2e T.O. 19/B -
Quand
nous écoutons, dans l'évangile, des récits de miracles, il faut toujours se
demander ce qu'ils signifient pour nous ; car les miracles sont avant
tout des signes dont Dieu se sert pour nous dire quelque chose. St Jean
le dit lui-même : "Tel fut le
premier des SIGNES que Jésus accomplit". Qu'est-ce que Dieu nous dit à travers ce SIGNE
?
Ce
récit est un peu comme une parabole qui nous fait découvrir le sens profond du
mystère de Noël. Si St Jean ne raconte pas la naissance de Jésus (comme
Matthieu et Luc), c'est pour nous en révéler le sens à travers ce récit
des noces de Cana qu'il est seul à nous transmettre.
"IL
Y EUT UNE NOCE A CANA EN GALILEE".
Une
noce ! Cela peut paraître banal ! Il
n'en est rien, car, tout au long de la Bible, Dieu nous est précisément
présenté comme Celui qui fait ALLIANCE avec son peuple, qui s'est engagé
vis-à-vis de lui comme un homme s'engage par le mariage vis-à-vis de son épouse
(et réciproquement).
La
Bible est pleine de ces pages où Dieu se présente à Israël comme son époux
qui le chérit d'un amour jaloux : "Je
te fiancerai à moi dans la justice et le droit, dans la tendresse et l'amour…
dans la fidélité. Tu feras la joie de ton Dieu et ton Dieu sera ta gloire !".
(Osée
2/21)
- ".…Comme
la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton
Dieu". (Isaïe
1ère lecture) - Ainsi,
Dieu propose de partager sa propre vie, comme deux époux qui s'aiment et qui
mettent tout en commun.
Malheureusement,
Israël n'a pas été fidèle à son Dieu. Mais Dieu, lui, restera toujours
fidèle. St Paul l'affirmera explicitement
"Si nous sommes
infidèles, Dieu reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même" (2 Tim 2.13)..Aussi, par les prophètes, Dieu a-t-il
annoncé une nouvelle alliance avec l'humanité : "Des jours viendront où je conclurai avec vous une alliance
nouvelle. Elle sera différente de la première... Je serai votre Dieu, et vous
serez mon peuple!" (Jer. 31.33).
C'est
pourquoi Israël attendait le Messie, un peu comme une jeune fille attend son bien-aimé.
La Bible est pleine de cette attente, de ces appels vers Dieu : "Ah ! si tu déchirais les cieux, et si
tu descendais vers nous...!" (Is. 64.1)
Justement,
à Noël, Dieu a, en quelque sorte, déchiré les cieux ; les cieux se sont
ouverts, et Dieu est descendu vers l'humanité pour conclure avec elle la
nouvelle alliance, l'union définitive entre Dieu et les hommes.
LE
CHRISTIANISME, MYSTERE D'AMOUR
Le
petit enfant de la crèche de Bethléem, Jésus, est tout à la fois Dieu et
homme. Il est "le Fils unique de
Dieu, né du Père avant tous les siècles; il est Dieu, né de Dieu, Lumière née
de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu". Mais, en même temps, "par l'Esprit-Saint, il a pris chair de
la Vierge Marie et s'est fait homme". En lui sont donc unies parfaitement
et définitivement la divinité et l'humanité. En Lui, la nouvelle alliance est
scellée : par son amour gratuit qui ne se reprendra jamais, Dieu est venu
épouser notre nature humaine.
"Il y eut une noce à Cana... Et
la mère de Jésus y était !". Bien sur ! Puisque ces noces de
Cana symbolisent le mystère de Noël, la nouvelle alliance, les noces de Dieu
avec nous, il fallait bien que Marie soit là, comme elle était là à Noël.
LE
VIN, SYMBOLE DE L'AMOUR
Et
Marie dit à Jésus : "ls n'ont plus
de vin !". - Le vin symbolise l'amitié, l'amour, la joie. Jésus
change en vin l'eau destinée aux purifications juives. Pour Jean, la religion
juive avec ses rites, l'ancienne alliance a pris fin. C'est maintenant la
nouvelle Alliance, symbolisée par le vin, ce vin qui servira au repas du
Jeudi-Saint, celui de la nouvelle Alliance.
