dimanche 6 janvier 2019

Croyants et incroyants


EPIPHANIE  88 / B

Il y a quelque chose de profondément mystérieux et même de dramatique dans ce récit de l'Epiphanie : les mages, des païens, arrivent à Jérusalem d'un pays lointain et, sans avoir jamais entendu parler du vrai Dieu, ils reconnaissent dans le petit enfant de Bethléem son envoyé, le Sauveur promis par Dieu.
Et au même moment, les responsables religieux de Jérusalem qui sont sur place, qui sont croyants, qui connaissent le vrai Dieu, restent parfaitement indifférents à la nouvelle de la naissance de Jésus : ils ne se dérangent même pas ; plus tard, ils rejetteront le Messie.
           
Ce récit est donc un peu comme une prophétie, comme une annonce de ce qui se passera par la suite : globalement, le peuple juif, le peuple croyant rejettera Jésus ; 
En revanche, ce sont des étrangers, des païens, qui se convertiront au Christ et qui constitueront par la suite le nouveau Peuple de Dieu.
           
Il y a là comme un mystère : le mystère de la foi et le mystère de l'incroyance;: ce sont les plus lointains qui découvrent Jésus, et ce sont les plus proches - disons les croyants traditionnels -, ceux qui semblaient les plus prêts à l'accueillir, qui finalement le rejettent.
           
Et cette situation ne doit-elle pas nous interroger ? Car ne sommes-nous pas, nous aussi, de ces croyants traditionnels : nous croyons en Dieu, mais accueillons-nous véritablement Jésus et son message ?
           
Dans ce récit de l'Evangile, une première chose est frappante, me semble-t-il: les Mages, tout païens qu'ils sont, sont en recherche du vrai Dieu qu'ils ignorent. Les croyants de Jérusalem, eux, s'imaginent le posséder, le connaître une fois pour toutes: ils sont satisfaits, contents d'eux-mêmes, sûrs de leurs certitudes, sûrs de leur savoir religieux. On leur demande où doit naître le Sauveur; ils ont immédiatement la réponse ; ils estiment ne rien avoir à apprendre des autres…, ni même du Saint-Esprit.
           
Et pourtant, la Bible ne leur dit-elle pas sans cesse : "Cherchez le Seigneur, recherchez toujours sa face!… Cherchez le Seigneur et vous vivrez!… Recherchez le Seigneur, il se laisse trouver!" (Ps 68 - Is 55/6).
           
Les Mages, eux, ont faim et soif de  Dieu ; ils cherchent à le découvrir: "J'ai soif de Dieu, du Dieu vivant! Quand pourrais-je découvrir sa face?"
           
Pour trouver quelque chose ou quelqu'un, il faut le chercher. Si je ne cherche pas, je passerai à côté sans le voir. Ce jeune homme qui a remarqué une jeune fille, va-t-il attendre passivement qu'elle vienne vers lui ? Au contraire, il cherchera à la rencontrer à nouveau, à faire sa connaissance et à la fréquenter. C'est ainsi que s'établit toute relation.
           
Pour trouver Dieu, pour découvrir le Christ, il faut chercher. Les autorités juives de Jérusalem s'imaginaient avoir trouvé Dieu parce qu'elles connaissaient leur doctrine religieuse. Mais Dieu n'est pas une doctrine ; Dieu n'est pas une idéologie. Dieu est quelqu'un ; et on n'a jamais fini de le connaître. Comme dit St Paul, ici-bas, nous ne le connaissons que d'une manière confuse, comme à travers un mauvais miroir. D'ailleurs, même entre nous, qui nous connaît parfaitement? Personne. A plus forte raison pour Dieu!

Une deuxième chose est frappante à propos des Mages : ils avaient certainement leurs croyances personnelles, leur manière de penser, leur mentalité. Or, ils n'hésitent pas à "se remettre en question", comme on dit, pour aller à la recherche du vrai Dieu. Ils quittent leur pays, ils quittent leur famille, ils partent pour un long voyage qui les mènera ils ne savent où. Ils ne sont pas prisonniers de leurs idées personnelles ; ils sont conscients d'avoir bien des choses à découvrir. Alors, ils sont prêts, ils sont ouverts à la lumière.
           
Les croyants de Jérusalem, au contraire, sont prisonniers de leurs certitudes ; ils sont fermés à tout ce qui leur viendrait de l'extérieur, ils prétendent tout savoir ; ils se prennent pour Dieu.
           
Pour découvrir le vrai Dieu, pour découvrir Jésus-Christ, il nous faut un peu d'humilité, être convaincus que la vérité nous dépasse, que Dieu nous dépasse, et Jésus-Christ aussi. Personne ne détient toute la vérité, nul n'en est propriétaire; ceux qui croit en avoir découvert quelques lueurs, qu'ils continuent donc à chercher humblement avec les autres, avec tous ceux qui, eux aussi, croient en avoir découvert quelque chose.
           
Le vrai Dieu est surprenant. Il ne correspond pas toujours à nos idées toutes faites.
Le message de Jésus, de même, ne répond pas toujours à ce que nous attendrions, quand il parle par exemple des pécheurs et des prostituées qui parviendront avant les autres dans le Royaume.
Et l'Esprit de Dieu bouscule souvent également les "bons principes" qui sont les nôtres.
           
La découverte du vrai Dieu, la rencontre de Jésus-Christ, c'est le début d'une aventure jamais terminée, une aventure qui mène on ne sait où. Mais comme les Mages, il ne faut pas avoir peur, pour s'y lancer, de quitter nos certitudes un peu trop confortables.

Mais il y a surtout une troisième chose nécessaire pour découvrir Jésus-Christ; une troisième chose toute simple, mais c'est la plus difficile. Il faut faire comme les premiers apôtres de Jésus : se mettre à son écoute, le contempler et commencer à le suivre sans attendre d'avoir parfaitement découvert qui il est.
           
Oui, c'est ce qu'ont fait les premiers apôtres: ils ont suivi Jésus, ils se sont attachés à Lui; ils sont devenus ses disciples; et c'est longtemps après qu'ils ont vraiment découvert que cet homme Jésus, c'était le Messie, l'Envoyé de Dieu, et même le Fils de Dieu.
           
Jésus disait un jour: «Celui qui fait la vérité vient à la lumière».
Cela veut dire: Pour trouver la pleine lumière, pour découvrir qui est Jésus-Christ, commence donc par le suivre dans ses solidarités avec les petits, les pauvres, tous ceux qui souffrent et tous ceux qu'on rejette !
           
Pour découvrir peu à peu qui est Dieu, commence donc par suivre Jésus-Christ dans sa prière à Dieu son Père, en priant toi-même avec Lui et comme Lui dans le secret de ton cœur, et tu viendras à la lumière !
           
Pour découvrir ce qu'est l'Eglise, commence donc par rejoindre quelques chrétiens pour créer avec eux une communion agissante de foi et d'amour; et tu parviendras à la lumière!
           
Oui pour découvrir ce que c'est que d'être chrétien, il faut commencer par suivre Jésus-Christ en essayant de vivre comme Lui.
           
La lumière de Dieu, la lumière de Jésus… n'est pas au bout de discussions ou d'idées savantes ; elle vient dans la foulée de l'amour et de la vie ; elle jaillit de ce que l'on fait, des engagements que l'on prend, et de la manière dont on aime, à la suite de Jésus-Christ!

Aujourd'hui, c'est la fête des Mages, c'est la fête de tous ceux qui cherchent Dieu et qui se mettent en route à la découverte de Jésus-Christ!
           
Demandons au Seigneur de creuser en nous cette soif de Dieu qui stimulera notre recherche.
           
Prions surtout pour nos frères incroyants qui, comme les Mages, sont attirés par Jésus et cherchent à le connaître.

Prions pour les Jeunes qui nous entourent. Comment pourront-ils découvrir et rencontrer la vraie lumière, Jésus et son message ? N'avons-nous pas, là, une responsabilité ?

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