lundi 25 novembre 2019

Le Rois de nos vies !


Christ-Roi 19/C

Tout le drame de notre vie est contenu dans une question, une question du Christ à nous-mêmes, à chacun d’entre nous. Et, pour terminer l’année liturgique, l’Eglise nous ramène à cette seule question que le Christ, au suprême moment de sa vie terrestre, a posée par sa seule pré­sence du haut de la croix, à deux hommes. Or un seul a bien répondu : celui que l’on appelle le “bon larron”.

St Augustin, commentant cet page d’évangile, s’étonne de ce que le bon larron ait mieux compris la Bible que les experts, les docteurs de la Loi qui, eux aussi, se trouvaient au calvaire, mais qui se mo­quaient du Christ.
Et il prête à ce bon larron cette réponse : “Non, je n’avais pas étudié les Ecritures ; mais Jésus m’a regardé, et, dans son regard, j’ai tout compris”.

Pour nous aussi, pour chacun de nous, il s’agit non pas de s’imaginer le Christ à notre façon - façon souvent tout humaine - mais de rencontrer le regard du Christ, de rencontrer le Christ lui-même, sa personne. Et aujourd’hui, sachons tirer de l’évangile les conditions in­dispensables pour se préparer à cette rencontre qui sera toujours personnelle..
Nous pouvons en reconnaître trois :
∞ l’humilité : se reconnaître coupable : “Pour nous, c’est juste”, disait le bon larron !
  la foi : “Lui n’a rien fait de mal”. Il est le "Saint" par excellence !
  la prière :  "Jésus, souviens-toi”…, de moi !

La première condition, en effet, pour se préparer à la rencontre du Christ, est simple, immédiate, mais parfois difficile à réaliser, c’est admettre humblement la vérité de notre humble condition de pécheurs devant Dieu. 
Que dit, en effet, le bon larron ? “Pour nous, c’est juste”. C’est le même cri des humbles que nous ren­controns si souvent dans les évangiles :
  C’est Zachée qui, devant Jésus, se reconnaît voleur ;
  c’est la pécheresse qui pleure ses égarements ;
∞ c’est la Samaritaine qui avoue ses diverses situations de vie;
∞ c’est Pierre qui après sa trahison, dit à Jésus : “Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur”, et qui aurait pu dire lui aussi :  “dans son regard, j’ai tout compris”.

Et nous pouvons nous demander nous-mêmes : cette vérité-là, l’avons-nous admise ? C’est pourtant dans cette vérité qui souvent nous brûle et fait mal que seulement nous rencontrerons le Christ.

“Pour être sanctifié en vérité, écrit Bossuet, il faut voir la vérité de ses fautes”. Et, à propos de Notre Dame, il ajoute : “les mauvais anges étaient chastes, mais avec toute leur chasteté, parce qu’ils étaient superbes, Dieu les a repoussés jusqu’aux enfers. Il fallait donc que Marie fût humble autant que ces rebelles ont été superbes ; et c’est ce qui lui a fait dire : ‘Je suis la servante du Seigneur’. Il ne fallait rien moins pour la faire ‘Mère de Dieu’”…
“L’humilité suffit pour conduire à Dieu” (St Jean Chrysostome) ; car “l’humilité qui met les choses à l’échelle de Dieu est aussi l’échelle qui permet de monter à Dieu” (Mgr Ghika).

Si l’humilité fait la lumière, la vérité sur notre condition de pécheur, elle nous amène également à rece­voir la lumière, la vérité d’un Autre. C’est cela la foi ! (2ème condition).
Nous reconnaissant incapable d’accéder à la Vérité toute entière, nous sommes prêts cependant à la recevoir. “Pour croire, disait le Pape Paul VI, il faut un principe intérieur qui ne peut venir que de Dieu”, que du Christ en croix : “une fois élevé de terre, j’attirerai tout à moi”.

Mais, il faut bien préciser : la foi n’est pas un “saut dans l’absurde”. Si la foi est bien l’assentiment de notre intelligence (intelligence éclairée par l’Esprit Saint), elle ne doit pas se contenter de cette adhésion, mais méditer sur ce qu’elle perçoit de Dieu lui-même, s’en nourrir, s’en péné­trer de plus en plus, à l’imitation de Notre Dame qui, nous dit St Luc (par deux fois !), “méditait toutes ces choses dans son cœur”. Paul VI écrivait : “La foi risque de périr par asphyxie ou inanition, si elle n’est pas tous les jours alimentée et soutenue, entretenue”.

Si nos connaissances humaines doivent progresser sans cesse tout au long de notre vie, notre foi doit égale­ment progresser en s’approfondissant, en se structurant, en s’enracinant davantage en Dieu lui-même. Et cela par de simples actes de foi, certes ; mais aussi par la réflexion, l’information. Une foi qui cherche toujours à mieux appréhender, disait St Thomas d’Aquin, à mieux comprendre.
(Pour ma part, j'aime bien cette définition de la foi qu'a donnée un jour le pape Benoît XVI : La foi, c'est l'activité de l'intelligence sur-évaluée par la Charité ! Cette Charité qu'est Dieu lui-même !

Malheureusement, on en reste souvent à des notions rudimentaires, à quelques notions du catéchisme. Et alors, un déséquilibre se produit entre connaissances religieuses rudimentaires et connais­sances humaines qui se développent. Faute de mettre sans cesse notre regard dans celui du Christ, on ne compren­d plus rien. Le Christ ne peut plus régner en nous !

L’humilité, condition de la foi ! Prière également (3ème condition) : “Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme Roi!”  La prière, c’est déjà la rencontre de Dieu dans la foi. Prier, c’est veiller dans l’attente de sa venue, c’est avoir soif de la visite du Seigneur, c’est marcher à la rencontre de celui qui vient, qui ne cesse de venir : “Seigneur, souviens-toi de moi, disait le psalmiste, c’est ta face que je cherche”.

L’humilité est déjà comme une prière continuelle. Elle est sans cesse un appel au secours lancé vers Dieu. Elle ne nous permet pas de nous appuyer sur notre propre puissance ou sagesse, ou de nous estimer supé­rieurs aux autres, ce qui arrive dans cette terrible mala­die qu’est l’orgueil.

L’humilité et la prière sont inséparables. Elles sont indispensables pour rencontrer le Seigneur dans la foi, avant de le rencontrer face à face lorsqu’il remettra toute chose à son Père, lorsqu’il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Alors son règne n’aura pas de fin.

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