Si
la religion, en général, relie l'homme à Dieu, la religion chrétienne, c'est
vraiment l'alliance, le mariage d'amour qui relie Dieu à l'homme : Dieu
nous aime, nous appelle, et attend une réponse libre et aimante.
Comme
deux fiancés, le jour de leur mariage, se disent "OUI" l'un à
l'autre, "Oui" à l'amour, à la fidélité mutuelle, un "OUI"
rempli de tendresse et de joie, un "OUI" qu'ils se rediront ensuite
tout au long de leur vie, ainsi la vie chrétienne est un "OUI" à
l'amour de Dieu, un "OUI" à la fidélité, un "OUI" à
renouveler sans cesse jusqu'au bout.
Ce
"OUI", c'est la Vierge Marie qui l'a prononcé la première le
jour de l'Annonciation : "Je suis la
servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon sa volonté!" Ce "OUI", c'est à chacun de nous à
le redire, à la fois par nos paroles et par nos actes.
LE
VIN SYMBOLE DU SACRIFICE.
Si
le vin symbolise la joie, l'amour, il est aussi, dans le N.T., le symbole du
sacrifice. Le Jeudi Saint (chacune de nos Eucharisties le rappelle), le vin
du repas pascal devient sang de Jésus : "Ceci
est la coupe de mon sang, le sang de l'alliance nouvelle et éternelle, qui sera
versé pour la multitude".
Quand
la Bible nous parle de Dieu sous les images de la tendresse et du pardon, cela
ne veut pas dire qu'on peut en prendre "à son aise" avec Lui. Tous
les époux qui s'aiment le savent parfaitement : plus il y a d'amour et de
tendresse entr'eux, plus aussi il y a d'exigences ; plus on aime, plus on est porté
à tout donner, à tout sacrifier, pour celui ou celle qu'on aime.
Le
Christ le savait bien : "Il n'y a
pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime". (Jn 15.13). Il doit en être de même pour nous
vis-à-vis du Seigneur. Le Christ nous appelle à nous dépasser, à aller toujours
au-delà dans le don de nous-mêmes ; il sait encore mieux que nous de quoi nous
sommes capables. Dans sa tendresse pour nous, il nous veut grands, il nous veut
saints. Ses exigences ne sont pas celles d'un maître ou d'un tyran, mais celles
de l'amoureux qui veut pour sa bien-aimée un bonheur authentique, et non un
bonheur de pacotille.
LE
VIN SYMBOLE DE LA VIE PARTAGEE.
Vous
connaissez ce rite des jeunes mariés qui boivent le vin à la même coupe le jour
de leur mariage : ils veulent signifier ainsi qu'ils mettront tout en commun:
joies, soucis, enthousiasmes, souffrances.
Il
en est de même, il doit en être de même entre Dieu et nous. Dieu, en la
personne de son Fils, vient partager notre vie humaine dans sa totalité
: Jésus connaîtra nos joies, nos souffrances, nos limites, nos lassitudes ; il
connaîtra tout ce qui fait notre vie d'homme, tout sauf le péché (Jeb 4 .15). Mais
c'est pour nous appeler à partager, nous, sa propre vie divine ;
depuis notre baptême, c'est sa vie qui coule en nous ; chaque fois que nous
communions, c'est comme une nouvelle transfusion en nous de sa propre
vie divine. St Paul et St Jean l'appellent LA VIE ETERNELLE, mais ils
précisent bien : cette vie éternelle nous l'avons dès maintenant ; nous en
vivons dès maintenant; nous ne voyons
pas sa splendeur parce qu'elle est cachée avec le Christ en Dieu, "mais
quand le Christ paraîtra, alors, nous aussi, nous paraîtrons avec lui en pleine
gloire". (Col
3/4)
Si
Dieu nous a tant aimés au point de faire de nous ses partenaires et ses
confidents, alors, sachons lui répondre. Mettons-y toute notre ardeur, pour la
joie de notre Dieu : "Comme la jeune
mariée fait la joie de son mari, ainsi tu feras la joie de ton Dieu".(
(s 62.
1-5)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire