Pâques 2 -
Vendredi - (Jn
6.1sv)
Cela s'est passé sur la
montagne, de l'autre côté de la mer de Galilée, entre deux traversées. D’abord
la mer, puis la montagne ! Montagne et mer, un décor bien
connu dans la Bible !
Et sur la montagne il y avait de
l'herbe car “la Pâque était proche“.
La Pâque ! C'est l'évocation de la première Pâque avec Moïse. Traversée
de la Mer Rouge. Alliance avec Dieu sur la montagne ! C’est
la Pâque ! Toujours une traversée de la mort à la
vie ! Toujours une traversée, un
exode d’un peuple libéré que Dieu va nourrir de la Loi et de la manne,
va nourrir de paroles et de pain.
Et, dans l’évangile, Jésus est là comme un nouveau Moïse qui libère, lui aussi, par sa parole et par son pain.
Et d'un seul coup, ils sont cinq
mille. Ils sont la foule, la foule de l’humanité. Cinq mille qui sont là
avec leur faim de tout : leur faim de manger et de vivre, leur faim de vérité,
leur faim d'espoir, de justice et de paix. Ils sont la foule ! C’était
hier et c’est aujourd'hui, encore !
Jésus fait asseoir la foule, car
il va donner la nourriture de la Parole de Dieu. Il est venu pour cela, lui, le
Verbe de Dieu.
Mais il commence par se
préoccuper comme tout un chacun. Aussi demande-t-il à Philippe : "Où allons-nous acheter du pain pour tout ce monde-là ?".
Acheter, toujours acheter et vendre, c'est le monde d'aujourd'hui. Philippe
répond ce que tout le monde répond : le salaire de deux cents journées de
travail n'y suffirait pas ! ... Et c’est encore la réflexion de beaucoup.
Malheureusement ! Comment acheter du pain pour tout le monde ?
Cependant, dans l'Évangile, un enfant est là avec cinq pains et
deux poissons. Les jeunes, ce n'est pas seulement l’avenir, c'est aussi le
présent. Heureusement, les jeunes sont là !
Souvent rapides, ils devinent quand est-ce qu’il faut être là !
Jésus ne fait pas appel à l'argent, il fait appel aux jeunes, à leur
cœur ! Un appel pour tout de suite.
Mais il ne faut pas tout
attendre des jeunes ! Ils ne peuvent résoudre tous les problèmes, surtout pas
ceux que l'égoïsme des adultes leur laisse parfois en héritage.
Ainsi, dans l'Évangile, André,
le disciple de Jésus, un adulte, est ironique. Il ne fait pas confiance, il est
désabusé face à l’enfant : "Qu'est-ce
que cinq pains et deux poissons pour nourrir tout ce monde ?". André
ne sait pas que les jeunes sont généreux quand ils ne sont pas devenus vieux
avant l’âge (ce qui arrive
malheureusement !). L'enfant donne tout ce qu'il a : ses pains et
ses poissons. Il donne tout ! Avec grand cœur ! C'est avec le cœur de
ce jeune que Jésus va nourrir les foules. Il faut s’en rappeler !
Jésus dit : “Faites-les asseoir”. Arrêtez-vous ! Prenez le temps du
temps. Prenez le temps de respirer Dieu. Prenez le temps du cœur. Prenez le
temps d'aimer. Prenez le temps de la paix.
Alors, c'est l'abondance, et quelle abondance ! C'est
l'abondance de Dieu. C'est l'abondance de la justice de Dieu, de Dieu qui, par
sa pédagogie toujours délicate et patiente, ajuste tout, ajuste les choses pour
l’homme, ajuste l’homme à Dieu, peu à peu. C’est cela la justice de Dieu !
L’injustice vient toujours de l’homme qui refuse.
La justice de Dieu donne et
le pain de la terre et le pain du ciel ! Tout le monde, est-il dit,
mange enfin à sa faim. Les riches comme les pauvres, chacun selon sa faim. Comme
les Hébreux dans le désert : “Rien
de trop à qui avait plus et qui avait moins n’avait pas trop peu“ (Ex 16.16).
Et il y aura encore douze
corbeilles qui vont êtres remplies avec les pains qui restent. Douze corbeilles,
pour que rien ne soit perdu. Ce ne sont pas seulement les restes qu'il ne faut
pas laisser perdre. C'est surtout l'humanité de l'homme qu'il ne faut pas
perdre. Aucun homme, aucune femme, aucun enfant ne doivent être perdus. Rien de
ce qui est humain ne doit être perdu. Ne pas perdre la tendresse de Dieu
toujours à l’œuvre en l’homme.
Douze paniers de pain, douze
comme les tribus d'Israël. Douze comme les douze apôtres, douze comme le
nouveau Peuple de Dieu.
Mais l'Évangile ne dit pas ce
que les Apôtres ont fait de ces douze corbeilles de pain. L'Évangile ne le dit
pas, parce que c'est à chacun, à nous de répondre. Qu'allons-nous faire
de ces douze corbeilles de pain ? Qu'allons-nous faire de la tendresse de
Dieu ? De l'abondance de Dieu ? Et encore qu’allons-nous faire de
l’abondance de Dieu quand il nous rassemble pour partager son pain ?
St Paul, par exemple, a
accueilli cette abondance de Dieu. Il est l’un des premiers grands témoins de
la “fraction du pain”, première
expression pour désigner l’Eucharistie dont il rapporte l’institution.
Fraction, disait-il, et non pas multiplication, terme que St Jean n’emploie pas
non plus !
Oui. Il faut rompre le pain pour
que chacun en ait. Comme le gâteau de fête que l'on admire entier, mais qui
doit être coupé pour que tous goûtent à la même joie qu'il signifie.
Dans sa rupture en morceaux, le pain peut se donner à tous en signe efficace
d'unité. Car les morceaux de pain nourrissent un même corps, celui du
Christ.
La conséquence est claire. St
Paul ne cesse de dire : "Supportez-vous
les uns les autres avec amour". C’est l’abondance, l’amour de Dieu qui
unifie. Portez et aimez vos différences. Ne plus faire qu'un, c'est rester
plusieurs. Unité d'un seul Corps composé de plusieurs membres, mais tous
vivifiés par un seul Seigneur, le Christ, Dieu parmi les hommes.
L'Eucharistie est pain de vie et
d'unité.
Que faisons-nous de l’abondance de Dieu qui nous rassemble, qui doit
unir tous les hommes en un seul Corps ?
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