire !
Et
ce n’est jamais fini ! Prions à cette intention : le salut de Dieu
pour tout homme, pour le monde entier. Ce doit être une préoccupation constante
de notre prière.
St Luc note encore qu’une
grande foule de prêtres accueillaient la foi. Bien des commentateurs de la
lettre aux hébreux, pensent que cette lettre avait précisément comme premiers
destinataires ces prêtres convertis et que l’auteur, s’il est fortement
imprégné des pensées de St Paul, serait plutôt un juif d’Alexandrie, peut-être cet
Apollos dont il est parlé plus loin dans le livre des Actes des Apôtres.
“Un
Juif nommé Apollos, originaire d'Alexandrie, était arrivé à Éphèse. C'était un homme éloquent, versé dans les
Écritures. Il avait été instruit de la
Voie du Seigneur, et, dans la ferveur de son âme, il prêchait et enseignait
avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu'il connût le baptême de Jean seulement.
Il se mit donc à parler avec assurance dans la synagogue. Priscille et Aquilas, qui l'avaient entendu,
le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la Voie“. (Ac 18,24-26).
Retenons peut-être pour
aujourd’hui que, malgré les chaos de notre temps, les tempêtes de nos vies, le
Seigneur mène la barque de son Eglise vers une expansion qui ne sera rien moins
qu’une re-création : le “Royaume de Dieu“.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire